Mayotte est présentée ces derniers temps par le prisme de l’opération Wuambushu comme une terre de délinquance, d’immigration illégale et d’habitats insalubres. Mais une autre image de l’archipel ressort avec LADOM : celle de jeunes Mahorais en quête d’avenir à travers des formations professionnelles et des études supérieures.
Dans son rapport d’activités 2022 publié ce 26 juin, l’agence remarque en effet que Mayotte "se distingue en enregistrant une activité supérieure à « l’avant Covid » (+ 26 %)." "Les Mahorais n’ont jamais été aussi nombreux à s’engager dans une formation qualifiante/diplômante, leur permettant ainsi d’améliorer leur niveau de compétences et d’employabilité", note le directeur de l’agence, Saïd Ahamada, dans son édito.
Sur les deux dispositifs pour se former professionnellement ou étudier dans l’Hexagone, les Mahorais sont en effet ceux qui ont le plus sollicité ces aides en 2022 par rapport aux autres Ultramarins.
8 millions € pour des étudiants mahorais
Tout d’abord, le passeport pour la mobilité des études (PME), destiné aux étudiants pour payer leur billet d’avion, participer à l'installation et leur fournir une indemnité dans le cadre d’un cursus dans l’Hexagone, a ainsi profité à 9.276 jeunes Ultramarins en 2022. Dans le détail, l’on se rend compte qu’une majorité de ces étudiants sont Mahorais (43 %), comme le montre le graphique ci-dessous :
Par ailleurs, sur les près de 15 millions d’euros engagés dans ce dispositif en 2022, plus de la moitié du budget a été utilisée en faveur de Mayotte.
En comparant avec 2019 (2020-2021 étant des années marquées par la crise sanitaire), l’on s’aperçoit que même si les étudiants sont moins nombreux qu’il y a quatre ans (9.276 en 2022 contre 11.836 en 2019), les proportions sont revenues à celles d’avant-Covid, où les bénéficiaires étaient majoritairement Mahorais (42 %), et où plus de la moitié du budget de ce dispositif avait été consacrée à Mayotte.
Mayotte, 1ᵉʳ territoire demandeur de formations
La différence majeure concerne l’autre dispositif de LADOM, le passeport pour la mobilité de la formation professionnelle (PMFP). Il est similaire au PME sauf qu’il s’adresse aux demandeurs d’emploi qui souhaitent suivre, comme son nom l’indique, une formation professionnelle dans l’Hexagone.
Comme le PME, le PMFP n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant-Covid : 1.654 Ultramarins en ont bénéficié en 2022, contre 2.815 il y a quatre ans. Malgré cette baisse, Mayotte est le seul territoire avec la Polynésie où le nombre de bénéficiaires a clairement augmenté en 2022 par rapport à 2019. La plupart des autres territoires ont en effet vu le nombre de dossiers baisser.
Alors même qu’il n’est pas le plus peuplé des Outre-mer, l’archipel de l’océan Indien devient donc en 2022 le territoire qui compte le plus de demandeurs d’emploi à aller se former dans l’Hexagone avec LADOM, comme on peut le voir sur ce graphique :
De 9 à 88
Rappelons que l’agence propose aussi depuis 2018 un dispositif spécifique baptisé "Cadres d’avenir Mayotte". Il "a vocation à former, dans le cadre d’une mobilité, de futurs cadres intermédiaires et supérieurs dont Mayotte aura besoin pour assurer son développement d’études".
Pour ce faire, le bénéficiaire accompagné par l’agence s’engage à revenir à Mayotte après avoir effectué un stage ou une première expérience professionnelle. Si ce dispositif reste encore mineur, on voit cependant une nette croissance depuis 2018 (hors 2020, année marquée par le Covid).
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