Les champs de nodules polymétalliques abritent des espèces uniques à protéger

Biodiversité dans les champs de nodules polynétalliques
On a longtemps cru que les abysses étaient pauvres en biodiversité. Une étude récente vient contredire cette idée. Elle porte sur les champs de nodules polymétalliques, riches en minerais et terres rares et qui intéressent les industriels notamment au large de la Polynésie et de Wallis et Futuna. 

#1 Qui est à l'origine de cette étude ?

C'est une équipe internationale rassemblant des chercheurs français (Ifremer), allemands, belges et portugais qui a mené cette étude sur la biodiversité des champs de nodules polymétalliques. Leur étude a été publiée dans la revue Scientific Reports de Nature, à la suite d'une campagne en mer à bord du navire océanographique Sonne, dans la zone de Clarion-Clipperton, dans le Pacifique Nord. Ces travaux ont été demandés par le consortium européen de recherche JPI Ocean. 


#2 Les nodules polymétalliques, qu'est-ce que c'est ? 

Lénaïck Menot, chercheur à l'Ifremer
"Ce sont des sortes de gros galets qui agrègent les minerais présents dans l'eau" (voir photo dans le tweet de JPI Ocean ci-dessous), explique Lénaïck Menot, chercheur au Laboratoire Environnement Profond du Centre Ifremer Bretagne (en photo). Ils se trouvent au fond des océans dans des profondeurs comprises entre 4 000 et 5 000 mètres. Ces nodules sont constitués de manganèse, de fer, de silicium, d'aluminium ou de cobalt. Ces minerais ou ces terres rares présentent un intérêt pour l'industrie du fait de la hausse de la demande de matières premières. Pour l'instant, il n'y a pas encore d'exploitation de ces nodules par la France. 



#3 Où trouve-t'on des nodules polymétalliques Outre-mer ?

Ces nodules polymétalliques sont présents en forte concentration dans l'océan Indien et l'océan Pacifique. Des sites sont identifiés au large de Wallis et Futuna et des archipels qui constituent la Polynésie française. Toutefois, selon une étude récente publiée par l'IRD (Institut de recherche pour le développement), "il n'y a pas en Polynésie de nodules polymétalliques en quantité suffisante pour présenter un intérêt économique en Polynésie française". 

#4 A quoi ressemble la biodiversité dans ces fonds marins ?

L'étude a été menée dans la zone de fracture de Clarion-Clipperton, l'une des régions de la planète qui concentre la plus forte densité de nodules polymétalliques. Depuis plusieurs dizaines d'années, des pays comme la France ont reçu des permis afin d'explorer la zone. "Dans le milieu abyssal, dominé par de grandes plaines sédimentaires, les nodules constituent un type d'habitat unique, notamment pour les coraux ou les éponges qui peuvent s'y accrocher", précise Lénaïck Menot, chercheur au Laboratoire Environnement Profond du Centre Ifremer Bretagne. 

#5 Que préconise l'étude ? 

Les scientifiques, auteurs de cette étude soulignent la nécessité d'élaborer des stratégies de préservation de la biodiversité des zones riches en nodules. "Nous avons comparé des zones naturellement riches ou pauvres en nodules et des sites qui ont été dragués, il y a quelques mois ou plusieurs dizaines d'années, pour des raisons scientifiques ou industrielles, lorsqu'il n'y avait pas encore de régulation dans l'exploration des eaux internationales", explique Lénaïck Mérot. Et le verdict est sans appel. "Dans les zones où le fond océanique et les premiers centimètres de sédiments ont été raclés pour récupérer les nodules, la faune a été profondément affaiblie et n'a pas recolonisé les lieux".  Or ce constat s'applique autant pour les zones récemment sinistrées que celles qui ont été draguées il y a plus de 30 ans.