Christine Salem : "C’est grâce aux ancêtres si on peut faire aujourd‘hui du maloya" [#MaParole]

De passage à Paris pour présenter son magnifique album Mersi, Christine Salem a pris le temps de raconter son parcours dans #MaParole: son enfance à Saint-Denis de la Réunion, son amour du maloya et son envie de le faire connaître partout.

Christine Salem s’est donné une belle mission : faire connaître à travers la planète le maloya, ce blues réunionnais que chantaient les esclaves. Cette musique n’a pas perdu de sa vigueur même si elle a longtemps été interdite à La Réunion. 

#1 Au quartier Camélias à Saint-Denis

La chanteuse a grandi dans le quartier Camélias à Saint-Denis de La Réunion.  C’est là qu’elle a tout appris. "Garçon manqué", fanatique de football et amoureuse de la musique, Christine Salem veut profiter de la vie, de sa vie. Rebelle, indisciplinée, sa mère l’envoie à 15 ans chez sa marraine à Mulhouse. Mais au bout de quelques mois, la future chanteuse exige de rentrer. "J’ai dit à ma mère: soit tu me prends un billet, soit je tue quelqu’un. J’ai subi du racisme et rebelle comme je suis…"

Après ce séjour dans l’Hexagone, Christine Salem a gagné sa liberté à La Réunion. Sa mère a renoncé à la surveiller. Sans s’en rendre vraiment compte, Christine Salem a fait alors son apprentissage de la musique en chantant et en jouant de la guitare et des percussions dans son quartier. A 8 ans, elle a écrit sa première chanson. A l’école en revanche, c’était l’incompréhension. Elle qui est née un 20 décembre, le jour de la Fet Kaf, la fête de l’abolition de l’esclavage à La Réunion, s’est insurgée contre cet instituteur qui lui disait sans broncher que ses ancêtres étaient des Gaulois. Elle lui a tenu tête en clamant haut et fort : "Mes ancêtres, ce sont des esclaves".

 

#2 A la recherche des ancêtres

A l’âge de 8 ans, Christine Salem a découvert le maloya, dans son quartier, grâce au groupe Ziskakan. Ce blues réunionnais, elle l’a dans la peau. A l’âge de 20 ans, elle a continué ses recherches en participant à des "servis kabarés", ces cérémonies dans lesquelles, on rentre en relation avec les ancêtres grâce notamment au maloya, prohibé jusqu’en 1981. Pendant longtemps, ces cérémonies étaient interdites, considérées comme diaboliques par l’Eglise catholique. "Et pour beaucoup de Réunionnais, c’était une honte de chanter du maloya", ajoute Christine Salem.

La chanteuse est partie à la recherche des racines du maloya à Madagascar, aux Comores, à Zanzibar. Elle a vécu des expériences étonnantes. Christine Salem avoue avoir une connexion particulière avec ses ancêtres, à tel point qu’ils lui dictent des chansons dans des langues qu’elle ne connaît pas.

 

#3 "Une baffe pour l‘humanité"

Très perméable aux émotions, Christine Salem se sent pleinement ancrée sur Terre. Pour elle, l’épidémie de coronavirus est juste "une énorme baffe pour l’humanité". Dans ce troisième épisode de #MaParole, Christine Salem se souvient de son métier de travailleuse sociale. La société de consommation, la loi du plus fort sont pour elles à l’origine de la plupart des problèmes sociaux que connaît La Réunion.

Les problèmes de société l’inspirent et la désolent. La chanson phare de son dernier album, Tyenbo, elle l’a écrite après un énième féminicide à La Réunion. Christine Salem chante 24h sur 24, compose un peu tout le temps. Inspirée en permanence, la Réunionnaise place au plus haut sommet les liens entre les êtres humains.

Christine Salem

Prise de son : Bruno Dessommes

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Christine Salem en 5 dates ♦♦♦♦♦

►20 décembre 1971

Naissance de Christine Salem à Saint-Denis de La Réunion.

►1985

Séjour court à Mulhouse.

►1987-1989

Championne de La Réunion de football avec l’Escadrille.

►15 mars 1994

Naissance de Dylan, son fils.

►2001

Sortie du premier album de Salem tradition : Waliwa.