Le discours d'Emmanuel Macron devait lui permettre de défendre ses mesures -baisse des dotations, suppression des contrats aidés et de la taxe d'habitation- impopulaires auprès des maires. Le chef de l'Etat n'a manifestement pas convaincu tous les élus ultramarins.
"C'est nul"
Parmi les détracteurs, Annette Salibur, adjointe divers gauche au maire de Pointe Noire (Guadeloupe) n'y est pas allée de main morte :"C'est nul. Comment les communes vont faire pour survivre ? En baissant toutes les dotations, en supprimant la taxe d'habitation, en supprimant les contrats aidés, Macron nous dit quoi aujourd'hui ? Que les communes ne peuvent plus exister. Il demande beaucoup trop d'économies aux maires. Toutes les dotations sont en baisse, mais les communes vont vivre comment ? Est-ce qu'il veut supprimer les communes ?"
"Rassurant"
A l'inverse, le président de l'association des maires de Mayotte, Saïd Omar Oili (NEMA) s'est dit satisfait du discours d'Emmanuel Macron.
"Ce qu'il a dit nous concerne directement, nous les Outre-Mer, avec ce problème de normes où à chaque fois il faut attendre que les décisions viennent à Paris, et reçoivent le cachet des ministères, alors que nous avons parfois des situations d'urgence. Effectivement, la République doit se renouveler. Ce discours est très volontariste et ne renie pas les engagements qu'il a pris pendant la campagne. Cela nous rassure, car nous avons aussi des réponses concernant la fiscalité."
"Un discours un peu gêné"
Le député réunionnais Les Républicains David Lorion n'a pas été rassuré par le discours. Il a notamment critiqué l'annonce d'Emmanuel Macron de modifier l'article 72 de la Constitution, qui régit le statut et les compétences des collectivités locales.
"C'est un discours un peu gêné aux entournures parce que les décisions ont déjà été prises pendant l'été et il le reconnaît volontiers... Que ce soit la diminution des contrats aidés ou la déstabilisation des bailleurs sociaux, il a aujourd'hui du mal à justifier ses décisions. Il fait appel aux Assises de l'Outre-mer mais ces Assises vont avoir du mal à remettre en cause ses décisions. Il prend le chemin de l'émancipation, du fait notamment qu'on doive bousculer la constitution, aux articles 72 et 73. Je trouve que c'est un mauvais chemin. On a pas besoin d'instabilité institutionnelle. On a besoin d'abord d'orientation très claire du gouvernement pour investir dans les Outre-mer : dans l'éducation, dans l'ensemble des services publics qui nous manquent ."
"Un sens de l'écoute"
Alcide Ponga, le maire Rassemblement-UMP de Kouaoua (Nouvelle-Calédonie), a de son côté loué "un sens de l'écoute du président de la République"."Il est ouvert à ce qu'il puisse y avoir une discussion entre l'Association des maires de France et son gouvernement, pour qu'on puisse faire avancer les choses et ne pas se les faire imposer comme on a pu le comprendre au moins de juillet. Il faut attendre les travaux jusqu'au bout pour savoir si on aura des éléments positifs. Mais il est rassurant de savoir que ce qu'on croyait imposé ne le sera peut-être pas dans les semaines et mois à venir, on pourra avoir notre voix et c'est ce que l'on demandait."
"Un manque de lisibilité"
Le manque de clarté du discours d'Emmanuel Macron a également été pointé du doigt par certains participants, comme Ferdy Louisy, le maire divers gauche de Goyave (Guadeloupe)."Beaucoup de réformes sont annoncées en filigrane. Le discours aurait dû être beaucoup plus clair que ce que nous avons entendu aujourd'hui. Il n'y a pas suffisamment de précisions. Après, on nous demande de travailler, mais c'est déjà ce que nous faisons, nous les maires. A partir du moment où on va toucher à l'appareil législatif, on demande qu'on nous dise quel outil législatif sera mis à notre disposition pour qu'on puisse continuer à dynamiser nos territoires, les développer. Le président de la République a dit : "Relevez le défi". Moi je lui dis : "Ne nous privez pas d'espoir"