Covid : un rapport sénatorial propose d'amplifier le soutien en Outre-mer

La quatrième vague du Covid-19 a provoqué un "tsunami épidémique" dans les Outre-mer, selon une mission commune d'information du Sénat qui propose de territorialiser les réponses et d'amplifier le soutien à ces territoires "encore trop vulnérables face aux risques de reprise épidémique".

"Les Outre-mer représentent 4% de la population française, mais plus de 30% des décès liés au Covid et survenus en milieu hospitalier de début juillet à fin octobre", rappelle jeudi dans un rapport cette mission. Destinée à évaluer les effets des mesures prises ou envisagées en matière de confinement ou de restrictions d'activités, elle est présidée par le sénateur PS Bernard Jomier.
    
Dans les Outre-mer, le variant delta a touché "des populations moins affectées par les vagues précédentes, et donc moins immunisées, beaucoup moins vaccinées qu'en métropole (entre 20 et 35 points de pourcentage de moins selon les territoires), et plus exposées en raison de comorbidités plus fréquentes : surpoids et obésité, diabète, hypertension", explique le rapport. "Malgré une multiplication des capacités de réanimation, l'envoi massif de renforts (4.600 soignants en 3 mois), plus de 150 évacuations sanitaires vers l'hexagone, les hôpitaux ont été débordés et les réanimations saturées", rappelle le document.

Les Outre-mer représentent 4% de la population française, mais plus de 30% des décès liés au Covid et survenus en milieu hospitalier de début juillet à fin octobre

Rapport du Sénat


Les Antilles ont ainsi connu un véritable "tsunami épidémique et une situation relevant de la médecine de catastrophe", nécessitant la "priorisation des patients". Les mesures de freinage "ont permis de revenir à une situation globalement sous contrôle", constatent les sénateurs, mais ces territoires sont "encore trop vulnérables face aux risques de reprise épidémique", notamment car le taux de vaccination est partout inférieur à celui de la France métropolitaine, excepté à Saint-Pierre-et-Miquelon.
    
Anticiper une nouvelle vague épidémique
En Guyane et aux Antilles, "une majorité de la population n'est pas vaccinée". "La force de l'activisme antivaccinal tout comme les appréhensions d'une part importante de la population, sous-estimées durant plusieurs mois, y ont limité la portée d'une communication demeurée institutionnelle", constate la commission qui préconise "d'accentuer et cibler la mobilisation pour la vaccination", en faisant du "sur-mesure".
    
Pour mieux anticiper une nouvelle vague épidémique, les sénateurs proposent également  de "maintenir autant que possible les renforts actuels" et d'"améliorer les plans de préparation aux crises". Pour "rehausser les infrastructures hospitalières", il faudra "engager rapidement les projets prévus dans le cadre du Ségur de la santé" et "maintenir une capacité en soins critiques supérieure à ce qu'elle était avant la crise", notamment à Saint-Martin qui ne bénéficiait pas auparavant de service de réanimation, assure la mission.

Une réponse économique 
Selon le rapport, "les mesures de soutien ont représenté en Outre-mer 6 milliards d'euros", dont 3.5 en prêts garantis par l'État (PGE). Ces aides ont permis "de sauvegarder le tissu économique" et ont été reconduites à l'été 2021 pour l'ensemble des territoires, alors qu'elles prennent fin dans l'hexagone, précise le rapport.

Enfin, les acteurs économiques des Outre-mer ont mis en évidence le manque de prise en compte des "spécificités ultramarines" concernant "le déploiement de ces aides et du plan de relance." Pour pallier ce manque, la mission commune d'information propose "d'assouplir et d'adapter les critères d'éligibilités" et "de simplifier les modalités de demande." Il s'agit aussi de "préparer la reprise économique" en améliorant "les délais de paiement aux entreprises" et en réduisant à "40% au lieu de 60% le seuil de perte de chiffre d'affaires rendant éligible au dispositif d'activité partielle."