Tranvanoé Pirer a la Martinique dans le sang, et il n’hésite pas à le faire savoir. Quand on lui demande quel est son modèle chez les Bleus, il répond du tac au tac : "C’est Varane ! Obligé... Même si ces temps-ci, il est un peu… Mais c’est lui ! Parce que c’est la Martinique, on soutient le pays quoi !"
Au-delà des origines communes, il s’inspire aussi de joueur de Manchester sur le terrain car ils évoluent tous les deux au poste de défenseur central. "Je trouve qu’il est rapide dans ses interceptions, c'est bien, physiquement il est là, il est présent', analyse le jeune Dijonnais.
"Je prends exemple sur sa sérénité quand il joue, je regarde des vidéos par-ci par-là." Mais pas question de copier-coller son modèle : "Je préfère avoir mon style de jeu à moi."
"Ça va bugger un peu"
S’il soutient sans hésitation Raphaël Varane, Tranvanoé est plus "mitigé" en ce qui concerne l’équipe de France 2022. "Si Didier Deschamps refait la même équipe qu’il a fait à la Ligue des nations, ce sera un peu compliqué, souffle-t-il. Je ne pense pas qu’il va aller très loin avec une équipe comme ça. Je pense qu’ils vont peut-être passer les poules mais après les 8e, ça va bugger un peu."
L’autre joueur qu’il a dans le cœur, c’est Lionel Messi. L’Argentin est pour lui "le meilleur joueur, il a tout pour l’être". "Parce que je suis gaucher, il est gaucher, et pour moi, il a le meilleur pied gauche du monde", s’exclame-t-il.
C’est par ailleurs Messi qui lui a fait connaître le FC Barcelone, où il rêverait de jouer. "C’est mon club de cœur, depuis petit, je les aime", dit-il en souriant
Depuis petit aussi, Tranvanoé joue au foot. Tout petit même : "J’ai commencé le football à 4 ans à l’Aiglon du Lamentin. C’est mon père qui m’a inscrit parce que lui aussi faisait du football dans sa jeunesse", se remémore-t-il.
Pas question d’aller à l’internat
Les années passent, et c’est lors d’un tournoi en 2018 Guyane entre les meilleurs clubs martiniquais, guadeloupéens et guyanais qu’il est repéré par des recruteurs du DFCO. Après des tests convaincants, il signe alors un contrat de cinq ans avec Dijon.
À cette époque, le Lamentinois né à Fort-de-France n’a que 13 ans, mais des idées déjà bien affirmées. Hors de question de tout chambouler. "Je ne voulais pas venir pour être à l’internat, assume-t-il. Je préférais finir mes années de collège là-bas et venir directement au lycée ici."Le club accepte et Tranvanoé vient alors à Dijon pendant les vacances de 2018 à 2019 pour faire des tournois.
C’est en 2020 qu’il fait ses bagages et s’installe en Bourgogne. Après une première année au centre de formation où il vit à l’internat et où il s’adapte à la France – "le froid c’était un peu dur !" –, il retrouve avec bonheur sa mère qui vient vivre à Dijon l'année suivante. Fini l’internat, retour à une vie de famille : "Je suis beaucoup plus à l’aise, c’est mieux."
La tête sur les épaules
Aujourd’hui celui que tout le monde surnomme Tran se sent bien et a déjà joué avec l’équipe réserve de National 3. Il espère "continuer à progresser pour être au meilleur niveau et arriver peut être chez les pros".
Mais "il a encore des progrès à faire sur le plan technique et tactique, affirme Christophe Point, l’entraîneur de National 3 (moins de 20 ans). Le temps doit lui permettre de progresser."
Pour lui, la principale qualité de Tranvanoé est "sa solidité" : "C’est quelqu’un de très puissant, il va très vite. Sur le plan défensif, c'est quelqu’un de solide dans les duels."
Solide, avec la tête sur les épaules, c’est l’impression que dégage le Martiniquais qui ne pense pas seulement au foot : il aime aussi sortir à Dijon avec des amis qui ne jouent pas. Des amis antillais, évidemment.