A Bordeaux, Frantz Fanon n'aura pas de ruelle à son nom

Le psychiatre et essayiste martiniquais Frantz Fanon (1925 – 1961).
La ville de Bordeaux vient d'annoncer qu'il n'y aurait pas de ruelle au nom de Frantz Fanon, auteur né en Martinique. La raison : les liens de l'écrivain avec le Front de libération national algérien, qui ont fait l'objet d'une pétition relayée sur Internet.
Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a décidé de "surseoir" à la proposition de nommer une ruelle d'un des nouveaux quartiers de la ville du nom de Frantz Fanon, en raison d'une polémique sur les liens entre l'écrivain et la résistance algérienne durant la guerre d'indépendance.
 

Apaisement

"La dénomination des voies de notre commune doit être l'occasion de rendre hommage à des personnalités qui incarnent des valeurs partagées", a indiqué jeudi Alain Juppé dans un communiqué. "Aujourd'hui, le choix du nom de Frantz Fanon suscite des incompréhensions, des polémiques, des oppositions que je peux comprendre. Dans un souci d'apaisement, j'ai donc décidé de surseoir à cette proposition", a-t-il écrit.
 

FLN

La commission municipale de dénomination des rues avait décidé d'attribuer le nom de Frantz Fanon à une sente du quartier de Ginko dans le nord de Bordeaux, choix qui avait été validé en décembre par le conseil municipal. L'opposition municipale Rassemblement National ainsi que des internautes avaient critiqué le choix de nommer cette ruelle du nom de l'humaniste martiniquais, proche du Front de libération nationale (FLN) algérien qui a mené la guerre d'indépendance contre la France.
  

"Terrorisme"

"La majorité d'Alain Juppé, soutenue par les élus socialistes et écologistes, en nommant une rue de Bordeaux Frantz Fanon, rend hommage à un homme qui a pris, il y a 60 ans, fait et cause avec le terrorisme algérien", avait écrit le conseiller RN François Jay sur le site internet de Riposte Laïque.
 

Alger

Figure emblématique de la lutte contre l'oppression coloniale, Frantz Fanon, né en 1925 en Martinique, avait notamment été médecin-chef de l'hôpital de Joinville Blida (sud d'Alger), qui porte aujourd'hui son nom, où il a passé trois ans à soigner des malades mentaux pendant la Guerre d'Algérie. Proche du Front de Libération Nationale (FLN) dont il deviendra membre en 1957, Fanon a écrit en 1960 "Les damnés de la terre", manifeste de la révolte anticoloniale. Atteint d'une leucémie, il est mort en décembre 1961 dans un hôpital de Washington.