Changement climatique et crise calédonienne s’invitent au Forum des îles du Pacifique

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors du Forum des îles du Pacifique, à Nuku’alofa le 26 août 2024.
Les dirigeants du Pacifique se réunissent jusqu'à vendredi dans la capitale du royaume de Tonga, Nuku'alofa. La Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française font partie des 18 États et territoires associés du Forum des îles du Pacifique (FIP).

Le sommet du Forum des îles du Pacifique (FIP) s'est ouvert lundi dans le royaume de Tonga. Au premier jour du sommet, un tremblement de terre de magnitude 6,9 a secoué le pays océanien, selon le service sismologique américain (USGS), déclenchant seulement de brèves évacuations au niveau de la côte mais aucune alerte au tsunami.

Le FIP regroupe 18 États et territoires associés, dont la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. Beaucoup de ses membres sont aujourd'hui menacés d'anéantissement pur et simple par la montée du niveau de l'océan due au réchauffement climatique. Un pays comme les Tuvalu, dont le point culminant n'est que de 4,6 mètres, pourrait ainsi disparaître sous les flots d'ici trente ans.

"Nous nous rassemblons à un moment crucial dans l'histoire de notre région (...) Nous sommes en première ligne de la bataille contre le changement climatique", a déclaré le secrétaire général du FIP, Baron Waqa, de l'île de Nauru. Le ministre du Climat de l'archipel des Tuvalu, un petit État de basse altitude, Maina Talia, a exhorté les "pays les plus pollueurs" à assumer financièrement les coûts croissants liés au changement climatique, estimant que "le principe du pollueur-payeur doit être mis sur la table".

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres est invité au sommet pour souligner l'ampleur de la menace climatique. 

Les décisions que les dirigeants du monde prendront dans les années à venir détermineront le sort, d'abord des insulaires du Pacifique, et ensuite du reste du monde. (...) Si nous sauvons le Pacifique, nous sauvons le monde.

Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU

Rivalité sino-américaine

Les participants au sommet devraient lancer un nouvel appel en faveur d'un fonds local d'adaptation au changement climatique face au tarissement des aides étrangères. Ils se pencheront aussi sur la candidature de l'Australie, l'un des principaux exportateurs mondiaux de charbon et de gaz, à l'organisation de la conférence sur le climat COP31 en 2026. Le stade couvert où se tient le sommet de Nuku'alofa, d'un coût de 25 millions de dollars, est un cadeau de la Chine. Pékin courtise résolument les petits pays du Pacifique, utilisant ses largesses pour construire complexes gouvernementaux, salles de sport, hôpitaux et routes.

Craignant que la Chine n'en profite pour installer des bases militaires permanentes dans la région, les États-Unis et l'Australie ont contre-attaqué en distribuant de l'aide, en signant des accords bilatéraux et en rouvrant des ambassades désaffectées depuis longtemps. La délégation américaine au forum est conduite par Kurt Campbell, l'un des artisans clés des efforts déployés par les États-Unis pour contenir les ambitions de la Chine dans le Pacifique.

Soutien à la cause kanak

À ces difficultés s'ajoutent les violences qui font rage depuis mai en Nouvelle-Calédonie, territoire membre à part entière du FIP. Le sujet a été rapidement abordé au premier jour du sommet. "Nous devons aboutir à un consensus sur notre vision pour une région de paix et de sécurité", a lancé le Premier ministre tongien Siaosi Sovaleni. "Nous devons honorer la vision de nos ancêtres sur l'autodétermination, y compris en Nouvelle-Calédonie."

Les violences, qui y ont fait onze morts, ont éclaté le 13 mai pendant l'examen au Parlement français du projet de réforme électorale, accusé par ses détracteurs de marginaliser la population autochtone kanak. Cette réforme a été depuis suspendue mais les indépendantistes, qui en demandent l'abandon pur et simple, restent mobilisés.

La cause kanak trouve un large écho dans le bloc Pacifique, qui regorge d'anciennes colonies aujourd'hui farouchement fières de leur indépendance. M. Waqa a notamment critiqué le transfèrement en France métropolitaine de détenus indépendantistes arrêtés pendant les émeutes.