Coronavirus : la pandémie disrupte les producteurs de nickel de la zone Asie-Pacifique

La "stratégie nickel" de la Nouvelle-Calédonie est confrontée à des concurrents régionaux sous pression. Les derniers échos de Londres font état d’un marché peu actif. Cette semaine, le risque baissier a dominé.
 
Lundi étant un jour férié en Chine, le marché des métaux restera sans doute inconstant en début de semaine, indique le négociant Marex Spectron. Inconstant, mais sans doute orienté à la baisse.

Contexte économique
10 millions de personnes ont perdu leur emploi aux Etats-Unis, et les dernières données disponibles indiquent que le coût de la pandémie de coronavirus pourrait atteindre 4,1 billions de dollars, soit près de 5 % du produit intérieur brut mondial. Seule donnée positive, la relance des dépenses d’infrastructures aux Etats-Unis pourrait apporter un soulagement à court terme qui soutiendrait un peu les prix des métaux industriels…

Chacun pour soi
Le nickel n’a pas rebondi cette semaine. La pandémie pèse sur la demande industrielle, et surtout les producteurs indonésiens de nickel auraient exhorté leur gouvernement à assouplir l’interdiction d’exportation de minerai pour aider à compenser la chute des exportations de nickel transformé, sous forme de fonte ou de ferronickel. Davantage de minerai indonésien sur le marché ? Les analystes ont répercuté l’hypothèse et spéculé sur une baisse des prix. Alors que la Canada et la Nouvelle-Calédonie ajustent leur production à la baisse, et contribuent à soutenir les prix par une diminution de l’offre de nickel, la reprise éventuelle des exportations de l’Indonésie, premier producteur mondial, a semé le doute.

Stocks relativement élevés
Les stocks de nickel métal, sous mandat du LME, restent relativement élevés à 174.000 tonnes, des niveaux au plus haut depuis novembre 2018.
Logiquement, le cours du nickel a chuté pour atteindre un plus bas de 10.950 dollars la tonne. "Les prix des métaux de base fléchissent, victimes d’un optimisme décroissant" a résumé Amy Hinton, journaliste au Métal Bulletin de Londres.

Philippes, Papouasie-Nouvelle-Guinée
Pour le moment, le nickel fléchit mais ne s’effondre pas. Les Philippines, qui auraient dû relancer leurs exportations début avril avec la fin de la saison des pluies, sont confrontées à la pandémie. SMM, le fil d’actualité du marché des métaux de Shanghai, croit savoir que 70 % des exportations de minerai du pays seraient impactées et ralenties par les conséquences sanitaires du coronavirus. La fermeture provisoire par l'opérateur chinois Nickel Asia de la mine de Surigao Del Norte, pour cause de coronavirus, entrainerait déjà une baisse de 20 % des capacités d'exportation des Philippines. Enfin, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a décrété l’état d’urgence sanitaire, ce qui paralyse les exportations de nickel destinées à l’industrie des batteries électriques. Les navires chinois sont interdits de séjour à Port Moresby et dans tous les ports du pays, or la PPG représente près de 50 % des importations chinoises de sulfate de nickel raffiné pour l’industrie automobile.

Un nickel sous les 10.000 dollars/tonne ?
En dépit de ces informations contradictoires, le pessimisme domine. Citi a abaissé ses prévisions de court terme sur les principales matières premières. La banque américaine s’attend à ce que le minerai de fer tombe à 70 dollars la tonne et que le nickel chute à 9.500 dollars la tonne. Pour autant, l’un des principaux investisseurs dans le pétrole et les métaux reste à l’Achat sur les géants miniers du secteur des métaux. Citi montre un intérêt particulier pour l’Anglo-australien BHP Billiton. 

Cours du nickel au LME de Londres 03/04/20 - après clôture : 11.215 dollars/tonne -0,69 %. Sur la semaine, le nickel perd 1,75 % et 13 % sur un mois. Depuis le 01/01/20, la baisse du métal à la Bourse des métaux de Londres (LME) est de 20,19 %.