Les partisans et opposants de l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, dont le futur statut fait l'objet de discussions avec le gouvernement, vont être invités à venir à Paris mi-avril par la Première ministre Elisabeth Borne, a indiqué lundi Gérald Darmanin après sa visite sur le territoire. Les mouvements indépendantistes, dont le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), "ont confirmé qu'ils accepteront l'invitation que leur formulera la Première ministre (Elisabeth Borne) de venir mi-avril à Paris pour une dizaine de jours", a annoncé le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer. "Nous inviterons en même temps les partis non-indépendantistes", a-t-il ajouté.
Fin octobre, Matignon avait organisé à Paris une "convention des partenaires" pour lancer les discussions sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, mais elle avait été boudée par les indépendantistes. Ceux-ci, qui ont boycotté le troisième référendum d'autodétermination de décembre 2021 en raison de la crise du Covid-19, contestent la légitimité du scrutin remporté à 96,5% par les partisans de la France.
"Il faudra bien qu'indépendantistes et non-indépendantistes se rencontrent dans un format officiel. Il faut donner du temps au temps mais ce qui est sûr, c'est que nous avons beaucoup de sujets à explorer ensemble", souligne M. Darmanin. Le ministre appelle loyalistes et indépendantistes "à faire les compromis nécessaires". "Sans cela, ça sera le retour de la violence, ce que personne ne veut", a-t-il ajouté.
Visite présidentielle cet été
Lors de sa visite de trois jours sur le Caillou, le ministre a clairement rappelé la position de l'État en faveur du maintien de la souveraineté française du territoire du Pacifique. "On doit sortir de l'incertitude, garder la Nouvelle-Calédonie dans la France puisque ça a été décidé comme ça par les Calédoniens", a indiqué M. Darmanin dans un entretien accordé dimanche soir à Nouvelle-Calédonie 1ère.
Sur le sujet, extrêmement sensible en Nouvelle-Calédonie, du corps électoral, le ministre a répété pendant sa visite qu'il souhaitait que les élections provinciales prévues en mai 2024 se tiennent avec un corps électoral modifié. "On ne peut pas fonctionner avec un corps électoral resté bloqué en 1998", a-t-il plaidé. L'accord de Nouméa signé en 1998 stipule que seuls les natifs et les résidents qui peuvent prouver dix ans de résidence à cette date peuvent voter aux élections provinciales. Les loyalistes réclament de longue date l'ouverture du corps électoral, mais les indépendantistes y sont farouchement opposés.
Cheffe de file des loyalistes, la secrétaire d'Etat Sonia Backès a jugé que "sur ce sujet brûlant, comme sur celui du droit à l'autodétermination et du nickel [la Nouvelle-Calédonie dispose de près d'un quart des réserves mondiales de ce minerai], on peut avancer vite pour trouver un accord". Après les discussions annoncées pour la mi-avril, M. Darmanin doit retourner en Nouvelle-Calédonie en mai et le président Emmanuel Macron doit lui emboîter le pas en juillet-août en vue d'arriver à un accord en septembre, afin d'intégrer le dossier calédonien à la réforme constitutionnelle que l'exécutif veut présenter début 2024. Les indépendantistes n'ont pas souhaité réagir pour le moment.