"Je suis candidate à la présidence de la République." Christiane Taubira avait assuré qu’elle clarifierait sa position mi-janvier. La parole est tenue puisque la femme politique se porte officiellement candidate ce samedi 15 janvier, 100 jours pile avant le scrutin du premier tour. Le 17 décembre 2021, elle avait annoncé qu’elle "envisageait" d’être candidate face à "l’impasse" d’une gauche fragmentée.
Après le discours de deux de ses soutiens, Christiane Taubira, bien emmitouflée pour faire face à la fraîcheur Lyonnaise, a établi son diagnostic sur l’état de la France : "Nous sommes ici parce que le pays s’interroge. Sur l’ensemble du territoire, dans l’Hexagone et en Outre-mer, je vois, j’entends les colères face aux inégalités, aux injustices, aux discriminations. La pandémie a révélé des souffrances, des souffrances sociales. Nous aurions pu devenir fatalistes, mais en même temps, je vois l’espoir."
Retrouvez l'intervention de Christiane Taubira :
L'ancienne ministre est revenu sur un début de campagne, qui ne disait pas son nom : "J’ai parcouru tout le territoire, Marseille, Saint-Denis, Vierzon où j’ai rencontré le personnel hospitalier, dans l’Ariège, où j’ai visité une ferme biologique. Puis je suis allé à Carrières sous Poissy rencontrer des enseignants, qui font des miracles au quotidien. Je suis allé à Bondy, c’est là, que j’ai déclaré que je reconnaissais les règles de la primaire populaire et que j’en reconnaitrai le résultat. Puis à Nantes, sur les violences contre les femmes, sur l’égalité professionnelle, puis à Rennes rencontré les personnels soignants, puis je suis allé à Cayenne."
"Pour toutes ces exigences, d’un gouvernement qui nous respecte, qui vous respecte, pour toutes ces exigences d’une grande démocratie débarrassée de ces fantasmes monarchiques, pour satisfaire toutes ces exigences, je suis candidate à la présidence de la République", a-t-elle déclaré.
Des propositions
L’ancienne garde des Sceaux souhaite affronter "les anciens périls" et "les nouveaux défis", notamment la transition écologique. "Nous voulons un gouvernement qui sache écouter, qui sache mobiliser nos capacités au lieu de nous infantiliser, qui sache dialoguer au lieu de moraliser", a insisté la candidate, fustigeant la "verticalité du pouvoir". Christiane Taubira s’est dit consciente de l’enjeu, rappelant qu’elle était ministre de la Justice lors des attentats de 2015. "Je sais ce que c’est de prendre des décisions lourdes, difficiles", a-t-elle insisté.
La désormais candidate a listé les priorités de son programme : la jeunesse, la justice sociale, l’écologie et la République. "Il faut que nos jeunes puissent faire des études. (…) 46% sont obligés de travailler pendant leurs études", a-t-elle affirmé, promettant aux jeunes "un revenu de 800 euros par mois, afin qu’ils et qu’elles puissent étudier".
Christiane Taubira a promis une revalorisation du smic à 1400 euros nets par mois, et, plus largement, une "revalorisation des bas salaires". Elle entend combattre "l’ubérisation de l’économie", pour offrir des salaires corrects et décents, un droit à la retraite, et des congés aux travailleurs précaires. Elle souhaite également recruter 100 000 soignants "rémunérés correctement" et lutter contre les déserts médicaux.
Le troisième axe prioritaire de son programme est l’écologie. "C’est l’affaire du siècle nous le savons", a déclaré l’ancienne ministre, en référence à une action en justice menée par des associations contre l’Etat pour inaction climatique. Enfin, elle veut se concentre sur "la République", et plus particulièrement, sur l’école. "L’école est un lieu de reproduction des inégalités, nous allons y mettre un terme", a annoncé la candidate.
Dans son discours, Christiane Taubira n’a pas manqué de rappeler ses origines guyanaises, à l’origine de son engament écologique et de son amour "pour la diversité".
La gauche a donc une nouvelle candidature alors que la liste est déjà bien longue de Yannick Jadot (EELV) à Jean-Luc Mélenchon (LFI) en passant par Fabien Roussel (PCF), Arnaud Montebourg et Anne Hidalgo (PS).