Conjoncture économique 2018 des Outre-mer : évolution stable, certains territoires en difficulté

La conjoncture économique des Outre-mer a été stable en 2018 avec des disparités selon les territoires, notamment à La Réunion où le mouvement des "gilets jaunes" a été important, selon le rapport publié jeudi par l'IEOM et l'IEDOM.
Ce jeudi a été publié le rapport annuel de l'IEOM et de l'IEDOM. L'indicateur du climat des affaires (ICA), outil de conjoncture économique constitué à partir d'une enquête auprès de 1.000 entreprises, "s'inscrit dans la continuité de 2017 mais avec des évolutions géographiques qui sont très contrastées", a indiqué Marie-Anne Poussin-Delmas, présidente de l'Institut d'émission des départements d'Outre-mer (IEDOM) et l'Institut d'émission d'Outre-mer (IEOM) lors d'une conférence de presse jeudi.


La Réunion bloquée par les gilets jaunes

A La Réunion, l'indicateur est "à son plus bas niveau depuis 5 ans" du fait du mouvement des "gilets jaunes" qui avait bloqué La Réunion pendant deux semaines en novembre et décembre 2018.
"C'est l'industrie agro-alimentaire qui a été le plus touché par le mouvement des +gilets jaunes+", a précisé Mme Poussin-Delmas. 
 

Evolutions contrastées selon les territoires

Le climat des affaires est décrit à Mayotte comme "résilient suite aux mouvements sociaux du début d'année" et "volatil" en Martinique à cause d'une "incertitude des entreprises"

Il "s'est relevé" en Guyane en 2018, grâce au plan d'urgence qui a soutenu les investissements des entreprises et son amélioration "s'est confirmée" en Guadeloupe.

En Nouvelle-Calédonie, l'indicateur continue d'être dégradé, notamment à cause de "tensions sociales dans le secteur du nickel" et des "incertitudes institutionnelles" comme le référendum. 

Malgré le "manque de visibilité des acteurs économiques", les exportations enregistrent "une année record" en Nouvelle-Calédonie avec +19% de valeur.

En Polynésie française, l'indicateur "demeure stable à un niveau élevé", avec des reprises d'embauches "dans la majorité des branches" et "une hausse des revenus des ménages".

"La consommation et l'investissement sont restés relativement dynamiques sur l'exercice 2018", a résumé Stéphane Foucault, directeur des instituts. 


Un taux de chômage toujours élevé mais le marché du travail va mieux

Le marché du travail affiche quant à lui des "signes d'amélioration".  "Il y a une baisse quasi générale du nombre de demandeurs d'emploi dans les départements d'Outre-mer" à l'exception de la Réunion, a poursuivi M. Foucault. Une légère baisse est également constatée dans le Pacifique. Saint-Pierre-et-Miquelon continue à friser avec le plein-emploi, malgré une légère dégradation.

Pour autant, le taux de chômage reste "structurellement" plus élevé en Outre-mer qu'en métropole : sa moyenne est de 21,7% contre 8,8% au niveau national. 

Concernant les projections, Mme Poussin-Delmas a mis l'accent sur "l'impact de l'évolution de la démographie", soulignant que la population ultramarine représenterait 4,3% de la population nationale en 2050 (4% aujourd'hui), selon les données de l'Insee. 

Chaque territoire devra également faire face à des défis spécifiques : les chantiers en projet dans le cadre du Plan d'urgence en Guyane, le possible ralentissement du secteur du tourisme en Guadeloupe, la résilience des entreprises face au mouvement des "gilets jaunes" à la Réunion... 
 
Les rapporteurs évoquent également "l'économie verte" comme "levier de croissance durable" qui pourra être développé dans les années à venir. Dans les Outre-mer, ce secteur représente à l'heure actuelle 3,9% de l'emploi.