Coronavirus : Asie-Pacifique ou Antilles, le transport aérien souffre, résiste ou défaille

Les réductions de capacités se multiplient. Plusieurs compagnies renoncent à leurs prévisions financières. Korean Air est dans une situation alarmante, l’australienne Qantas est dans la tourmente.
 
L'ensemble du secteur du transport aérien continue de s'enfoncer dans la crise liée à l'épidémie de coronavirus, qui conduit de nombreuses compagnies à revoir en baisse leurs capacités et leurs objectifs de résultats, et pour certaines à évoquer un risque de faillite pure et simple.

Korean Air et Quatas, fortes turbulences
En Asie, Korean Air Lines numéro un du secteur en Corée du Sud, a averti que sa survie même pourrait être compromise par l'épidémie, qui l'a obligée à réduire ses capacités à l'international de 80% et à immobiliser 100 de ses 145 avions. "Si cette situation se prolonge, nous pourrions arriver au stade où nous ne pourrons pas garantir la survie de la compagnie", a reconnu son président, Woo Kee-hong, dans un message aux salariés.

Quantas n'est pas Air Tahiti Nui...
L'australienne Qantas Airways, qui réduira ses capacités à l'international de près de 25% sur les six prochains mois, veut reporter la livraison d'Airbus A350 pour s'adapter à la chute de la demande. Elle a précisé qu'elle n'était plus en mesure d'estimer l'impact financier du coronavirus. Ses principaux dirigeants ont renoncé à leurs salaires pour l'instant, les cadres ne toucheront plus de primes et tous les salariés sont invités à prendre des congés, payés ou sans solde.

A Paris, Air Tahiti Nui (ATN) indique ne pas modifier son programme entre CDG et Papeete, les vols et le programme sont maintenus, les passagers ont besoin d'être rassurés. ATN réduit la voilure, en revanche, sur le Japon avec "un vol sur deux maintenu au départ de Tahiti jusqu'à mi-juin, c'est l'effet Coronavirus en Asie, c'est une décision subie" précise Jean-Marc Hastings le directeur d'ATN à Paris.

En Chine, où a débuté l'épidémie, les vols annulés se comptent désormais en dizaines de milliers et HNA Group, actionnaire de plusieurs compagnies du pays dont Hainan Airlines, s'est déclaré en "état de guerre" pour tenter de limiter l'impact financier de la crise.

Crise du secteur
Le secteur du transport aérien est l'un des plus durement touchés par les répercussions de l'épidémie: la capitalisation boursière cumulée de 20 premières compagnies cotées a chuté de 70 milliards de dollars, soit près d'un tiers, depuis le début de cette année selon les calculs de Reuters. La crise a déjà fait une victime, la britannique Flybe, qui a déposé le bilan la semaine dernière.

Parmi les situations les plus tendues figure celle de Norwegian Air: la compagnie à bas coûts norvégienne, dont la valeur boursière a fondu de 70% depuis le 1er janvier, s'apprête à mettre en chômage technique une part "importante" de ses effectifs et ne fait plus aucune prévision financière pour 2020.

Corsair agile et réactif
De son côté Air France-KLM, qui a vu son trafic passagers baisser de 0,5% en février, a dit s'attendre à ce que l'impact de l'épidémie augmente au cours des prochains mois. Air France prévoit d'annuler 3.600 vols au total sur le seul mois de mars, dont 25% de ses capacités en Europe. Corsair, l’un des principaux acteurs du transport aérien vers les Antilles évoque une situation trés évolutive, "il faut être trés agile et trés réactif" indique Pascal de Izaguirre, le PDG de Corsair qui ajoute, "nous maintenons notre programme, notamment vers les Antilles, sur la période mars, avril, après nous verrons en fonction de l'évolution de la situation".

Bruxelles à la rescousse
Seule petite consolation pour les compagnies européennes: Bruxelles a proposé mardi de suspendre la règle qui les oblige à assurer 80% de leurs liaisons pour conserver leurs créneaux d'atterrissage et de décollage, ce qui a conduit nombre d'entre elles à faire voler à vide une partie de leur flotte ces dernières semaines.