Le coronavirus pèse aussi sur le "minerai vert" : le nickel (calédonien) a souffert

Minerai de nickel calédonien
Le coronavirus est décidément une mauvaise nouvelle pour les producteurs de nickel. Les cours continuaient de baisser vendredi devant la propagation de l’épidémie virale hors de Chine et ses conséquences potentielles sur les échanges et la demande mondiale en métaux industriels.
 
L'Indonésie, premier producteur de nickel au monde, "ressent l'impact du Covid-19", ont expliqué les analystes d'ING Warren Patterson et Wenyu Yao à l'AFP. "Certaines exportations de nickel et d'acier inoxydable à destination de Chine, d'une valeur totale de 11 milliards de dollars, seront probablement retardées de plusieurs mois," ont-ils ajouté, se référant aux propos d'un ministre indonésien.

Sur le London Metal Exchange (LME), la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s'échangeait à 12.237 dollars vendredi à 17H40 GMT (-1,13 %). Sur la semaine le métal perd 2,66 %. Sa performance est de -13 % depuis le début de l'année.

Le spectre de la crise est de retour
La situation est donc tendue pour les usines de ferronickel. Le cours du métal, parfois surnommé "métal du diable", frise désormais les 12.000 dollars la tonne, avec des primes négatives de près de 2000 dollars. Le prix négocié est donc proche de 10.000 dollars, largement sous les coûts de production des principaux producteurs mondiaux. "La situation commence sans doute à redevenir préoccupante pour la SLN et KNS en Nouvelle-Calédonie", indique un analyste londonien, sous couvert d’anonymat.
 

La situation est sérieuse, on voit s’approcher le spectre d’une nouvelle crise des métaux industriels, comme en 2016. Le nickel a chuté à ses cours les plus bas depuis juin 2019. Tout va dépendre de l’évolution de l’épidémie, si elle se stabilise ou régresse, les investisseurs seront rassurés. Sinon, la demande pourrait sombrer et les prix du nickel ou du cuivre aussi. Alexandre Baradez, responsable des analyses marchés chez IG France


L'épidémie paralyse l'économie
L’épidémie de coronavirus provoque un malaise à la Bourse des métaux de Londres et sur les marchés mondiaux. Si la Chine était jusqu’à présent l’unique foyer mondial de l’épidémie, le risque s’est multiplié avec l’émergence de nouveaux pays sources comme la Corée du Sud. En Chine, où la maladie a tué près de 2.800 personnes, les nouvelles contaminations sont en forte baisse. Mais Pékin n'entend pas relâcher la pression. Car un nouveau foyer d'infection a encore été détecté cette semaine dans la capitale, et deux décès supplémentaires enregistrés vendredi.

L'Indonésie encore
L'épidémie de pneumonie virale handicape l'économie chinoise, avec le confinement de dizaines de millions de personnes, tandis que des dizaines de pays imposent des restrictions aux voyageurs venant de Chine. Conséquence immédiate pour de multiples projets financés par Pékin en Asie : les livraisons de matériaux ont cessé et, surtout, la main d'œuvre d'ouvriers chinois fait défaut. Ainsi, sur l'île indonésienne de Sumatra, où la construction de la centrale hydroélectrique Batang Toru est suspendue, ainsi que plusieurs projets métallurgiques ralentis dans le nickel à Sulawesi, faute de travailleurs, après la décision de l'Indonésie d'interrompre ses vols avec la Chine continentale. Paradoxe, cette paralysie de certains projets indonésiens a freiné la baisse des cours du nickel. 

La zone Asie-Pacifique impactée
Les marchés financiers en Asie finissaient vendredi une semaine dure, avec la perspective de conséquences sérieuses sur l'économie mondiale de l'épidémie de coronavirus. A Sydney ou à Wellington, la baisse avoisinait ou dépassait 2 % vendredi. D'après Moody's Analytics, "l'exposition de la région Asie-Pacifique au virus est considérable". "La Chine est le premier partenaire commercial pour la plupart des économies de la région, et avec une activité économique entravée par le virus, les répercussions vont se faire ressentir dans le reste de la région", ont écrit les économistes de l'agence de notation. L'espoir, encore et toujours, c'est donc que l'épidémie se stabilise ou régresse...
 
Evolution hebdomadaire des cours du nickel au LME.