Christine Salem, Nathalie Natiembé, Kaloune et Dilo conjuguent le maloya au féminin

Maloya, l'esprit des femmes
Longtemps, le maloya, musique signature de l'île de La Réunion, a été "réservé" aux hommes. Mais, depuis quelques années, les femmes s'emparent de cette musique chargée d'histoire, aux contours militants, politiques et spirituels. Parmi elles, Nathalie Natiembé, Christine Salem, Kaloune et Dilo ont su trouver leur place et leur voix dans le monde grâce à cette musique de leurs ancêtres. Partez à leur rencontre avec le documentaire " Maloya, l'esprit des femmes".

Autrefois, le maloya, musique emblématique de l'île de La Réunion, était considéré comme l'apanage des hommes. Le Maloya est un art musical mêlant les chants et la danse qui est né à l’origine pour exprimer la douleur et la révolte chez les esclaves d’origine malgache et africaine, dans les plantations sucrières de La Réunion. Mais aujourd'hui, un vent de changement souffle sur cette tradition musicale ancestrale. 



Il est important de connaître son histoire pour pouvoir écrire sa propre histoire, sa nouvelle histoire, pas l'histoire des ses ancêtres, les nôtres.  

Kaloune

Résistance féminine

En haut de G à D : Nathalie Natiembé, Dilo, alias Eat my Butterfly - En bas de G à D : Kaloune, Christine Salem

Des femmes audacieuses et talentueuses telles que Nathalie Natiembé, Christine Salem, Kaloune et Dilo, connue également sous le nom d'"Eat my Butterfly", ont investi cet univers longtemps dominé par le genre masculin.

En même temps que le Maloya redémarre, il y a un combat pour que les femmes y prennent leur place.

Danyèl Waro, musicien, chanteur, poète de l'île de La Réunion

 

Pour elles, le maloya n'est pas seulement une musique, c'est un voyage intérieur qui les relie à leurs ancêtres, à leur histoire et à leurs racines profondes. À travers chaque note, elles célèbrent et honorent leur héritage culturel, perpétuant ainsi un flambeau transmis de génération en génération.

Le maloya, symbole de résistance 

Porté par la force et la détermination de ces femmes, le maloya devient un instrument de lutte contre les normes sociales oppressives et sert de porte d’entrée pour aborder notre société sous de multiples facettes : les racines, la langue, la spiritualité et, évidemment, la condition des femmes.

Les artistes évoquent les interdictions d’antan (danser, jouer le maloya) à destination des femmes et se livrent à travers des témoignages poignants : violences physiques, psychologiques, viol incestueux…

Le Maloya s'érige en symbole de résistance, de fierté et de liberté, déconstruisant les barrières d'une société patriarcale où les femmes étaient reléguées à des rôles secondaires. Avec leur charisme et leur indépendance, ces quatre héroïnes inspirantes questionnent et bousculent la place des femmes tant dans la musique que dans la société réunionnaise.

Sur la trame envoûtante du maloya, ces artistes engagées font résonner les tambours, les chants et le kayamb pour exprimer les aspirations, les luttes et la vitalité de leur peuple. Le maloya transcende les frontières de la musique pour devenir le cœur battant de la vie quotidienne des habitants de l'île "intense". Il incarne des valeurs telles que la solidarité, l'amour et le partage, rappelant à tous l'importance de prendre soin les uns des autres et de cultiver un esprit de communauté.

L'intégralité du documentaire Maloya, l'esprit des femmes est à retrouver ici

Pour aller plus loin :

Christine Salem : "C’est grâce aux ancêtres si on peut faire aujourd‘hui du maloya" [#MaParole]

Maloya : la musique traditionnelle de La Réunion fête ses 12 ans d’inscription au patrimoine de l’Unesco

Durée : 52 min
Écriture et réalisation Anne-Laure Lemancel et Séverine Nativel
Production : Riddim Production
, avec la participation de France Télévisions
© Riddim Production, 2022