Avignon: les objets plus-que-vivants d’un théâtre de La Réunion

Tous les deux ans, le théâtre des Alberts quitte son île de La Réunion pour le festival d’Avignon, avec ses marionnettes et ses objets minuscules.
 
Le festival d'Avignon représente un enjeu très important pour le théâtre des Alberts. Ils s'agit en effet de faire connaître sa dernière production pour qu’elle soit programmée dans l’année à venir. Cette année, la compagnie a décidé de détourner les contes de Perrault pour les traiter à sa manière. Ce spectacle intitulé "Contes à la Perrault" a déjà été joué 32 fois à La Réunion, à Mayotte et à Madagascar. Sept contes célèbres détournés, inversés, modernisés, en un mot… torturés. Le résultat est inventif et poétique.
©la1ere
 

Avignon et Les Alberts, une belle histoire

Chaque rencontre au festival d’Avignon avec le Théâtre des Alberts donne lieu pour le public à une belle rencontre. En 2017 par exemple, on se souvient de "Planète", théâtre de manipulation que nous avions trouvé "beau, poétique et surprenant" à se demander qui tirait les ficelles…

Cette année, l’équipage de Vincent Legrand, le fondateur et directeur artistique est venu avec d’autres comédiens, Marjorie Currenti et Sébastien Deroi, dont la gentille complicité est évidente. Nous les avons rencontrés à la première représentation tout juste débarqués de l’océan Indien, installation déballée de frais.
 

Grinçant, ironique et surprenant

Le public peu nombreux pour cette première a apprécié même si l’échange avec les deux comédiens n’était pas manifeste. Et ce silence pendant le spectacle ne les aidait pas tant leur jeu est basé sur un échange constant avec le public, comme on peut l’imaginer lors d’une veillée de contes.

Le propre des contes universels de Perrault et Grimm, de Blanche Neige à Barbe bleue, du Petit Poucet à Peau d’Âne, permet de multiples variations. Pour chacun il existe des versions différentes. Celles du théâtre des Alberts vont s’ajouter à la panoplie mais sur un registre tantôt grinçant tantôt ironique, toujours surprenant et plein d’humour. Leur créativité est sans limite.
 

Théâtre d’objet et course-poursuite

La course-poursuite entre Le loup et le Petit Chaperon rouge restera dans les annales du théâtre d’objet, c’est sûr. Le spectacle se focalise sur ce moment du conte où le loup choisit un chemin - le plus court - et le Chaperon rouge va batifoler. Et bien sûr le loup arrivera le premier chez Mère-Grand pour la dévorer… Mais pour Les Alberts c’est surtout l’occasion d’inventer une autre façon de raconter - par les objets - l’histoire.

Dans la pièce des Alberts, comme on le voit dans notre reportage filmé, deux chaussures font la course mais la course est plus qu’une course. Elle est l’occasion de ralentis, même dans la parole des comédiens qui manipulent les chaussures, de télescopages, de chocs, et finalement… Finalement… Mais ne spolions pas la pièce, car vous irez la voir.
 

Création, économie et transmission, Les trois enjeux du théâtre d’objets

 

On aime pas faire deux fois la même chose et nous devons nous renouveler. Nous avions besoin de fantaisie, nous sommes allés la chercher. Les contes véhiculent une certaine morale ancienne qui est en train de bouger. Dans les contes, la femme est souvent malmenée, c’est le rendez-vous des horreurs. Nous lui avons donné toute sa place.
Vincent Legrand, directeur artistique


  #5 personnes ont fait le déplacement à Avignon
  # 32 représentations de « Contes à la Perrault » avant Avignon
  # 40% des spectacles en dehors du département (2015-2017)
  # 95 : nombre de représentations pendant l’année 2018
  # 70 000€ environ : budget pour le festival]


Déjà inscrit dans un projet "La belle marionnette", le Théâtre des Alberts souhaite poursuivre la transmission de l’art de la marionnette, des objets manipulés, du théâtre d’ombre : "L’un des enjeux de notre métier enjeu est de former de nouveaux marionnettistes à La Réunion", conclut Vincent Legrand,