Coronavirus : la continuité territoriale coûte que coûte pour les compagnies aériennes

Face à l’épidémie de Covid-19, les compagnies aériennes ont prévu de réduire leurs vols partout dans le monde, y compris en France. Pour autant, nombreux sont les voyageurs qui comptent sur des vols pour transiter entre Hexagone et outremer.
"C’est une situation inédite", martèle d’emblée Asma Kalfane. Pour cette responsable commerciale des agences Issoufali à Mayotte, le coronavirus a de nombreuses conséquences sur le secteur aérien. Dernière en date : les fermetures de frontières de pays pour qui les ressortissants français sont désormais persona non grata. "Les États introduisent de nouvelles règles tous les jours obligeant à des annulations de vols sans préavis", déplore la FNAM, la Fédération nationale de l’aviation marchande. Ce syndicat des compagnies aériennes françaises redoute un "shutdown" international, soit la fermeture de l’espace aérien. 

Ce mercredi, les vols de toutes les compagnies ont été annulés en direction de Tananarive, à Madagascar. Les liaisons entre la métropole et les départements d’outremer, elles, sont maintenues. "Des rumeurs d’annulations circulent sur internet, poursuit Asma Kalfane, qui représente Air Austral, Ewa Air et Air France, mais elles sont totalement fausses."
 
Au contraire, la continuité territoriale est une priorité, à en croire Mathieu Guillot, attaché de presse d’Air France. "Nous devons rester au côté de nos concitoyens en permanence et tout mettre en place pour eux", ajoute-t-il. Seront mis en place, en effet, des tarifs plafonnés, "adaptés à la situation", précise l’attaché de presse. Ceux-ci pourraient permettre aux ressortissants de se mettre à l’abri ou de regagner leur domicile rapidement. Une mesure demandée par le gouvernement, hier soir, pour tous les ressortissants français.
 

Une réduction du trafic aérien sans précédent

La suite est incertaine, pour toutes les compagnies. "L’activité devrait chuter dès la semaine prochaine, anticipe Air France. Nous pourrions être amenés à n’assurer que 10 % de notre programme habituel pour plusieurs semaines." En clair, les restrictions, qui tombent encore ou compte-goutte, pourraient bien avoir raison de 90 % du trafic aérien des compagnies françaises.

Résultat : dès les premières annonces gouvernementales, les voyageurs se sont rués vers les agences. "Ici à notre agence de Mamoudzou, raconte Asma Kalfane, nous restons ouverts pour assurer la continuité pour les passagers en direction de La Réunion ou de l’Hexagone." Pour autant, le ralentissement de l’activité est sans précédent. Service minimum dans les aéroports, traitement en urgence des départs dans moins de 72 heures, personnels d’Air France, British Airways, Aircalin et Air Austral en télétravail… Seules les ressources des centres d’appel ont été revues à la hausse pour pallier la saturation des lignes, par des clients paniqués.
 

Un "sauve qui peut" général

"L’atmosphère est pesante pour nous, avec tous ces passagers en détresse qu’il faut rassurer. Les gens ne comprennent pas qu’il ne faut pas paniquer. Dans les aéroports, il y a beaucoup de monde, démunis. Les gens veulent partir à tout prix, se réfugier. C’est un peu du "sauve qui peut"", explique encore Asma Kalfane.
 
Partout dans le monde, le secteur de l’aérien est touché. Les commentateurs comparent déjà la situation des compagnies à celle des banques lors de la crise financière de 2008. Le secrétaire américain du Trésor, lui, est aussi pessimiste. Steven Mnuchin estime en effet que les compagnies aériennes se trouvent dans une situation "pire que le 11-Septembre", suite aux restrictions de voyage établies face à la propagation du nouveau coronavirus.
 

Aucune liaison de et vers l’outremer annulée

La comparaison ne rassure pas Mathieu Guillot, d’Air France. Pour lui, la situation actuelle est encore plus sérieuse. "Le 11 septembre 2001 était un événement localisé, qui a entraîné une suspension du trafic limitée dans le temps et l’espace. Lors des premières phases du Covid-19, les vols de et vers l’Asie étaient surveillés voire annulés. Mais aujourd’hui, tout est beaucoup plus flou. Aucune zone n’est épargnée, et on ne sait pas pour combien de temps."

À l’heure actuelle, dans les aéroports et les agences, la question que tous les voyageurs se posent est simple : les vols réservés pourront-ils être effectués ? "Le programme de vol est évolutif. Donc on ne sait pas si tous les vols seront maintenus ou annulés", avoue Mathieu Guillot, "y compris pour ou de l’outremer". Pas de panique cependant. Les liaisons étant maintenues, si un vol est annulé, il sera reporté ou le billet remboursé.