Les élus indépendantistes de Nouvelle-Calédonie Emmanuel Tjibaou, député, et Robert Xowie, sénateur, ont appelé mardi à la reprise du dialogue pour dénouer la crise politique qui secoue le Caillou depuis plus de deux mois. "On ne peut pas reconstruire le pays tant que les discussions ne seront pas faites", a assuré Robert Xowie lors d'une conférence de presse.
Emmanuel Tjibaou, premier indépendantiste à siéger à l'Assemblée nationale depuis trente-huit ans, a demandé à l'État une "position claire" sur l'annulation du projet constitutionnel de dégel du corps électoral aux scrutins provinciaux, suspendu en juin par Emmanuel Macron.
Cette réforme, accusée par les indépendantistes de marginaliser le poids de la population autochtone kanak, a déclenché le 13 mai dernier un mouvement de révolte d'ampleur dans le territoire.
Le risque d'une "crise humanitaire"
"Pour reprendre la main, il faut redonner des gages de confiance aux indépendantistes", a ajouté le député, insistant sur le besoin de "pédagogie". Selon une estimation du gouvernement local, la crise a causé au moins 2,2 milliards d'euros de dégâts.
"Si on ne répond pas aux problématiques de la crise économique, on risque de se retrouver dans une crise humanitaire, où le politique n'aura plus sa place", a rappelé M. Tjibaou.
Les deux élus préconisent également l'envoi sur place d'une mission parlementaire pour offrir une "opportunité dans laquelle nos compatriotes puissent échanger", a expliqué le député.
"Il ne peut y avoir de trêve en situation de misère sociale qui touche aujourd'hui la kanaky", a assuré à leurs côtés Béatrice Bellay, députée de la Martinique, alors qu'Emmanuel Macron a appelé lundi à une "trêve politique" pendant les Jeux Olympiques.
Dix personnes ont été tuées depuis le début des émeutes mi-mai et 3.500 policiers et gendarmes ont été déployés en renfort en Nouvelle-Calédonie, où un couvre-feu est toujours en vigueur.