#1 Au rythme de Bambo-est
Baco a grandi à Bambo-est, un village de la commune de Bandrélé au sud-est de Mayotte. Son père était mahorais et sa mère malgache. Son père fabriquait des cordes pour attacher les zébus qu’il allait vendre à Madagascar ou en Tanzanie. Il rêvait que son fils devienne instituteur et petit, Baco faisait tout pour combler les désirs de son père en étudiant bien à l’école. Mais très tôt, la musique l’a happé. Il faut dire que son prénom Mourchid signifie "chanteur annonceur", précise-t-il dans #MaParole. A peine âgé de 6 ans, il suivait à la trace un joueur de Gaboussy dénommé Rab dans l’espoir qu’il lui transmette son savoir. Ça s’est fait tout naturellement et progressivement. Baco, enfant, s’est mis à jouer de la guitare traditionnelle malgache lors des cérémonies et des fêtes qui rythmaient la vie du village.
#2 De la prison en Tanzanie au métro parisien
Baco s’est ensuite trouvé un autre maître en la personne de Bob Marley. La découverte du musicien jamaïcain a bouleversé sa vie. Ça s'est passé à Mamoudzou chez le disquaire en sortant du collège. Un autre événement a chamboulé son existence : la mort de son père à l’âge de 12 ans. A la suite de ce décès, Baco a pris la décision de vendre son zébu, son seul héritage, pour quitter Mayotte. Direction la Grande Comore. A Moroni, il avait imaginé poursuivre ses études au collège, mais comme il ne connaissait personne, il n’a jamais pu s’inscrire.
Au début, il a même dû dormir à la mosquée de Moroni. Un jour, le gardien de la mosquée est venu lui parler et l’a invité à dormir chez lui. Baco a alors rencontré d’autres musiciens. Et grâce aux soirées dans lesquelles il jouait du Bob Marley, il a pu subvenir en partie à ses besoins, même si trop souvent il avait "faim". Dans le groupe, il y avait un certain Claude, un métropolitain qui lui racontait qu’il allait quitter Moroni pour la Tanzanie et que de là, il rentrerait en France en moto. Baco a voulu faire la même chose, mais à pied.
Arrivé en Tanzanie, l'adolescent a été arrêté par les douaniers et envoyé en prison. Baco avait heureusement conservé sa guitare. C’est ainsi qu’un gardien, fan comme lui de Bob Marley, s’est pris d’amitié pour le jeune mahorais. A tel point qu’il l’a invité chez lui à manger et l’a fait libérer. Baco a alors dû revenir à Mayotte puis il a décidé de partir en direction de la France hexagonale. Arrivé à Paris, Baco a continué à faire de la musique. Et pour salle de concert, il a choisi le métro. Une excellente école, se dit-il aujourd’hui avec du recul.
#3 Retour aux sources
Dans le métro, Baco a rencontré d’autres musiciens et noué plein de relations. Il est même parti en tournée en Suisse grâce à un producteur rencontré dans les couloirs du métro. Il a aussi sympathisé avec un inspecteur de police. Pendant toute cette période, Baco n’a jamais coupé les liens avec Mayotte. Il a toujours continué à chanter dans ses deux langues natales : le malgache et le shimaoré.
A partir des années 90, Baco a créé un groupe du nom de Hiriz, le talisman à Mayotte qui protège des mauvais esprits. Avec ce groupe, il a sorti un album magique intitulé Kinky station en 2010. A Mayotte, Baco est considéré comme un pionnier. Il est le premier Mahorais à avoir quitté son île pour faire connaître sa musique et sa culture. Il a ouvert la voie à d’autres artistes tels que M’Toro Chamou. Baco, lui, ne se considère pas du tout comme un pionnier. D’autres musiciens avaient déjà ouvert la voie, selon lui.
Après cette période parisienne, Baco a eu envie de renouer avec l’océan Indien. En 1996, il a choisi de poser ses valises une année à La Réunion où il a eu le temps de créer un festival. Baco a suivi de près la départementalisation de Mayotte qu’il n’approuve pas du tout, au risque de se faire des ennemis. Il s’en explique dans #MaParole. Jamais loin des ancêtres, Baco a choisi de mettre encore une fois en valeur sa culture méconnue dans un triple album intitulé Rocking my root. Fondateur du R’n'G, il revendique l’énergie des R : Rock, Rap, Reggae. Le lien entre les ancêtres est ininterrompu, précise-t-il. Toutes ces musiques viennent d’Afrique. "L’Afrique, c’est notre mère, si on ne la respecte pas, on va dans le mur", dit-il.
A la prise de son : Anatole Debeaumont
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♦♦ Baco en 5 dates ♦♦♦
►1er janvier 1966
Naissance à Bandrélé
►1979
Découverte de Bob Marley
►Janvier 1981
Voyage à Moroni
►1987-1992
Années dans le métro parisien
►Juin 2020
Sortie du triple album Rocking my root