Le Général Dumas, le chevalier de Saint-George, Eugène Bullard et bien d’autres encore. Claude Ribbe aime raconter la vie et le parcours de ces hommes injustement oubliés de l’histoire. Il a publié deux livres sur le premier et réalisé un documentaire pour France 2 intitulé Le Diable noir sur le second. Il préside aussi l'association des amis du général Dumas.
#1 Althusser et Derrida
Claude Ribbe est né à Paris d’un père guadeloupéen et d’une mère originaire de la Creuse. "Ils se sont rencontrés de manière classique dans un club de jazz". Son père suivait des études dentaires, sa mère était infirmière. Claude Ribbe n’a pas vécu avec son père car ses parents se sont séparés assez tôt. Mais son père a eu le temps de lui parler du général Dumas et de Delgrès. En revanche, l’écrivain ne s’est jamais rendu en Guadeloupe durant sa jeunesse parisienne. Il n’a découvert l’île qu’à l’âge de 35 ans.
Claude Ribbe détestait l’école, les interdits, l’autorité. En revanche, il aimait lire et se souvient très bien d’un livre "à la couverture d’un jaune assez laid", Les Trois Mousquetaires qu’il a dévoré. A Paris, il a grandi près du Champ-de-Mars et a été au lycée Buffon, boulevard Pasteur. Dans ce lycée, il y avait une salle d’arme où l’adolescent a pu pratiquer l’escrime pour son plus grand plaisir. A 19 ans, après deux années de classes préparatoires au lycée Louis-le-Grand, comme Aimé Césaire, Claude Ribbe a intégré Normale-Sup. Il n’y a pas beaucoup apprécié l’enseignement sauf la compagnie du philosophe Louis Althusser qui lui a "donné confiance en lui". En revanche, il s’est opposé au philosophe Jacques Derrida sur sa vision de Kant lors d’une conférence publique.
#2 Le général Dumas
Après avoir obtenu son agrégation en philosophie, Claude Ribbe a été conseiller au sein de deux cabinets ministériels, d’abord à la justice auprès d’Alain Peyrefitte, puis à l’Education sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. "Je n’étais pas de gauche", dit-il. A l’arrivée de François Mitterrand qu’il a rencontré et apprécié par la suite dans la Creuse, il a quitté la politique pour partir enseigner. De ses années de professeur de philosophie dans la Creuse, il garde de forts bons souvenirs.
Et puis à l’âge de 40 ans, il s’est mis à écrire. On lui prête en 1998 la rédaction de la biographie de Christine Deviers-Joncour, la maitresse de Roland Dumas, ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand et avocat de Pablo Picasso. Il laisse planer le doute. En revanche, il se félicite d’avoir participé en 2001 à l'édition des mémoires de Paul Aussaresses, général qui a avoué dans ce livre avoir eu recours à la torture pendant la guerre d’Algérie. "C’était important d’avoir un témoignage de cette époque", dit-il.
A partir de 2002, Claude Ribbe s’est investi pour la reconnaissance de l’histoire du général Dumas. Né en 1762 à Jérémie (Saint-Domingue, actuel Haïti) des amours d’un marquis originaire de Normandie et d’une esclave, Thomas Alexandre Davy de la Pailleterie, est devenu général pendant la révolution en raison de ses faits d’arme. Il s’est opposé à plusieurs reprises à Napoléon Bonaparte notamment lors de la campagne d’Egypte. Il était hostile au rétablissement de l’esclavage décidé par l’empereur en 1802. De retour d’Egypte, le général Dumas, a été emprisonné pendant trois longues années en Italie et a fini sa vie en 1806 à Villers-Cotterêts après avoir donné naissance, en 1802, au célèbre écrivain, Alexandre Dumas.
Président de l’association des amis du général Dumas, Claude Ribbe milite pour que la statue du général détruite pendant la Seconde Guerre mondiale par les collaborateurs soit reconstruite à l’identique et replacée où elle se trouvait, place du général Catroux, dans le 17e à Paris. "La mairie de Paris, le président de la République, tout le monde est d’accord, mais ça n’avance pas", déplore le Normalien.
#3 Saint-George
En écoutant une émission sur France Musique, Claude Ribbe a découvert par hasard l’existence du chevalier de Saint-George. Né le 25 décembre 1745 à Baillif, près de Basse-Terre, Saint-George a été un compositeur et un musicien virtuose, cavalier brillant et escrimeur hors pair, il a fait partie de la Légion franche des Américains pendant la Révolution française. Comme le général Dumas, sa mère était esclave et son père colon. Les deux hommes se sont connus, mais se sont brouillés pour des raisons politiques, selon Claude Ribbe, "Saint-George n’étant qu’un tiède révolutionnaire". Claude Ribbe se félicite dans #MaParole de la sortie prochaine d’un film américain sur le chevalier de Saint-George, même s’il aurait aimé que ce film soit réalisé et tourné en France.
Colonel réserviste dans l’armée de l’air depuis 1979 et breveté pilote civil depuis 1976, Claude Ribbe s’est passionné pour un autre personnage dont il a écrit la biographie en 2002. Eugène Bullard premier pilote afro-américain dans l’armée française durant la Première Guerre mondiale. "Il s’illustra aussi comme boxeur, artiste de music-hall, légionnaire, jazzman, patron de cabaret, espion, et militant des droits civiques" écrit Claude Ribbe sur son blog Une autre histoire. Eugène Bullard affirmait que son père était originaire de la Martinique. Claude Ribbe a réalisé pour France Ô un documentaire sur Eugène Bullard et il espère bien qu’un jour cet homme-là fera l’objet d’un film de fiction français.
À la prise de son : Anatole Debeaumont
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♦♦ Claude Ribbe en en 5 dates ♦♦♦
► 13 octobre 1954
Naissance à Paris
► 30 novembre 2002
Intervention au Sénat le jour de la panthéonisation d’Alexandre Dumas
► 27 novembre 2006
Président du collectif DOM
► 4 avril 2009
Inauguration d’un monument en mémoire du général Dumas place Catroux
► 10 mai 2014
Commémoration de l’abolition de l’esclavage à Villers-Cotterêts, malgré le véto du maire frontiste