L’Astrolabe ne va pas chômer. Ce nouveau bâtiment de 72 mètres de long a déjà sa feuille de route bien tracée. Il part dès ce jeudi 13 juillet à Brest pour être armé de mitrailleuses pour sa mission de surveillance. L’Astrolabe est ensuite attendue à La Réunion, dans son port d’attache où une cérémonie doit avoir lieu selon Céline Tuccelli, l’un de ses deux commandants, le 11 septembre prochain. Le public réunionnais pourra visiter le premier brise-glace français.
Surveillance et ravitaillement
Les missions de L’Astrolabe sont claires. Le bâtiment devra surveiller 245 jours par an les zones économiques exclusives des Terres australes françaises (Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam) dans le vaste océan Indien. Le reste du temps, soit 120 jours par an, pendant l’été austral, le brise-glace partira ravitailler Dumont d’Urville la base française de l’Antarctique en Terre Adélie ainsi que la base franco-italienne Concordia.
Financé par trois ministères
Le bâtiment baptisé à Concarneau ce mercredi 12 juillet mesure donc 72 mètres de long, 16 mètres de large. Il peut accueillir une soixantaine de personnes et transporter 1 200 tonnes de fret. Une plateforme d’hélicoptère a été aménagée sur le ponton. Financé par trois ministères, la Recherche, la Défense et l’Outre-mer, l’Astrolabe a coûté 50 millions d’euros, un montant financé par l’AFD, l’Agence française pour le Développement.
Le bâteau rouge
Le groupe Piriou a construit ce navire surnommé par la population de Concarneau, le bateau rouge. Sa coque a été fabriquée “pour des raisons d’agenda très serré” selon Pascal Piriou, le PDG du groupe du même nom, dans un chantier à Gdansk en Pologne. Piriou a fait appel aux conseils d’un cabinet en Finlande (Aker Arctic) pour concevoir la forme de ce brise-glace. Le navire a ensuite été assemblé et aménagé par les chantiers Piriou à Concarneau.
Baptême dans l'euphorie
C’est donc dans une certaine euphorie en présence de la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, que le premier brise-glace français a été baptisé à Concarneau. Après une cérémonie religieuse comprenant une lecture d'un passage de la Genèse sur la construction de l’Arche de Noé et une bénédiction en bonne et due forme, le bateau s’est vu frapper d’une bouteille de champagne lancée par sa marraine, Cécile Pozzo di Borgo, préfète des Terres australes et antarctiques françaises.
Baptême du nouvel Astrolabe par Mme la préfète Pozzo Di Borgo. Bouteille en plein vol! #TAAF #IPEV #Concarneau #Antarctic #polarnavigation pic.twitter.com/5ZHfaiFjhZ
— Stanislas Devorsine (@StanDevorsine) 12 juillet 2017
Partenariat inédit
L’Astrolabe doit sa naissance à un partenariat assez inédit entre l’administration des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises), la Marine nationale et l’IPEV (Institut Paul Emile-Victor). C’est ce dernier qui supervisera les missions de ravitaillement en Terre Adélie pendant l’été austral.
Hurlants et rugissants
L’Astrolabe prend la relève du patrouilleur Albatros (1984-2017) basé à La Réunion, mais aussi de l'ex-Astrolabe inauguré en 1988 au Havre. Le nouveau brise-glace va devoir affronter les 40e rugissants, les 50e hurlants et les 60e mugissants, des noms donnés aux parallèles à cause des vents sévères qui y sévissent. Toute l’année l’océan austral connaît de violentes tempêtes en raison de la différence de température entre la glace et les eaux de la mer.
L'ancien Astrolabe
L’ancien Astrolabe roulait beaucoup.“Ce navire avait été construit pour ravitailler les plateformes pétrolières, explique Maxime Aimetti, chef de district à la station Dumont d’Urville en 2013. L’administration des TAAF l'a fait adapter pour assurer le ravitaillement et la relève des missions en Terre Adélie. Le centre de gravité a été surélevé suite à ces travaux, ce qui en a fait un bateau un peu particulier, avec un fort couple de rappel”. En clair, pas forcément très stable !
Une belle retraite
Le nouvel Astrolabe devrait selon le groupe Piriou présenter beaucoup plus de stabilité en mer. Yves Frenot, directeur de l’IPEV, l’Institut Paul Emile-Victor se réjouit toutefois que l'ancien Astrolabe ait été récupéré par une ONG américaine. “Le bâtiment devait être désossé et démantelé. Finalement une ONG l’a racheté et l’a aménagé en hôpital itinérant en Papouasie Nouvelle-Guinée, précise Yves Frenot à La1ere. L’hélicoptère à bord permet d’aller chercher des patients dans les îles isolées”. Un brin sentimental, le directeur de l’IPEV se dit “heureux” que ce navire épuisé par sa mission de brise-glace dans l’Antarctique ait obtenu une belle retraite.