Avenir de la Nouvelle-Calédonie: ce qu'il faut retenir du quatrième jour de discussions à Paris

Quatrième et avant-dernier jour de la séquence parisienne sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie.

Avant des débats très attendus mardi sur la date du troisième référendum, les acteurs politiques de Nouvelle-Calédonie ont poursuivi les échanges lundi autour des implications du Oui et du Non à l'indépendance aux ministères des Outre-mer, des Affaires Étrangères et à l'Assemblée nationale.

Après la parenthèse de la fin de semaine, les différentes délégations calédoniennes se sont retrouvées lundi matin au ministère des Outre-mer, afin de poursuivre, en présence de Sébastien Lecornu, les débats autour du document de 44 pages rédigé par l'État sur les implications du Oui et Non au troisième référendum d'autodétermination. "Il y a encore pas mal de commandes qui ont été passées ce matin", a déclaré le ministre à la mi-journée, à l'issue de cette réunion, synthèse des discussions entamées mercredi 26 mai. 

Il s'agit de remarques d'ordre "comptable, juridique, financier, géopolitique… Tous les aspects internationaux, nationaux, locaux", a indiqué Nicolas Metzdorf (Générations NC) quelques instants plus tard. Ces remarques donneront lieu mardi à des précisions des services de l'État. 

Implication du Oui et du Non : "dernier tour de piste"

"On n'avait jamais vu ça jusque-là. Le ministre des Outre-mer a mobilisé, je crois, toute l'administration de la République, des différents ministères, que ce soit de l'Économie, de la Justice, des Armées, des Affaires Étrangères, pour produire un maximum de choses sur les conséquences du Oui et du Non. C'est un travail qui est original, qui n'a jamais été poussé aussi loin." Le membre du groupe loyaliste se dit "satisfait" des échanges à ce stade, en attendant les discussions autour de la date du référendum, sujet qui divise les différentes factions loyalistes et indépendantistes.

Si les loyalistes affichent leur satisfaction de ce "tour de piste du document de l'État", Virginie Ruffenach (L'Avenir en Confiance) a tout de même rappelé un point capital de divergence entre les différentes délégations, le corps électoral : "On ne peut pas en rester à ce à quoi nous sommes aujourd'hui avec une restriction massive qui exclut plus de 40 000 personnes du corps électoral citoyen". La présidente du groupe L'Avenir en Confiance au Congrès de Nouvelle-Calédonie s'est également désolée que ces réunions multilatérales se soient éloignées du cœur du sujet, selon elle, c'est-à-dire des "conséquences directes de l'accession à la pleine souveraineté" en abordant "d'éventuels partenariats potentiels" en cas de vote en faveur de l'indépendance. Une remarque qui, selon elle, a été "bien entendue" par le ministre des Outre-mer.

L'Eveil Océanien ne partage pas cette position. "Toutes les implications sur le Oui et le Non, c'est important. Mais avant de monter la troisième partie de l'échelle il y a la première strate", a indiqué Vaimu'a Muliava évoquant le déficit des "comptes publics et la crise économique sans précédent" en Nouvelle-Calédonie. "On fait un travail pour demain, mais il y a aussi ce qui se passe aujourd'hui, et l'État doit aussi se saisir de ces sujets-là", a dit l'ancien membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Son parti a également mis sur la table aujourd'hui le programme "Cadres Avenir", né de l'Accord de Nouméa. "On a quand même eu pendant 30 ans un programme qui a formé des gens qui demandent aujourd'hui à rentrer en Nouvelle-Calédonie et qui ont du mal à rentrer, s'est-il inquiété. Qu'il y ait ou non l'indépendance, que va devenir le programme?"

Diplomatie et rendez-vous bilatéraux

A 11h, des représentants des délégations loyalistes et indépendantistes se sont rendus au Quai d'Orsay pour rencontrer Jean-Yves le Drian, le ministre des Affaires Étrangères. Outre le volet onusien, les implications du Oui comme du Non, sur le plan international ont été abordées lors de ce rendez-vous d'une heure, ajouté tardivement à l'agenda. Vendredi soir déjà, certains des politiques du Caillou s'étaient entretenus avec le chef d'état-major des armées, le général François Lecointre, afin d'aborder la place des forces militaires françaises dans le Pacifique, ainsi que les implications stratégiques du positionnement français dans l'axe indo-pacifique.

Ce lundi après-midi était consacré à des entretiens bilatéraux entre le ministère et les différentes parties qui le souhaitaient, sans qu'aucun rendez-vous précis n'ait été fixé à l'agenda. Lundi soir, les délégations ont pris la direction de l'Assemblée nationale, à l'invitation de Richard Ferrand, pour une rencontre avec les parlementaires

A suivre : conclusions, calendrier de fin d'Accord et date du 3e référendum

La journée de mardi sera dédiée notamment aux conclusions de cette séquence parisienne sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. "Je réunirai plus longuement l'ensemble des partenaires pour discuter du calendrier de la fin de l'Accord [de Nouméa] et donc aussi évidemment, le cas échéant, du calendrier référendaire", a également annoncé Sébastien Lecornu. Virginie Ruffenach s'est, de nouveau, dite déterminée à ce que la dernière consultation dans le cadre de l'Accord de Nouméa soit "organisée le plus rapidement possible", donc potentiellement dès la fin de l'année 2021, afin de "dégager l'horizon des Calédoniens le plus rapidement possible". Côté indépendantiste, on souhaite aller jusqu'au bout de l'Accord de Nouméa et organiser ce troisième et dernier référendum à l'automne 2022. 

Le document de 44 pages, rédigé par l'État et remis aux différentes factions calédoniennes en vue de cette séquence parisienne, sera retravaillé, des éléments évoqués aux cours des discussions y seront intégrés, précisent les équipes du ministère. Le document remanié sera rendu public d'ici quelques semaines.