Covid-19 - Maurice Tarcy, infirmier en région parisienne : "apparemment, nous ne sommes plus dignes d’intérêt"

A Emile Roux, hôpital gériatrique de Limeil-Brévannes, après un an de pandémie de covid-19, Maurice Tarcy ne parle pas d’emblée de fatigue. L’infirmier pointe plutôt du doigt l’amertume chez ses collègues. «Il y a de la déception. Après la première vague, on a été sollicités, reconnus, applaudis. Mais une fois que les médias ont arrêté de parler de nous, il y a du désintérêt. » Ils recevaient des mots d’encouragements, des dons de la part d’entreprises pour acheter le matériel de protection manquant : tout ça s’est fini. « C’est ce qu’on vit mal en tant que soignant. Notre investissement est identique, mais apparemment, nous ne sommes plus dignes d’intérêt. »

"Il y a du mieux", mais...

Lorsque nous l’avions sollicité à l’occasion du premier confinement, Maurice Tarcy nous racontait leur souffrance à voir leurs patients mourir sans que les familles puissent les voir une dernière fois. "De ce côté, il y a du mieux. D’abord nous déplorons moins de décès. Ensuite, nous avons acquis une expérience en matière d’accompagnement. Nous laissons les corps plus longtemps dans le service pour que les familles puissent se recueillir". Le syndicaliste note aussi l’amélioration dans l’organisation des visites et au niveau matériel.

En revanche, il déplore toujours la politique en cours qui doit se traduire par la fermeture d’établissements. Bichat et Beaujon devraient disparaitre au profit d’un seul hôpital à Saint-Ouen. « Même Emile Roux devrait aussi fermer plusieurs services à terme. Il n’y a que des réajustements. Sauf qu’aujourd’hui, les personnes hospitalisées restent plus longtemps. Ce qui diminue la disponibilité des lits. »