Alors qu'un conseil de défense sanitaire se tenait ce jeudi 20 janvier 2022 pour faire le point sur la propagation du Covid-19, le Conseil scientifique a rendu la veille un nouvel avis dans lequel il décrit une situation alarmante dans les Outre-mer, où la propagation du variant Omicron se fait à grande vitesse.
"Des niveaux jamais atteints"
Les experts du Conseil scientifique font d'abord le point sur la situation épidémique Outre-mer et décrivent une situation très alarmante dans les Outre-mer.
Force est de constater que les incidences dans les départements d’outre-mer sont du 7 au 13 janvier à des niveaux jamais atteints même pendant la vague d’été 2021 aux Antilles et ce malgré les couvre-feux qui ont été instaurés le 8 décembre pour la Martinique et entre le 1er et le 8 janvier sur les autres départements : 3385 à La Réunion, 1634 à Mayotte, 4468 en Guadeloupe, 5278 à Saint Martin, 3152 à Saint Barthelemy, 2696 en Martinique, 3230 en Guyane.
Le Conseil s'alarme également de la pression sur le système de santé : "Les passages aux urgences, les hospitalisations et entrées en réanimations sont reparties à la hausse sur l’ensemble des départements d’outre-mer en lien avec cette augmentation brutale des cas liés au variant Omicron. Les capacités hospitalières et de soins critiques sont déjà atteintes à La Réunion et en Martinique et des déprogrammations ont commencé. L’offre de soin de proximité (cabinets de médecine libérale, pharmacies, et SAMU) est aussi saturée sur plusieurs territoires. Les hospitalisations y sont majoritairement observées sur des patients non vaccinés (par exemple à La Réunion 86% des personnes en services de soins critiques sont non vaccinées ou avec un schéma vaccinal incomplet alors que 80% des plus de 25 ans ont reçu au moins 2 doses)."
Trop peu de vaccination
Le Conseil scientifique s'inquiète ensuite du taux de vaccination qui reste trop faible dans les Outre-mer.
Les taux de vaccination restent vraiment trop faibles sur tous les départements d’outre-mer et en particulier en Guadeloupe et Guyane (en Guadeloupe 35,5% de la population générale a reçu 2 doses, 12,1% une dose de rappel).
A la Réunion la situation est moins critique, (62,3% de la population générale a reçu 2 doses, 23,4 % une dose de rappel) mais à Mayotte seulement (46,6% de la population générale a reçu 2 doses, 5 % une dose de rappel). Les îles de Saint Martin et Saint Barthelemy ont des taux de vaccination très différents avec 77,6 % de la population générale ayant reçu 2 doses à Saint Barthelemy contre 34,8% à Saint Martin et on constate actuellement aussi une très grosse différence entre ces deux îles en terme de nouvelles d’hospitalisations (0 à Saint Barthelemy sur la première semaine de janvier contre 46 à Saint Martin).
Les préconisations du Conseil
Le Conseil scientifique fait trois préconisations pour les Outre-mer. Les voici :
► L’effort de primovaccination doit être poursuivi en urgence dans ces territoires en particulier vers les personnes les plus fragiles et le personnel médical, le rappel doit continuer à être promu.
►L’ARS Guyane a décidé de lancer des réservations en lignes du vaccin Novavax (autorisé par la HAS le 14 janvier) en espérant convaincre une partie des personnes récalcitrantes à la technologie ARNm. L’ARS Guyane met en avant la conservation aisée du vaccin et sa technologie déjà bien connue, dite à protéine recombinante, déjà utilisé par d’autres vaccins comme celui contre l’hépatite B, certains vaccins contre la grippe ou contre la coqueluche.
►Outre la vaccination, les gestes barrières, le respect des couvre-feux, le télétravail, l’aération des pièces sont essentiels à ce niveau extrêmement élevé d’incidence et de tension hospitalière d’autant plus dans cette période de vacances à La Réunion, et période de carnaval en Guyane et bientôt aux Antilles.
L'avis du Conseil scientifique
Retrouvez ici dans son intégralité l'avis du Conseil scientifique du 19 janvier 2022.
Avis conseil scientifique 19 janvier 2022