Crise politique à Madagascar: Les dates de l'élection présidentielle fixées

Le premier ministre malgache Christian Ntsay
Le Premier ministre malgache Christian Ntsay a mis fin vendredi au suspens en annonçant la date très attendue de la présidentielle pour les 7 novembre et 19 décembre 2018, un scrutin qui doit permettre au pays de "s'acheminer vers la paix sociale" après deux mois de crise politique.
 
"La décision prise par le gouvernement est de tenir le premier tour de l'élection présidentielle le 7 novembre", a déclaré M. Ntsay, nommé en juin avec la mission de conduire le pays en douceur vers des élections.
 

Deux tours: le 7 novembre et le 19 décembre

Si aucun candidat n'obtient la majorité absolue au premier tour de la présidentielle, un second tour sera organisé le 19 décembre, a ajouté le Premier ministre devant la presse à Antananarivo.

"J'espère que la sortie de ces dates sera un moyen pour renforcer l'apaisement politique et nous mener vers une vraie élection qui va résoudre le problème de Madagascar",
- Christian Ntsay, Premier ministre malgache

          
Les dates de la présidentielle annoncées vendredi ne sont toutefois pas conformes à une récente décision de la Haute cour constitutionnelle (HCC) destinée à sortir le pays de l'impasse politique.
En effet, la plus haute instance juridique de Madagascar avait décidé d'accélérer le calendrier électoral et exigé que l'élection présidentielle soit organisée d'ici la fin de la saison sèche, c'est-à-dire d'ici septembre-octobre, et non plus à la fin 2018.
           
L'opposition n'était pas immédiatement disponible vendredi pour commenter les dates annoncées. Mais le parti présidentiel du HVM a fait part de sa satisfaction."Ces dates sont bien cadrées dans la légalité et nous respectons tout ce qui est légal. Personne ne nous a contactés pour la définition de ces dates", a réagi le patron du HVM, Rivo Rakotovao.

Le Premier ministre a tenu immédiatement à se défendre, anticipant d'éventuelles critiques de l'opposition. Les dates ont été arrêtées "après avoir examiné la proposition" de la Commission électorale indépendante et après "avoir pris en compte la position des uns et des autres", a assuré M. Ntsay.
"Il est évident que nous ne pourrions pas annoncer la date des élections sans que la représentation nationale ait validé le programme de mise en oeuvre de la politique générale de l'Etat", a-t-il insisté. "Il s'agit de l'affaire de l'Etat, il ne s'agit pas de l'affaire d'un groupe politique ou d'une personne."
 

Deux mois de crise politique          

Madagascar, grande île pauvre située dans l'océan Indien, est secouée depuis fin avril par une crise ouverte entre le président Hery Rajaonarimampianina et l'opposition. Cette dernière est descendue cette année dans la rue pour dénoncer, selon elle, la tentative de muselage du président Rajaonarimampianina à l'approche des élections.
Au premier jour des manifestations, le 21 avril, deux partisans de l'opposition avaient été tués.
La situation s'est apaisée avec la nomination en juin d'un Premier ministre de consensus, Christian Ntsay, et l'entrée de l'opposition dans le gouvernement.
           

Vers un "apaisement"

Les dates de la présidentielle désormais arrêtées, le Premier ministre a souhaité que le pays puisse désormais "s'acheminer progressivement vers la paix sociale".
L'annonce des dates de l'élection est "un des éléments nous permettant de mettre tout le monde dans une position d'apaisement", a-t-il estimé vendredi.
           
Christian Ntsay, haut fonctionnaire international, a été nommé en juin par le président: il s'est conformé à une décision de la Haute cour constitutionnelle lui enjoignant de désigner un Premier ministre de consensus pour calmer l'opposition.
Lors de sa prise de fonction, le nouveau Premier ministre s'était fixé comme priorité de "préparer une élection présidentielle inclusive" pour sortir le pays de la crise politique.

Le président Rajaonarimampianina, élu en 2013, n'a pas encore annoncé s'il briguerait ou non un second mandat.
En revanche, les deux principaux chefs de l'opposition - Marc Ravalomanana, président de 2002 à 2009, et Andry Rajoelina, au pouvoir de 2009 à 2014 - fers de lance de la fronde cette année ont déjà laissé entendre qu'ils étaient prêts à se lancer dans la bataille.