Un procès hors norme en tout point et pour les avocats des parties civiles, un moment très particulier ce mercredi 8 septembre dans le Palais de Justice à Paris. Tous sont venus porter la voix des victimes et des familles meurtries par les attentats du 13 novembre 2015 dans la capitale et à Saint-Denis.
À l'arrivée dans l'ancien tribunal de l'île de la Cité, spécialement réquisitionné pour le procès, Maître Josserand-Schmidt a vu se confirmer les impressions qu'elle attendait. "Beaucoup d'étonnement, de tension, d'appréhension, une forme d'excitation aussi", raconte l'avocate qui représentera 28 victimes et leurs familles, dont celle du Guadeloupéen Jean-Jacques Kirchheim. "C'est inhabituel évidemment pour nous. C'est un procès hors norme et cela se confirme, ne serait-ce que les quelques minutes qui précèdent le procès, l'affluence des journalistes, des avocats et des victimes qui arrivent au Palais."
Dire au monde ce qu'est le terrorisme
Dans la tête de l'avocate, une seule volonté à quelques minutes de l'ouverture du procès des vingt accusés : la volonté de "porter la souffrance des victimes dans cette cour de justice" et celle des familles, avec qui elle confie avoir tissé en six ans des "liens d'amitié".
Ces souffrances on va les dire, on va les montrer pour dire à la Cour et dire au monde ce qu'est le terrorisme, ce que sont les conséquences du terrorisme. Le terrorisme brise des vies, arrache des chairs, brise des carrières, des familles, des destins. C'est ce qu'on va faire entendre en tant qu'avocat de partie civile.
Jean-Jacques Kirchheim est mort au Bataclan le 13 novembre 2015, où il était venu assister au concert du groupe Eagles of Death Metal avec sa compagne, Faustine Dréan. Blessée, elle a pu en réchapper et sera présente au procès en tant que partie civile, comme "victime directe endeuillée". "Depuis plus de cinq ans, le deuil a pris le pas et ce procès, j'y vais surtout pour lui, pour qu'il soit représenté, témoigner, parler de lui, dire son nom", a-t-elle confié à Outre-mer la 1ère.