Engagé pour la préservation des espèces animales et végétales en danger, Allain Bougrain Dubourg a fait un point d’étape, mardi, sur le programme européen "Life Biodiv’OM". Lancé en septembre 2018, il vise à protéger cinq espèces endémiques menacées classées sur la liste rouge mondiale.
Ils sont répertoriés sur la liste rouge de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN). Trois oiseaux, deux poissons et un éco-système sont au cœur du grand programme européen de protection nommé "Life Biodiv’OM". L'un des objectifs principaux : lutter contre les diverses espèces envahissantes exotiques qui menacent la biodiversité en Outre-mer. 18 mois après son lancement, les principaux acteurs ont fait le point, à Paris, sur l’avancée de ce programme qui doit durer cinq ans.
Le programme est doté d’un peu plus de 5,5 millions d’euros, financé à 60% par l’Union Européenne, mais aussi par les collectivités, l’Agence française de Développement et le Conservatoire du littoral. Le programme "Life Biodiv’OM" rassemble une cinquantaine de personnes, notamment par le biais de partenariats avec des associations de protection environnementale locales. Un travail commun qui a mené à la création d’un grand réseau porté par cinq associations ainsi que le parc national de La Réunion et le parc naturel régional de Martinique.
Et, déjà, des actions ont été lancées comme la dératisation des mangroves. Pour favoriser la reproduction de l’espèce, les scientifiques cherchent à gérer les populations de rats, première menace pour l’oiseau dans les prairies humides où il se nourrit. À terme, les mangroves seront également protégées, afin d’éviter les exploitations agricoles illégales. Par ailleurs, une étude a été mise en place pour mesurer l'impact du rat noir sur la population de crabiers blancs.
Pour lutter contre ce problème, des translocations d'individus seront réalisées, afin de renforcer les populations existantes en créant "un nouveau noyau viable de l'espèce". Une étude a été lancée sur la génétique et l'habitat du tuit-tuit pour faciliter cette translocation. La Société d'études ornithologiques de La Réunion (SEOR) et ses bénévoles ont aussi limité, sur une surface de 1 000 hectares, les espèces envahissantes.
Pour assurer la survie de l'espèce, les prédateurs seront combattus et un "corridor écologique" sera planté, afin de connecter deux groupes de moqueurs jusqu'ici séparées. Il faudra aussi convaincre agriculteurs et pêcheurs qu'il ne faut pas toucher aux arbustes dans lesquels ils aiment nicher.
Un suivi des populations des deux espèces a été lancé en 2019. Ainsi, des stations sous-marines ont été mises en place pour mesurer la taille des populations dans le temps. Un arrêté préfectoral visant à limiter la pêche loisir a également été pris. Prochaine étape : réguler la pêche professionnelle. Mais sur place, il faut aussi faire avec les pêcheurs qui craignent de voir leurs revenus chuter.
La Ligue de protection des oiseaux (LPO) promet un programme de lutte contre deux espèces envahissantes : l'acacia mangium et le niaouli. Mais il faudra également gérer les menaces liées aux pressions foncières et agricoles.
Il ne s'agit pas simplement d'agir pendant cinq ans, mais de planter les racines d'un avenir plus brillant pour la conservation de la biodiversité
-- Allain Bougrain Dubourg
"Pour protéger, il faut connaître"
18 mois, c’est le temps qu’il a fallu pour étudier les espèces dans leur environnement et cadrer les projets. "On a fait les études, explique Delphine Morin l'une des coordinatrices du projet. On va entrer dans la phase des actions concrètes." "Biodiv’OM" est le premier programme "Life" (L'instrument financier pour l'environnement) qui implique cinq Régions Ultrapériphériques françaises : Mayotte et ses crabiers blancs, le tuit-tuit de La Réunion, le mérou géant et le mérou nassau à Saint-Martin, la Martinique et son moqueur gorge blanche ainsi que les savanes sèches de Guyane.Le programme est doté d’un peu plus de 5,5 millions d’euros, financé à 60% par l’Union Européenne, mais aussi par les collectivités, l’Agence française de Développement et le Conservatoire du littoral. Le programme "Life Biodiv’OM" rassemble une cinquantaine de personnes, notamment par le biais de partenariats avec des associations de protection environnementale locales. Un travail commun qui a mené à la création d’un grand réseau porté par cinq associations ainsi que le parc national de La Réunion et le parc naturel régional de Martinique.
# À Mayotte, le crabier blanc pris en filature
Cette espèce très craintive et classée "en danger d’exctinction" par l’UICN se reproduit uniquement sur quatre îles du monde : Madagascar, Aldabra, Europa et Mayotte. L’île aux parfums comptait 182 couples en 2018 et, depuis peu, l'oiseau est au cœur d’un projet prometteur : pour la première fois au monde, six de ces petits hérons ont été équipés d’une balise GPS. L’association GEPOMAY qui a réalisé cette mission inédite cherche ainsi à répondre à plusieurs questions : où s’alimentent-ils ? Quelle est la taille de leur domaine vital en période de reproduction ? Où migrent-ils ? Répertorier leurs sites favoris permettra de mieux les protéger.Et, déjà, des actions ont été lancées comme la dératisation des mangroves. Pour favoriser la reproduction de l’espèce, les scientifiques cherchent à gérer les populations de rats, première menace pour l’oiseau dans les prairies humides où il se nourrit. À terme, les mangroves seront également protégées, afin d’éviter les exploitations agricoles illégales. Par ailleurs, une étude a été mise en place pour mesurer l'impact du rat noir sur la population de crabiers blancs.
# À La Réunion, le tuit-tuit va changer d'air
Il ne reste qu'une quarantaine de couples de ce petit passereau présent uniquement au coeur du massif de la Roche Écrite de l'île Bourbon. L’échenilleur de La Réunion, baptisé localement Tuit-tuit, est "en danger critique d’extinction". Son déclin est lié, principalement, à la prédation par le chat et le rat noir et le rat surmulot, des espèces introduites par l’homme.Pour lutter contre ce problème, des translocations d'individus seront réalisées, afin de renforcer les populations existantes en créant "un nouveau noyau viable de l'espèce". Une étude a été lancée sur la génétique et l'habitat du tuit-tuit pour faciliter cette translocation. La Société d'études ornithologiques de La Réunion (SEOR) et ses bénévoles ont aussi limité, sur une surface de 1 000 hectares, les espèces envahissantes.
# En Martinique, protéger l'habitat du moqueur gorge blanche
Environ 200 couples de cet oiseau sont répertoriés en Martinique. Ils ont élu domicile dans la presqu'île de la Caravelle. Problème, le défrichement des forêts pour cultiver les sols contribue à la destruction de son habitat et menace sa survie, alors qu'il est lui aussi sous la pression du rat noir et de la petite mangouste indienne.Pour assurer la survie de l'espèce, les prédateurs seront combattus et un "corridor écologique" sera planté, afin de connecter deux groupes de moqueurs jusqu'ici séparées. Il faudra aussi convaincre agriculteurs et pêcheurs qu'il ne faut pas toucher aux arbustes dans lesquels ils aiment nicher.
# À Saint-Martin, réguler la pêche des mérous
Si le mérou géant est classé sur la liste des "espèce vulnérables", le mérou nassau est lui "en danger d'extinction", d'après l'UICN. Tous deux victimes de la surpêche, ils ont vu leur nombre sans cesse diminuer depuis plusieurs décennies, jusqu'à une quasi-disparition du mérou géant.Un suivi des populations des deux espèces a été lancé en 2019. Ainsi, des stations sous-marines ont été mises en place pour mesurer la taille des populations dans le temps. Un arrêté préfectoral visant à limiter la pêche loisir a également été pris. Prochaine étape : réguler la pêche professionnelle. Mais sur place, il faut aussi faire avec les pêcheurs qui craignent de voir leurs revenus chuter.
# En Guyane, les savanes sèches repensées
Ce sont des milieux ouverts et rares qui concentrent une importante biodiversité. Couvrant 0,3% du territoire français d'Amérique du Sud, elle abritent plusieurs espèces menacées, comme le tyranneau barbu et la bécasse géante"en danger critique d'extinction" ou le crotale sud-américain "en danger".La Ligue de protection des oiseaux (LPO) promet un programme de lutte contre deux espèces envahissantes : l'acacia mangium et le niaouli. Mais il faudra également gérer les menaces liées aux pressions foncières et agricoles.