Les contrats du pétrole : une mission du Guyana est en Ecosse

Délégations du Guyana et de l'industrie pétrolière écossaise à Aberdeen
Frédéric Hamley Case est l’ambassadeur du Guyana au Royaume-Uni. Il conduit la mission commerciale venue de Georgetown à Aberdeen. La capitale écossaise de l’or noir propose ses entreprises et leur savoir-faire au prochain grand producteur de pétrole d’Amérique du Sud.
 
Durant cinq jours, des présentations, des négociations, des visites permettent à la délégation du Guyana de découvrir le cœur de l’industrie pétrolière écossaise. Une industrie sans raffinerie ni usine. Mais une industrie du savoir-faire, de l’expertise, de l’investissement. Les plateformes pétrolières sont au large, elles produisent dans les règles de l’art et le respect des normes environnementales les plus strictes.

Reçue lundi matin à l’hôtel de ville d’Aberdeen, en présence des principaux responsables de l’industrie pétrolière et du maire de la ville, la délégation venue de Georgetown a entamé des rencontres, à huis clos, avec les responsables des firmes et des sociétés d’ingénieries venues présenter leurs propositions pour le développement de l’industrie du Guyana. Plusieurs dizaines d’étudiants sont attendus pour des formations dans l’industrie pétrolière, début 2019 à Aberdeen. Pour Greg Quinn, Haut-Commissaire du Royaume-Uni au Guyana, le pays va sortir de la spirale de la pauvreté : "l’argent du pétrole, plusieurs milliards de dollars chaque année, doit servir principalement à construire des hôpitaux, des écoles, des infrastructures." 


Le pétrole, atout du Guyana

Frédéric Hamley Case, l’ambassadeur du Guyana au Royaume-Uni est optimiste mais réaliste. Le choix d’une bonne gouvernance et de la transparence s’impose à son pays, le Guyana : "nous sommes le pays le plus pauvre de l’hémisphère-sud après Haïti, nous ferons en sorte que la rente pétrolière du Guyana soit gérée avec intelligence et intégrité pour le bénéfice de notre population. L’Ecosse est un exemple d’exploitation responsable du pétrole, nous voulons nous en inspirer et développer notre industrie avec son aide et surtout créer des emplois tout en protégeant l'environnement."


Un gisement offshore nommé Liza

Cette première rencontre entre responsables des Chambres de Commerce de Georgetown et d’Aberdeen sera suivie d’une seconde encore plus importante au Guyana, le 19 janvier prochain. "Nous entendons développer une coopération avec l’industrie pétrolière écossaise, bénéficier de son expertise afin de ne pas dépendre uniquement de nos amis américains d’Exxon Mobil" souligne encore l’ambassadeur du Guyana au Royaume-Uni. Exxon Mobil a découvert d’énormes réserves de pétrole au large des côtes du pays, sur le plateau maritime des Guyanes. Des réserves estimées à plusieurs milliards de barils de pétrole. Entre 2020 et 2025, selon les dernières estimations, près de 750.000 barils par jour seront extraits du block Stabroerk-maritime et du grand gisement offshore dénommé Liza. Le Guyana peut en espérer une rente annuelle de plus de 3 milliards d’euros, car ce pétrole, léger et presque sans impuretés, est d’excellente qualité.


La Russie s’intéresse au Guyana

L’ambassadeur du Guyana possède tous les codes de la diplomatie britannique, le sérieux mais aussi l’art de faire passer des messages, lui qui ne sert que les intérêts de son pays. Ainsi, il indique au détour de la conversation et avec un léger sourire qu’il rentre de Russie. "J’ai été reçu en fin semaine  dernière par le président Vladimir Poutine et par le ministre des affaires étrangères Sergeï Lavrov, ils soutiennent notre volonté de développement et sont prêts à nous apporter leur soutien et l’expertise des compagnies russes pour développer notre industrie pétrolière." En évoquant la Russie ou encore la Chine ou le Japon, M. Hamley Case fait passer un message à ses amis britanniques et écossais, il montre que son pays dispose d’atouts, de cartes dans son jeu. Les négociations économiques et diplomatiques autour du Guyana, prochain producteur de pétrole d’Amérique du Sud, ont commencé à Aberdeen.