C'est une page d'histoire oubliée, que bien des Martiniquais eux-mêmes ignorent, que la Martinique commémore lundi 29 juin: la mutinerie du camp de Balata, qui marqua en 1943 le basculement de la Martinique dans la France Libre de de Gaulle.
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En juin 1943, après des années sous le joug de l'autoritaire amiral Georges Robert, gouverneur aux ordres de Vichy, la Martinique clame de plus en plus fort ses ambitions de libération. Après l'appel du général de Gaulle, un Comité de Libération Nationale se crée, une grande manifestation pacifique et interdite a lieu le 24 juin dans les rues de Fort-de-France, aux cris de "vive de Gaulle". L'amiral Robert fait arrêter les meneurs.
Parmi les combattants de la liberté, Jeanne Catayée, alors âgée de 20 ans. Dans le documentaire "Antilles, la guerre oubliée" diffusé sur France Ô le 18 juin dernier, la Martiniquaise qui a désormais 99 ans raconte avoir dit à son père, "Papa, on ne peut pas laisser l'Allemagne manger la France comme ça". Elle confie : "La France est notre pays. Nous étions Français et nous aimions la France".
Jeanne rejoint alors, avec beaucoup d'autres, le BA 5 (Bataillon des Antilles 5), toujours sous les ordres du commandant Tourtet, qui va poursuivre sa mission de libération jusque sur le front en Europe, en participant au débarquement en Provence en 1944.
Une histoire qui s'est perdue avec le temps, rattrapée dans les années qui ont suivi par des événements majeurs comme la départementalisation de la Martinique en 1946 et concurrencée dans les mémoires par une autre histoire toute aussi capitale : le départ, quelques années plus tôt, des dissidents. Des jeunes qui par centaines, dès 1939, quittaient l'île en secret pour se rendre, sur de frêles esquifs, dans les îles voisines et tenter de rejoindre les forces du Général de Gaulle.
A l'entrée, une plaque a déjà été apposée. C'est devant elle que se tiendra ce 29 juin la cérémonie d'hommage aux hommes du Commandant Tourtet. Pour Joëlle Cecina, enseignante en histoire, "c'est une date que l'on doit de plus en plus enseigner. La transmission n'est pas que livresque, elle doit être collective. Les aînés doivent en parler, la famille et nos élèves doivent s'intéresser à leur histoire. Mais les choses sont en marche".
"La France est notre pays"
Dans ce contexte, le commandant Henri Tourtet rassemble les 200 hommes de la garnison de Balata, à dix kilomètres de Fort-de-France, alors sous ses ordres, pour entrer en dissidence et rallier la France combattante. Les troupes de l'amiral Robert abandonnent, et l'amiral quitte la Martinique le 30 juin. La Martinique vient de basculer dans la France libre.Parmi les combattants de la liberté, Jeanne Catayée, alors âgée de 20 ans. Dans le documentaire "Antilles, la guerre oubliée" diffusé sur France Ô le 18 juin dernier, la Martiniquaise qui a désormais 99 ans raconte avoir dit à son père, "Papa, on ne peut pas laisser l'Allemagne manger la France comme ça". Elle confie : "La France est notre pays. Nous étions Français et nous aimions la France".
Il y en a qui trouvaient que c'était une imbécilité, et puis il y avait des gens qui voulaient défendre la France aussi. Alors le commandant Tourtet nous a dit : "Ne dites rien, on va s'arranger, ceux qui aiment la France, venez me joindre"
Jeanne rejoint alors, avec beaucoup d'autres, le BA 5 (Bataillon des Antilles 5), toujours sous les ordres du commandant Tourtet, qui va poursuivre sa mission de libération jusque sur le front en Europe, en participant au débarquement en Provence en 1944.
Épisode oublié
Mais les souvenirs de Jeanne Catayée et son ouvrage, de même que tous les efforts des anciens combattants n'ont pas suffi à redonner ses lettres de noblesse à la mutinerie du camp Balata.Une histoire qui s'est perdue avec le temps, rattrapée dans les années qui ont suivi par des événements majeurs comme la départementalisation de la Martinique en 1946 et concurrencée dans les mémoires par une autre histoire toute aussi capitale : le départ, quelques années plus tôt, des dissidents. Des jeunes qui par centaines, dès 1939, quittaient l'île en secret pour se rendre, sur de frêles esquifs, dans les îles voisines et tenter de rejoindre les forces du Général de Gaulle.
Réhabiliter l'Histoire
Ces dernières années, des historiens tentent d'exhumer l'épisode de Balata. Le maire de Fort-de-France, Didier Laguerre, vient de lancer sur les ruines du camp un chantier d'insertion qui doit permettre à une trentaine de jeunes de "réhabiliter le parcours et valoriser le camp".A l'entrée, une plaque a déjà été apposée. C'est devant elle que se tiendra ce 29 juin la cérémonie d'hommage aux hommes du Commandant Tourtet. Pour Joëlle Cecina, enseignante en histoire, "c'est une date que l'on doit de plus en plus enseigner. La transmission n'est pas que livresque, elle doit être collective. Les aînés doivent en parler, la famille et nos élèves doivent s'intéresser à leur histoire. Mais les choses sont en marche".