Régression
Car pour cet ancien président de club, le constat est amer sur la situation du foot ultramarin, en particulier en Guadeloupe et en Martinique :
Le football antillais a régressé. Les installations et les entraînements ne sont pas adaptés. Les jeunes ont du mal à payer les cotisations alors les clubs ont du mal à vivre. Dans certaines municipalités, il arrive même que le maire favorise une association culturelle plutôt que sportive. Alors que le sport permet d'éviter d'avoir les gamins dans les rues ou dans des cafés à boire du rhum. Les clubs sont dans une situation où ils ont besoin d'aide.
René Silo regrette aussi de voir de moins en moins de jeunes nés dans les Outre-mer évoluer dans le football professionnel, à l'exception récente du guadeloupéen Thomas Lemar, vainqueur de la Coupe du Monde 2018 avec l'équipe de France. Une raison à cela, l'éloignement familial, trop difficile à vivre aussi jeune. Mais pour René Silo comme pour d'autres observateurs, il semble compliqué d'espérer voir éclore des talents dans un univers footballistique aussi peu favorisé.
Le "petit poucet"
La qualification d'un club ultramarin à ce niveau de la Coupe de France permet donc de braquer un peu les projecteurs sur ce foot d'Outre-mer en difficulté, avec l'image du "petit poucet" en arrière plan. C'est, dans le lexique de la Coupe de France, un club amateur qui créé la surprise en se qualifiant face à une grosse équipe. L'expression concerne plutôt les clubs de ligues régionales que les divisions d'outre-mer, mais l'espoir est le même : faire agir la magie de la coupe.
Tirage au sort
Alors une chose est certaine : la pression va monter d'un cran pour les Martiniquais dans la compétition. Lundi 10 décembre, la FFF va procéder au tirage au sort pour déterminer le prochain adversaire. Désormais, les clubs de National et de Ligue 1 entrent en jeu. L'Aiglon du Lamentin pourra donc affronter des clubs amateurs tout comme des clubs professionnels.
Ce n'est pas la première fois qu'un club d'Outre-mer se qualifie à ce niveau de la compétition. En 1989, le Geldar de Kourou (Guyane) avait marqué l'histoire du foot en montant même en seizième de finale, face à Nantes. Depuis, La Réunion et la Martinique se partagent la majorité des matches de trente-deuxième disputés par des clubs ultramarins. Dernier en date en 2017 : l'AS Excelsior de Saint-Joseph, battu 4 à 1 par le LOSC Lille au stade Pierre Mauroy.
Reste à compter sur la fameuse magie de la coupe pour l'Aiglon du Lamentin. "Il n'y a plus d'opposition, nous sommes pour l'Outre-mer et du moment que l'Outre-mer gagne, nous sommes contents", résume René Silo. Matches prévus les 5 et 6 janvier 2019.