C’est lorsqu’ils ont constaté "la violence de la quatrième vague épidémique dans les territoires d’outre-mer", à la fin du mois d’août, que ce soit aux Antilles, en Guyane, en Polynésie française et désormais en Nouvelle-Calédonie, que les sénateurs ont décidé de se pencher précisément sur le sujet.
Mardi 28 septembre, le Sénat accueillait une table-ronde consacrée à "l’analyse globale des spécificités des Outre-mer en matières sanitaire et économique". Une réunion dans le cadre de la mission d’information mise en place pour évaluer la politique sanitaire du gouvernement.
Entre des interventions d’experts de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), de l’Institut d’émission d’outre-mer (I.E.O.M) ou encore du Conseil économique, social et environnemental (CESE), la sénatrice de Guadeloupe Victoire Jasmin, est intervenue pour pointer du doigt une gestion de l’Etat trop éloignée des réalités du terrain et une communication défaillante. Deux éléments propices, selon elle, à semer le doute chez les habitants sur la politique vaccinale du gouvernement.
Une réalité pointée du doigt
La sénatrice socialiste de Guadeloupe a d’abord souligné d’abord la mauvaise communication de l’Etat : "Entre les propos culpabilisants, moralisateurs, les jugements de valeur ; autant de choses qui sont quand même choquantes".
Ensuite, elle a dénoncé des décisions prises depuis Paris sans tenir compte des réalités du terrain. Pire, en oubliant parfois les Outre-mer :
"J’ai été celle qui a alerté, à la fin du mois de février 2020, monsieur Jérôme Salomon (directeur général de la Santé). Quand moi, je lui ai dit qu’à la Martinique, les gens commençaient à se soulever parce qu’il y avait des bateaux de croisière qui arrivaient encore, il m’a répondu : Ah, on n’avait pas encore pensé aux Caraïbes. Je vais voir avec l’OMS".
Autre reproche, les spécialistes et professionnels ultramarins n’ont pas été assez consultés : "Ils ont été occultés. Pour ma part, j’ai dû demander plusieurs fois, et c’est seulement il y a quinze jours, que la conférence de santé et de l’autonomie de la Guadeloupe s’est réunie pour parler de ces problèmes-là".
Une situation qui nourrirait en partie la défiance des Ultramarins envers la politique vaccinale : "Mais quand on est dans les jugements de valeur, les jugements culpabilisants, les jugements de mépris, on ne peut pas aller loin", conclut la sénatrice.
Ecoutez ici le reportage de Serge Massau :