#Blackface chez Cauet : "Nos vies valent autant que les vôtres", écrit l’actrice Yasmine Modestine

L'actrice et chanteuse Yasmine Modestine.
Sur son blog du Huffington Post, l’actrice et chanteuse d’origine martiniquaise Yasmine Modestine s’insurge contre le « blackface » réalisé par l’équipe des animateurs de Cauet à la télévision, dans lequel elle voit une « humanité retirée » et de la « haine ». 
Le pitoyable « blackface » de l’émission de l’animateur Cauet du 22 juin continue de faire des vagues. Ce lundi, c’est l’actrice et chanteuse d’origine martiniquaise Yasmine Modestine, auteur du livre « Quel dommage que tu ne sois pas plus noire » (Editions Max Milo) qui publie sur son blog du Huffington Post un point de vue intitulé « L'humanité retirée par le "blackface" chez Cauet ».  
 
« Après le videur des Molières, seul noir sur scène dans le défilé de comédiens blancs (…), nous avons donc ce retour du refoulé. Enfin, est-ce un retour, est-ce refoulé, tellement cela est présent, constant, tellement cela semble si normal d'humilier ceux et celles qui n'ont pas la peau blanche ? », s’interroge la comédienne.
 
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« (…) Voilà ce que la télévision française autorise. Au nom d'une soi-disante liberté d'expression qui consiste à faire feu de tout bois, on racole le spectateur, lequel n'est pensé que blanc, vivant parmi des blancs. Nous, les peaux caramel, les peaux chocolat, les peaux ébène, les peaux café avec plus ou moins de lait, les peaux beiges, les peaux ocres, aux cheveux frisés, crépus, bouclés, ondulés, sommes rayés de la carte des spectateurs.trices tout comme de celles des acteurs.trices, rayés de la carte des citoyens tout comme nous sommes rayés de l'histoire », poursuit-elle.

Le tweet et le "blackface" de l'animateur de l'émission de Cauet, le 22 juin 2016.

Yasmine Modestine se penche depuis de longues années sur les questions liées au racisme, à la discrimination et à la diversité dans le cinéma, la télévision et les médias français. Son livre « Quel dommage que tu ne sois pas plus noire », paru en 2015, abordait également la problématique du métissage dans la société. « Ce blackface est une preuve de plus -- s'il en fallait -- du blanchiment qu'opère chaque jour la télévision française, le cinéma français, le théâtre français. Il ne peut exister que dans un monde pensé entièrement blanc. Déjà, que personne à France Télévisions n'ait eu la présence d'esprit de dire à Alex Lutz "Non ton videur, non !" laisse pantois », dénonce l'actrice.

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« Cette image des noirs que Cauet et sa clique a véhiculée, image qui s'ajoute à celle d'Alex Luz, est la seule qui soit sans cesse montrée, celle de personnes à qui l'on retire leur humanité, que l'on réduit à la caricature. Pourquoi tant de haine ? Car il en faut de la haine pour oser faire le 22 juin 2016 ce qui se faisait dans les salons anglais au XVIe siècle quand l'esclavage commençait », conclut Yasmine Modestine.