Coup de gueule du Réunionnais Ronan Pallier, remplaçant aux Jeux Paralympiques de Paris 2024

Le para athlète réunionnais Ronan Pallier pour La1ère.
Ronan Pallier est en colère et il y a de quoi. À 53 ans, le sauteur en longueur comptait faire ses adieux lors des prochains Jeux Paralympiques. Il avait tous les atouts : un palmarès, l'expérience et des minima décrochés mi-juillet. Sauf que le Réunionnais n'est que remplaçant. Incompréhensible. D'où son coup de gueule.

Difficile de lui reprocher un quelconque manque d'expérience. Ronan Pallier compte pas moins de deux médailles de bronze paralympiques. À Pékin en 2008 sur le relais 4 fois 100 mètres. Et en 2021 à Tokyo sur le saut en longueur. À 53 ans, le Réunionnais demeure l'incontestable numéro 1 français dans sa catégorie T11 (déficient visuel). Lors des derniers championnats de France à Albi, un seul saut lui a suffi pour réaliser les minima olympiques. 6,18 m. De quoi attendre la sélection officielle pour Paris 2024 avec une certaine sérénité. Or pour l'instant, Ronan Pallier n'est que remplaçant. Une décision que le paraathlète ne s'explique pas.

Ronan, comment avez-vous appris la nouvelle ?

La Commission s'est réunie lundi dernier (15/07). Le lendemain, je me doutais qu'ils allaient m'appeler. Ça ne m'inquiétait pas. Je suis parti m'entraîner normalement. Après quoi, Guy Ontanon, le directeur de la performance me contacte pour m'annoncer que je ne suis finalement pas retenu. Juste remplaçant.

Comment justifier une telle décision ?

On a dit que mon état de forme était insuffisant. Alors que mes performances n'ont cessé de progresser depuis le mois d'avril. Ensuite, on m'a reproché d'avoir réalisé mes minima olympiques trop tard ! Je ne vois pas trop où est le problème. J'ai obtenu ces minima lors des championnats de France. Soit dans la fenêtre de qualification paralympique.

Les minima en poche, un palmarès et de l'expérience. Et pourtant vous n'êtes pas retenu. C'est difficile à comprendre.

Je crois qu'ils se moquent de l'expérience. C'est triste à dire, mais c'est la réalité. Par ailleurs, se qualifier en paraathlétisme reste plus compliqué qu'en athlétisme. Les minima ne sont pas une garantie. La France dispose d'un quota de places et la Commission fait ensuite un choix. Arbitraire forcément. Puisqu'au final, la performance pure n'est pas déterminante.

Comment vivez-vous tout ça ?

Sur le coup, j'étais en colère. Il y a de l'injustice. Beaucoup d'injustice. N'oublions pas que le niveau paralympique se situe bien au-dessus du niveau mondial. Dans la liste des sélectionnés tricolores, beaucoup ne feront pas de podium. Le para athlétisme aurait pu exiger trois ou quatre places de plus. La France est quand même le pays organisateur de ces Jeux.

Peut-on encore espérer vous voir aux prochains Jeux Paralympiques ?

Je suis remplaçant. Pour l'instant, j'attends le 5 août. Je participerai aux Jeux si un para athlète se blesse avant la compétition. Ou si la France récupère des places supplémentaires. D'ici là, je m'entraîne. Je fais mon truc. On fera les comptes après. Mais si je ne suis pas retenu pour Paris 2024, je repars pour 1, 2, 3, voire 4 ans. Je vais les dégoûter !