Les autorités comoriennes, qui revendiquent depuis une quarantaine d'années la souveraineté de Mayotte, "instrumentalisent" la crise migratoire sur l'île française, au coeur du mouvement actuel à Mayotte, estime Thomas M'Saïdié, maître de conférence au centre universitaire de Mayotte.
•
Les Comores, archipel de l'océan Indien composé des îles de la Grande-Comore, Mohéli, Anjouan et Mayotte, constituaient une colonie française jusqu'à la proclamation de l'indépendance en 1975. Mais Mayotte a décidé de rester dans le giron français. Depuis, la question de Mayotte est un véritable point d'achoppement entre les Comores et la France.
Thomas M'Saïdié, maître de conférence en droit public au centre universitaire de Mayotte estime que les Comores "instrumentalisent" la crise migratoire de l'île française.
Depuis plus de quatre décennies, Moroni revendique la souveraineté sur Mayotte. Sur quelle base ?
Thomas M'Saïdié: Le "territoire des Comores" n'a jamais existé autrement que sur le plan purement géographique, et l'expression n'est qu'une pure création juridique.
Mais il est impensable qu'un candidat à l'élection présidentielle aux Comores puisse être élu sans inclure cette question dans son programme. C'est un peu leur fonds de commerce.
Elle constitue pour les autorités comoriennes un argument politique de taille permettant de haranguer la population, alors même que sur le plan international, elle demeure sans réelle portée.
Le produit intérieur brut (PIB) par habitant est 13 fois plus élevé à Mayotte qu'aux Comores, alimentant une forte émigration vers l'île française, l'une des causes du mouvement social qui paralyse Mayotte. Comment en est-on arrivé là ?
Les reconduites à la frontière à Mayotte représentent un chiffre significatif sur le plan national, qui est souvent brandi fièrement par les différents gouvernements français. En moyenne, on compte environ 20.000 reconduites par an. Cette politique offensive a produit des effets pervers qui étaient pourtant prévisibles à Mayotte. Les conséquences les plus fâcheuses justifient en partie le mouvement général contre l'insécurité, qui paralyse actuellement l'île de Mayotte.
Les enfants, abandonnés car leurs parents ont été expulsés de l'île, sont livrés à eux-mêmes. Tout le monde disait à l'époque qu'ils constituaient "une bombe" à retardement. Cette prévision se vérifie désormais, de manière regrettable. La bombe explose, même si avec une volonté politique et les moyens adéquats, les effets peuvent encore être maîtrisés.
Quelle est la position des Comores sur la situation à Mayotte ?
Les autorités comoriennes considèrent - à tort - que leurs ressortissants, en se rendant à Mayotte, ne font qu'exercer une liberté fondamentale garantie par l'Etat comorien à l'intérieur de l'archipel, à savoir la libre circulation des personnes.
Pour elles, le coupable est tout trouvé, c'est la France. La démarche des autorités comoriennes est particulièrement regrettable, voire irresponsable en ce qu'elle vise en réalité à encourager le phénomène.
Les Mahorais constatent de façon impuissante une irruption massive et incontrôlée des ressortissants comoriens, une situation qui entraîne un profond déséquilibre sur l'Ile. Mayotte est actuellement au bord de l'explosion à cause notamment de la pression migratoire sans précédent qu'elle connaît.
Il n'est pas rare que les autorités comoriennes refusent d'accueillir les personnes faisant l'objet d'expulsion, menant un véritable bras de fer avec la France.
Il s'agit là d'un moyen pour les Comores de mettre la pression sur la France. Elle constitue de manière honteuse un instrument pour l'Union des Comores visant à remettre sur le devant de la scène l'intégration de Mayotte aux Comores. La crise migratoire s'en trouve instrumentalisée, alors que sont en jeu des vies humaines.
Thomas M'Saïdié, maître de conférence en droit public au centre universitaire de Mayotte estime que les Comores "instrumentalisent" la crise migratoire de l'île française.
Depuis plus de quatre décennies, Moroni revendique la souveraineté sur Mayotte. Sur quelle base ?
Thomas M'Saïdié: Le "territoire des Comores" n'a jamais existé autrement que sur le plan purement géographique, et l'expression n'est qu'une pure création juridique.
Mais il est impensable qu'un candidat à l'élection présidentielle aux Comores puisse être élu sans inclure cette question dans son programme. C'est un peu leur fonds de commerce.
Elle constitue pour les autorités comoriennes un argument politique de taille permettant de haranguer la population, alors même que sur le plan international, elle demeure sans réelle portée.
Le produit intérieur brut (PIB) par habitant est 13 fois plus élevé à Mayotte qu'aux Comores, alimentant une forte émigration vers l'île française, l'une des causes du mouvement social qui paralyse Mayotte. Comment en est-on arrivé là ?
Les reconduites à la frontière à Mayotte représentent un chiffre significatif sur le plan national, qui est souvent brandi fièrement par les différents gouvernements français. En moyenne, on compte environ 20.000 reconduites par an. Cette politique offensive a produit des effets pervers qui étaient pourtant prévisibles à Mayotte. Les conséquences les plus fâcheuses justifient en partie le mouvement général contre l'insécurité, qui paralyse actuellement l'île de Mayotte.
Les enfants, abandonnés car leurs parents ont été expulsés de l'île, sont livrés à eux-mêmes. Tout le monde disait à l'époque qu'ils constituaient "une bombe" à retardement. Cette prévision se vérifie désormais, de manière regrettable. La bombe explose, même si avec une volonté politique et les moyens adéquats, les effets peuvent encore être maîtrisés.
Quelle est la position des Comores sur la situation à Mayotte ?
Les autorités comoriennes considèrent - à tort - que leurs ressortissants, en se rendant à Mayotte, ne font qu'exercer une liberté fondamentale garantie par l'Etat comorien à l'intérieur de l'archipel, à savoir la libre circulation des personnes.
Pour elles, le coupable est tout trouvé, c'est la France. La démarche des autorités comoriennes est particulièrement regrettable, voire irresponsable en ce qu'elle vise en réalité à encourager le phénomène.
Les Mahorais constatent de façon impuissante une irruption massive et incontrôlée des ressortissants comoriens, une situation qui entraîne un profond déséquilibre sur l'Ile. Mayotte est actuellement au bord de l'explosion à cause notamment de la pression migratoire sans précédent qu'elle connaît.
Il n'est pas rare que les autorités comoriennes refusent d'accueillir les personnes faisant l'objet d'expulsion, menant un véritable bras de fer avec la France.
Il s'agit là d'un moyen pour les Comores de mettre la pression sur la France. Elle constitue de manière honteuse un instrument pour l'Union des Comores visant à remettre sur le devant de la scène l'intégration de Mayotte aux Comores. La crise migratoire s'en trouve instrumentalisée, alors que sont en jeu des vies humaines.