Avenir de la Nouvelle-Calédonie : aux Rencontres de Saint-Denis, la gauche appelle le gouvernement à prendre son temps

Fabien Roussel, chef du Parti communiste, s'adresse à la presse à l'issue des rencontres de Saint-Denis organisées par Emmanuel Macron, le 17 novembre 2023.
Vendredi, le président de la République a évoqué l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie avec les chefs des partis politiques représentés au Parlement (sauf La France insoumise, le Parti socialiste et Les Républicains). Alors que l'évolution du statut du territoire doit faire l'objet d'une réforme constitutionnelle, le PCF et les Écologistes demandent au gouvernement de laisser le temps aux Calédoniens pour trouver un accord.

On avait l'habitude d'entendre l'État, par la voix d'Emmanuel Macron, d'Elisabeth Borne et de Gérald Darmanin, et les responsables politiques calédoniens sur l'épineux dossier de l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. Mais rares étaient les représentants des forces politiques nationales à donner leur avis sur le sujet. Pourtant, l'avenir du Caillou doit passer par une modification de la Constitution. Députés et sénateurs auront donc leur mot à dire.

Vendredi 17 novembre, les participants aux deuxièmes Rencontres de Saint-Denis, lancées par Emmanuel Macron, se sont donc penchés sur le cas calédonien, qui "a fait l'objet de grandes discussions", a indiqué à la presse Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste.

À la maison d’éducation de la Légion d’honneur de Saint-Denis, où avait lieu la rencontre, Emmanuel Macron a reçu les chefs de l'ensemble des partis politiques représentés au Parlement (sauf ceux de La France insoumise, du Parti socialiste et des Républicains, qui ont préféré boycotter la réunion). Étaient également présents la Première ministre, Elisabeth Borne, et les présidents et présidente de l'Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique, social et environnemental.

Pas de réforme constitutionnelle sans accord

"Il n'y a pas beaucoup de certitudes sur le dossier [calédonien]", a résumé Marine Tondelier, la cheffe des Écologistes, en sortant de la réunion. Alors que le troisième référendum sur l'autodétermination du territoire de décembre 2022 a acté la fin des Accords de Nouméa, les acteurs politiques locaux – indépendantistes et non-indépendantistes – ont entamé des discussions bilatérales avec l'État sur le futur statut à accorder à la Nouvelle-Calédonie. 

En Seine-Saint-Denis, les têtes des Écologistes et du PCF, proches des indépendantistes kanak, ont appelé le chef de l'État à "laisser du temps au temps", pour permettre aux Calédoniens de s'accorder sur un projet commun. "Les choses ne pourront pas avancer par une réforme constitutionnelle tant qu'il n'y a pas un accord au niveau local", a précisé Marine Tondelier. Son collègue Fabien Roussel a assuré que "tout le monde est soucieux à ce qu'il y ait un accord des élus locaux, et très large".

Pour ma part, j'ai tenu véritablement à ce qu'il n'y ait pas de fractures, à ce qu[']on puisse mettre en pause le processus pour rassembler l'ensemble de la population.

Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français

Revoir le calendrier

En sous-texte, les représentants de l'opposition appellent l'exécutif à revoir son calendrier. Emmanuel Macron souhaitait un accord d'ici à la fin de l'année, afin de consulter la population calédonienne et présenter la réforme constitutionnelle au Parlement en début d'année 2024. Des élections provinciales doivent se tenir dans le courant de cette même année.

Le président se résignera-t-il à laisser plus de temps aux indépendantistes et non-indépendantistes pour trouver un accord ? Également convié aux Rencontres de Saint-Denis, le représentant du parti présidentiel Renaissance, Stéphane Séjourné, a expliqué vendredi soir qu'"il faut laisser les concertations se faire".

D'après lui, Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, et Gérard Larcher, le président du Sénat, devraient prochainement réunir les groupes de contact consacrés à la Nouvelle-Calédonie dans leurs chambres respectives pour que les parlementaires discutent, eux aussi, du calendrier.

Jordan Bardella, président du Rassemblement national, est resté ferme sur la position de son parti, rappelant que "la Nouvelle-Calédonie fait partie de la France" et que le sujet sur le futur statut du territoire "est à manier avec une grande prudence".

Les trilatérales entre l'État, les indépendantistes et les non-indépendantistes n'ont pas formellement commencé, même si les deux camps avaient été réunis à Paris par la Première ministre au mois de septembre. Depuis, le dossier patine. L'Union calédonienne, principale composante du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS, mouvement indépendantiste), a décidé de suspendre les discussions avec l'État, rejetant entièrement le document de travail présenté par Gérald Darmanin, censé être une base pour les négociations. Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer doit se rendre en Nouvelle-Calédonie à la fin du mois de novembre pour faire avancer le dossier.