Crash de la Yemenia : amende maximale requise lors du procès en appel

Bahia Bakari à l'issue de son audience lors du procès du crash de la Yemenia, le 23 mai 2022 à Paris.
Une amende de 225 000 euros a été requise en appel contre la compagnie aérienne Yemenia Airways. En 2009, 152 personnes avaient perdu la vie lors du crash au large des Comores.

Une amende de 225 000 euros, la peine maximale, a été requise mercredi en appel contre la Yemenia Airways. La compagnie a été condamnée en première instance pour homicides et blessures involontaires après la mort de 152 personnes dans le crash de l'un de ses avions au large des Comores en 2009. "Quelle que soit la peine que votre cour prononcera, elle paraîtra dérisoire au regard de leur souffrance", a déclaré l'avocate générale Claire Malaterre aux familles des victimes à l'audience de la cour d'appel de Paris. "Je ne vois aucune circonstance atténuante dont pourrait bénéficier la compagnie", a-t-elle poursuivi. 

Défaillances en série de la compagnie

Dans son réquisitoire de près de quatre heures, le ministère public n'a eu de cesse de pointer les "défaillances" d'une compagnie qui "n'a jamais rien fait pour faciliter le travail de la justice" ou "aider les familles à comprendre ce qu'il s'est passé".  L'avocat général Rodolphe Juy-Birmann a rappelé les "multiples carences" de la Yemenia dans la formation de ses pilotes ou l'entretien de ses avions.

Dans la nuit du 29 au 30 juin 2009, alors qu'il s'apprêtait à atterrir à l'aéroport de Moroni, capitale des Comores, le vol Yemenia 626 s'était abîmé dans l'océan Indien, tuant 141 passagers, dont 65 Français, et 11 membres d'équipage. En première instance, le tribunal correctionnel avait déjà souligné "les imprudences en lien certain avec l'accident" de la compagnie. Il avait notamment pointé du doigt le maintien des vols de nuit en période estivale, période où la météo était susceptible d'imposer une manœuvre d'atterrissage délicate et que certains feux de l'aéroport de Moroni ne fonctionnaient pas.

Lacunes de formation et erreurs de pilotage

Ce mercredi, l'avocate générale Claire Malaterre a également insisté sur la formation "lacunaire et parcellaire" des pilotes, qui pouvait s'avérer "insuffisante et dangereuse" et dont la compagnie avait pleinement conscience. Les investigations menées sur les boîtes noires, retrouvées fin août 2009 par 1 280 mètres de fond, avaient permis de conclure que l'accident était dû à une série d'erreurs de pilotage.

Lors de son ultime voyage, l'Airbus A310 transportait de nombreux Comoriens et Français d'origine comorienne qui se rendaient dans l'archipel pour célébrer des "grands mariages", des cérémonies rassemblant des villages entiers. Partis de Paris ou Marseille, les passagers avaient changé d'avion à Sanaa au Yémen. Les expertises judiciaires avaient néanmoins conclu que l'état technique de cet appareil n'était pas en cause.

À l'issue du premier procès du 9 mai au 2 juin 2022, la compagnie yéménite avait été condamnée à l'amende maximale de 225 000 euros. Elle avait fait appel. La décision de la cour d'appel sera rendue le 10 septembre 2024.