Sur l’île de Gran Canaria aux Canaries, Amaury Lavernhe, double champion du monde professionnel de bodyboard, a retrouvé la liberté de surfer. Son palmarès, son expérience, son charisme en font désormais un des acteurs incontournables du bodyboard au niveau de la planète.
Eric Cintas•
Moz, son surnom reçu à La Réunion, a retrouvé ses vagues d’entraînement depuis le 4 mai. Pendant la crise sanitaire, le champion réunionnais a très vite su s’adapter au confinement imposé en Espagne, et particulièrement aux Canaries où il réside. Amaury vit à Gáldar, au nord de Gran Canaria. Malgré son relatif isolement, l'archipel a été aussi touché par le virus du Covid-19, mais à une échelle moindre que dans le reste de l’Europe, et surtout de l’Espagne. Sur les îles canariennes, il n’y aura eu que 153 décès sur un peu plus de 2000 cas pour plus de 2 millions d’habitants, c‘est peu.
" Les 48 jours de confinement, sans surfer et sans toucher l’eau ont été longs, c’était un peu difficile au début, car je n’y croyais pas. Ni en ma capacité de tenir sans surf ni à la docilité des Canariens", précise Amaury. "Le Canarien ne se laisse pas mettre en cage et on ne le canalise pas facilement. Un peu plus à Tenerife peut-être. Ici il y a une très grande liberté d’action, beaucoup d’espaces naturels vierges, peu de problèmes et les gens se sont habitués à ça. "
Depuis quelques années, il est devenu un des sportifs français spécialiste des réseaux sociaux. Ses chaînes You Tube et Vimeo, son compte Instagram et sa page Facebook fonctionnent à fond avec ses fans. Sa force c’est l’écoute, et surtout pas le doute. Et pendant la crise, ses relations ont été intenses avec ses fans. "Je suis resté en contact avec ma communauté durant cette période (Ndlr il a près de 100 000 fans sur ses différentes pages). Les réseaux sociaux ont eu du bon pour tous les amoureux de la mer qui ne pouvaient pas surfer. J’ai fait ça de façon organisée, en restant pas mal collé sur le mobile toute la journée. Avec les enfants et la vie à la maison, ce n’est pas simple mais j’ai pu gérer cela."
En plein confinement une séance intense de training proposée par Amaury sur sa chaîne You Tube
Il y a eu d’abord des posts du Lavernhe nostalgique, du papa poule à la maison avec ses enfants, et il a très vite enchaîné sur les entraînements physiques à domicile en faisant des live sur Instagram. Il s’est adjoint l’aide d’un professeur de gymnastique portugais et un professeur de yoga canarien installé en Indonésie. Avec le live, on peut rapprocher les antipodes.
J’ai eu des retours du monde entier et j’ai commencé à concentrer mes messages sur des choses positives.
Amaury Lavernhe
Pendant le confinement, Amaury s’entraîne avec la motivation de revenir dans les vagues, même dans peu d’espace. Il dispose d’une petite salle de sport privée qui lui permet d’enchaîner les séances rythmées de gainage, de cardio, d’équilibre, de proprioception. L’homme est une véritable liane de muscles, il est souple et impressionnant avec son tatouage tahitien de requin sur le côté de son corps. Des gens du monde entier se connectent pour regarder ses trainings qui s’enchaînent à un rythme intense.
" Je me suis pris au jeu, au début c’était beaucoup plus sport qu’autre chose, et après je passais un peu plus de temps que prévu à discuter avec les gens qui me posaient plein de questions. Car au moment du live c’était des séances physiques et je ne pouvais pas parler théorie. " Depuis la fin du confinement, il a organisé des cours techniques payants, il se rend désormais disponible sur Instagram pour des petits groupes de fans afin de parler technique, vagues, nutrition et concentration.
IBC, le nouvel organisateur du Tour pro
Depuis son deuxième titre mondial en 2014 lors de la dernière étape de l’APB Tour à Sintra (Portugal), Amaury Lavernhe gagne sur de nombreuses étapes du Tour Mondial, finissant n°2 mondial en 2016. Avec Pierre-Louis Costes, ils sont les deux seuls Français à avoir effectué ce doublé dans toute l’histoire de la glisse européenne. Mais depuis 2017, il a décidé de lever un peu le pied avant de reprendre une course au 3ème titre. " Je donne la priorité à ma femme et mes enfants. Ce n’est pas encore dans ma tête, j’aimerais avoir le temps et l’apport financier pour suivre le Tour en entier. Et puis y aller oui, mais pas n’importe comment. Avec le temps et l’expérience, j’apprécie de plus en plus des vagues de qualité, depuis deux ans, j’ai privilégié les étapes sur des spots où les vagues sont extrêmes. Mais je prépare mon retour complet sur le World Tour, ça mûrit. "
Je suis la voix des trente-deux meilleurs bodyboarder du monde. C’est un job que j’aime beaucoup car je canalise les opinions de chacun, Brésiliens, Sud-africains, Européens, Australiens ou Chiliens.
- Amaury Lavernhe
D’autant que Moz, qui parle trois langues couramment et fait l’unanimité depuis longtemps sur le circuit mondial, a été élu représentant des riders dans l’IBC. Il va commencer à travailler le contenu pour la plateforme médiatique de l’IBC qui prévoit aussi des directs sur lesquels il serait consultant. C’est encore une facette de ce sportif à 360°.
La Réunion en a fait un Waterman
Amaury Lavernhe possède un autre surnom dans le monde du Bodyboard, le Waterman. On retrouve quelque fois ce surnom dans les sports de glisse, pour qualifier quelqu’un qui passe sa vie dans l’eau en utilisant plusieurs supports. Amaury pratique l’apnée, le dropknee *, la chasse sous-marine et la natation en pleine mer " C’est très culturel en Polynésie et dans le Pacifique. J’ai dédié ma vie au bodyboard en Europe, mais aussi ma vie à l’Océan. Je ne peux pas me passer de pouvoir toucher l’eau de mer, de ressentir la sensation qu’on éprouve après s’y être baigné, la richesse de l’océan. Tout ça rythme ma vie, celle de ma femme, Malennhy et de nos enfants Oliver et Nahara. "
Avec mon académie je partage le bodyboard autour du globe et j’apporte mon grain de sable partout où il le faut.
- Amaury Lavernhe
Qu’importe, il en faut plus pour décourager un Lavernhe. Il va faire un focus avec son Académie aux Canaries, entre Lanzarote et Tenerife et la faire évoluer localement. " C’est la première fois que je vais si peu voyager depuis ces quinze dernières années, " déclare-t-il. Malennhy et les enfants vont être contents de l’avoir à la maison de la Furnia.