Budget des Outre-mer 2020: maintenu selon le ministère, "une saignée" selon un ancien ministre

Le budget des Outre-mer pour 2020 "ne porte aucune mesure d'économie", a affirmé jeudi le ministère des Outre-mer, même si les documents préparatoires au budget mis en ligne par Bercy montrent une baisse de 100 millions, que l'ancien ministre PS Victorin Lurel voit comme une "saignée".
 
Dans un communiqué, le ministère des Outre-mer a affirmé que "conformément aux engagements du président de la République", le 8 juillet dernier, son budget pour l'année 2020 était "préservé et ne portait aucune mesure d'économie".
    
Emmanuel Macron, qui a signé le 8 juillet avec plusieurs territoires d'outre-mer des "contrats de convergence et de transformation" destinés à rattraper les retards de développement économiques et sociaux, avait affirmé que le gouvernement ne faisait "pas d'économies sur les Outre-mer".
 

Cent millions d'euros de moins

Mais selon un récent document de Bercy sur ses prévisions budgétaires 2020-2022, alors que la loi de Finances 2019 avait acté 2,53 mds d'euros pour le ministère des Outre-mer, le document préparatoire au budget 2020 en prévoit 2,43, soit 100 millions de moins.
    
Selon le communiqué du ministère, ce sont "les crédits de paiement, qui permettent de régler des dépenses engagées précédemment" qui "sont diminués de 100 millions d'euros en 2020. Cette diminution s'explique par le niveau d'exécution constaté en 2018 et anticipé pour 2019". C'est-à-dire que les opérateurs et collectivités n'ont pas dépensé entièrement les sommes dévolues aux outre-mer.
    
Mais "les autorisations d'engagement, correspondant aux nouvelles dépenses que le ministère des Outre-mer peut réaliser chaque année, sont stabilisées jusqu'en 2022", affirme le ministère.
    
La ministre des Outre-mer Annick Girardin, auditionnée début juin sur le budget antérieur de 2018 par la commission des Finances de l'Assemblée nationale, avait déjà souligné qu'une part importante du budget (177 millions de crédits) n'avait pas été  consommée. "Ce n'est pas l'État qui a pris l'argent, l'argent est sur la table, il n'est juste pas utilisé", avait-elle déploré.

Une "saignée"   

Dans un communiqué, l'ancien ministre socialiste des Outre-mer Victorin Lurel a dénoncé une "saignée" et "une discrimination" vis-à-vis des Outre-mer. "Accuser entreprises, opérateurs et collectivités d'être responsables de la sous-consommation est une défausse d'autant plus sournoise que les restes à payer de l'État outre-mer ont encore explosé de +7% en 2018 et s'élèvent désormais à 1,680 milliard d'euros", a-t-il dénoncé.
    
Selon lui, L'Etat "bloque les dossiers", ne donne pas les instructions, ne fournit pas l'ingénierie, ne verse pas à temps et met à mal le préfinancement des opérations".