Le parquet général de Paris a annoncé ce jeudi 27 avril faire appel du jugement de relaxe du constructeur Airbus et de la compagnie aérienne Air France dans l'affaire du crash du Rio-Paris.
Le 17 avril, le tribunal correctionnel de Paris avait mis hors de cause sur le plan pénal les deux entreprises, qui comparaissaient pour homicides involontaires. Il avait jugé que si des "fautes" avaient été commises, "aucun lien de causalité certain" avec l'accident n'avait "pu être démontré".
Cette décision avait suscité "l'écoeurement" des proches des victimes dans cet accident qui est le plus meurtrier de l'histoire des compagnies françaises.
En juin 2009, le vol AF447 Rio-Paris s'était abîmé dans l'océan Atlantique quelques heures après son décollage, faisant 228 morts. 72 Français étaient à bord, dont deux Calédoniens et un steward réunionnais.
"Un immense soulagement"
En interjetant appel de cette relaxe mercredi, le parquet général près la cour d'appel de Paris entend donner "leur plein effet aux voies de recours prévues par la loi" et "soumettre l'affaire à un second degré de juridiction", indique-t-il dans un communiqué.
"C'est un immense soulagement", a réagi Alain Jakubowicz, avocat d'une quarantaine de victimes et de l'association de familles Entraide et Solidarité. "Cet appel du parquet général était la dernière chance pour les familles des victimes", a-t-il insisté, soulignant les nombreux "errements dans ce dossier".
Me Jakubowicz a salué une "décision très rare du parquet général de faire appel" alors que le ministère public avait requis la relaxe lors du procès. Le parquet du tribunal judiciaire de Paris avait en effet requis la relaxe à ce moment-là, estimant que la culpabilité des deux entreprises était "impossible à démontrer".
"Il va y avoir un nouveau procès, et la détermination des familles sera encore plus grande. Cela nous laisse beaucoup d'espoir", a déclaré Me Jakubowicz.
"Pour nous, c'était incompréhensible"
Danièle Lamy, président de l'association Entraide et Solidarité AF447, a confié être "émue" et "satisfaite" à l'annonce de cet appel.
"Les familles étaient restées sur leur faim avec cette décision. Airbus et Air France avaient été considérés responsables, mais ce qui nous avait mortifiés c'est qu'ils ne soient pas considérés coupables. Pour nous, c'était incompréhensible", a-t-elle encore témoigné.
Contacté, Me Simon Ndiaye, avocat d'Airbus, n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat. Me François Saint-Pierre, conseil d'Air France, n'a pas souhaité commenter.