Le Venezuela a une nouvelle fois promis jeudi d'organiser des élections régionales dans l'Essequibo, le territoire que Caracas réclame au Guyana, qui a promis de poursuivre pour "trahison" toute personne soutenant le scrutin dans la région qu'il administre.
Les élections des gouverneurs et des députés au Venezuela sont prévues le 25 mai et les autorités insistent pour désigner un gouverneur et des députés pour l'Essequibo, générant la colère de Georgetown.
"Le gouverneur de la Guyana Esequiba (autre nom de l'Essequibo) sera élu", a claironné jeudi le ministre de l'Intérieur vénézuélien Diosdado Cabello. "Il y a un litige ? Oui, c'est bien, mais il (l'Essequibo) appartient au Venezuela et il restera vénézuélien".
Une question "réglée depuis longtemps"
Sans expliquer comment il allait procéder, M. Cabello a promis qu'une "consultation" serait organisée avec les "habitants de la région", en faisant référence à l'Essequibo alors que la zone est sous administration guyanienne. La veille, son homologue du Guyana, Robenson Benn, a menacé de poursuivre pour "trahison (...) toute personne" désignée comme autorité vénézuélienne dans cette zone et "toutes" celles qui la soutiendraient.
"La question de l'Essequibo et le règlement, la sentence arbitrale de 1899, ont été réglés il y a longtemps (...) Nous avons le soutien, nous avons l'intérêt, de nos partenaires internationaux, les États-Unis, le Royaume-Uni, l'UE, l'Inde, tous les autres pays, l'Afrique, sur cette question", a-t-il ajouté.
Georgetown avait déjà saisi la Cour internationale de Justice (CIJ), principal organe judiciaire des Nations unies, pour lui demander d'"ordonner au Venezuela de s'abstenir de tout acte sur son territoire souverain".
Mardi, le Guyana a expulsé 75 Vénézuéliens interceptés à bord d'un navire sur la côte de l'Essequibo, région riche en pétrole de quelque 160.000 km² administrée par le Guyana, mais revendiquée par le Venezuela. Début mars, un navire militaire vénézuélien est entré dans la zone maritime au large de la région de l'Essequibo, générant des protestations de Georgetown.
L'Essequibo, dont la population est de 125.000 habitants, soit un cinquième de la population du Guyana, couvre les deux tiers de la superficie du pays. Le différend ancien sur l'Essequibo a été ravivé lorsqu'en 2015 ExxonMobil a découvert des gisements qui confèrent au Guyana, pays de 800.000 habitants, les réserves de pétrole brut per capita parmi les plus élevées au monde.
Caracas estime que l'accord de Genève signé en 1966 – avant l'indépendance du Guyana – jette les bases d'un règlement négocié hors de la CIJ et soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de l'empire espagnol. Le Guyana assure de son côté que la frontière, datant de l'époque coloniale anglaise, a été entérinée en 1899 par une cour d'arbitrage à Paris. Et demande à la CIJ de le ratifier.