Comité des signataires : alliage solide autour du Nickel calédonien

Le Premier ministre Manuel Valls rencontre les métallurgistes calédoniens de l'usine SLN (Eramet) de Doniambo (Nouméa) le 29 avril 2016.
Le Premier ministre Manuel Valls a renouvelé lundi à Paris le soutien aux activités métallurgiques du nickel en Nouvelle-Calédonie. L’industrie locale, qui compte trois grandes usines, est affectée par la chute des cours du métal intervenue en 2014.

Après 200 millions d’euros (24 milliards de francs pacifique) accordés à la SLN (Eramet), l’Etat double la mise et accorde un prêt de 200 millions d’euros pour soutenir les emplois de l’usine de nickel du brésilien Vale.

Soutien à Vale Nouvelle-Calédonie

Si le silence est d’or, la parole est d’argent. Celle de Manuel Valls en tout cas. En ouverture du 15e comité des signataires de l’Accord de Nouméa, le Premier ministre s’est porté au chevet de la filiale calédonienne du géant brésilien des matières premières Vale. Le gouvernement a décidé d’accompagner financièrement le complexe industriel du Grand Sud autour du gisement minier de Goro. Vale Nouvelle-Calédonie (VNC) se voit accorder un prêt de 200 millions d’euros d’une durée de 10 ans, destiné à soutenir l’activité et le futur de l’usine calédonienne.
Afin de garantir la pérennité de l’usine du Grand Sud, le gouvernement accorde également à Vale Nouvelle-Calédonie une contre-garantie supplémentaire de 220 millions d’euros (27 milliards de francs pacifique) pour accompagner le financement du projet de construction d’un site de stockage à sec des résidus miniers. Une solution protectrice de l'environnement du grand lagon du Sud calédonien. Ce financement ne s’exercera qu’en cas de défaut de la multinationale brésilienne.
 

Le nickel un enjeux majeur

Ce nouveau soutien à la filière du nickel en Nouvelle-Calédonie s’inscrit dans la continuité de la politique gouvernementale. Il s’agit du second plan accordé en 6 mois à un opérateur métallurgique du Territoire. Le prêt accordé à Vale, c'est-à-dire à un groupe étranger, est toutefois une décision exceptionnelle de la part de l’État français. Pour Jean-François Lambert, expert du secteur des matières premières à Londres, « le gouvernement français est plus que jamais décidé à préserver la production de nickel en Nouvelle-Calédonie. En supportant maintenant Vale, après la SLN du groupe Eramet, la France se met aussi à l’abri de l’accusation d’avoir privilégié un groupe français au détriment de ses concurrents, et notamment le Brésilien Vale, en Nouvelle-Calédonie ».

Eramet et la SLN vont gagner en compétitivité

Lundi à Paris, la filiale calédonienne du groupe Eramet n’a pas été oubliée par le Premier ministre. Manuel Valls a indiqué que le gouvernement soutenait le projet d’une centrale électrique par le fournisseur d’énergie public calédonien Enercal, en apportant une garantie de 320 millions d’euros (38 milliards de francs pacifique). Cette centrale qui sera sans doute au gaz naturel liquéfié, alimentera la Nouvelle-Calédonie et l’usine SLN de Doniambo. Sa construction doit permettre un gain de compétitivité considérable au producteur historique du nickel calédonien.

L'usine du Nord dans l'attente

Concernant l’usine du Nord, codétenue par la multinationale anglo-suisse Glencore et la SMSP, filiale de la province Nord indépendantiste, Manuel Valls a indiqué lors de son allocution devant les signataires de l’accord de Nouméa : « les problèmes industriels qui ont frappé cette usine sont, d’après les informations de KNS, en passe d’être surmontés ». Et le Premier ministre d’ajouter : « Des discussions sont en cours avec les services de l’Etat compétents sur la demande de l’entreprise d’aménager le cadre des défiscalisations, pour tenir compte des difficultés rencontrées et des nouveaux projets d’avenir. L’enjeu s’élève à environ 220 millions d’euros ».
Paul Neaoutyine, le Président de la Province Nord de la Nouvelle-Calédonie, devrait venir à Paris dans quelques semaines pour discuter sur l’éventualité d’un soutien financier, d’un geste fort à Koniambo Nickel et à Glencore.

Les élus Calédoniens saluent l'action de Manuel Valls

Toutes ces mesures de soutien de l’État au nickel calédonien seront soumises à l’approbation du Parlement dans le cadre de la loi de Finances rectificative 2016. « Il serait insupportable à la Nouvelle-Calédonie de voir ses usines fermées, je salue donc l’engagement du Premier ministre Manuel Valls » souligne Pierre Frogier, le sénateur (LR) de Nouvelle-Calédonie, interrogé par Gonzague de La Bourdonnaye dans l’émission politique 75 minutes sur Calédonie 1re. « Pour le nickel notamment, nous avons le gouvernement de la République à nos côtés, y compris pour la centrale au gaz indispensable à la Nouvelle-Calédonie » ajoute Philippe Gomes le député UDI de la seconde circonscription du Territoire.

Ce mardi matin à Londres, le cours mondial du nickel est en hausse. Le métal progresse de 7,5 % sur cinq jours. Il dépasse désormais le seuil symbolique des 11.000 dollars la tonne.