Brexit : "Pas de chaos pour le nickel" [calédonien] Philippe Chalmin

La City de Londres à l'heure du Brexit
Un délai de onze mois a été accordé par Bruxelles à la Bourse des métaux de Londres, à partir du 31 janvier 2020. De toute façon, les grands négociants du nickel sont à Genève en dehors de l'Union Européenne, les principaux clients sont en Asie et les transactions sont faites en dollar. 
 
Après la date officielle du Brexit, le 31 janvier au soir, une période de transition de onze mois va commencer, pendant laquelle les arrangements actuels entre Londres et Bruxelles vont demeurer.

Préserver l'avenir
L’autorité européenne des marchés financiers (ESMA) a annoncé, fin 2019, qu’elle prolongeait et reconnaissait les liens existant avec la Bourse des métaux de Londres (LME Clear Limited). Il s'agit notamment d'empêcher que des sociétés européennes se trouvent brutalement privées d'accès au LME, intermédiaire crucial entre vendeurs et acquéreurs sur le marché boursier des métaux industriels. Pas question de priver les constructeurs automobiles européens de l’accès au nickel ou au manganèse dont ils ont besoin pour les batteries EV de leurs voitures électriques.
 

Le LME a été racheté par une société chinoise. Si le Brexit risque d’accélérer la sortie du monde du trading de Londres, ça ne concernera pas, ou alors marginalement, le LME. Les grands négociants du nickel, comme Glencore ou Trafigura sont à Genève et Vale est à Toronto au Canada. Philippe Chalmin, universitaire, économiste et historien des matières premières


Le LME de Londres est chinois
L’étoile du LME n’est donc vraisemblablement pas près de pâlir du Brexit. Si la vénérable institution fondée en 1877 est toujours le premier marché mondial des métaux non-ferreux l’essentiel de son activité depuis Londres se fait avec l’Asie. Dès 2012, le centre de gravité de la Bourse des métaux a basculé vers la Chine, le LME étant repris par la Bourse de Hong Kong. Cette consécration a établi le basculement de la consommation de métaux industriels vers l'Asie, et en particulier la Chine. Selon Bank of China, près de 70 % des volumes de nickel ou de cuivre échangés sur le LME sont absorbés par des acheteurs chinois. Et si l’on ajoute le Japon, les Etats-Unis, le Mexique, l’Inde et la Corée, ce sont 90 % des échanges qui se font déjà en dehors de l’Union Européenne. Enfin, tous ces échanges sont effectués en dollar, la seule monnaie de référence du LME. La plus ancienne place financière mondialisée des matières premières devrait donc conserver son rythme de croisière, au moins pendant 11 mois, ce qui lui laisse le temps de trouver les ajustements nécessaires.  "Je vais vous dire, avec ou sans Brexit, le prix réel et actuel du ferronickel est tombé sous le cours officiel du nickel au LME. Du jamais-vu. Actuellement, ce sont les industriels chinois qui font la loi" précise un producteur européen de nickel, dépité par la situation.


Les stocks mondiaux disponibles dans les entrepôts sous mandat du LME (137.778 tonnes) ont légèrement diminué pour la première fois depuis huit jours, a indiqué le desk du négociant Marex Spectron. La croissance des ventes de nouveaux véhicules électriques en Chine a ralenti à 5,1 % en glissement annuel soit 1,06 millions de voitures en 2019, alors que Pékin a réduit les subventions. En 2018, les ventes avaient bondi de 88,5 %.

Le prix du nickel a légèrement augmenté, à Londres comme à Shanghai. Cours du nickel à trois mois au LME à 14H35 GMT, vendredi 10 janvier :14.145 dollars la tonne (6,40/Ib) + 0,21 % semaine + 2,70 %.