Depuis mi-mars et le confinement, Solidarité Dom Tom voit le nombre de ses bénéficiaires exploser. Comme cette structure montpelliéraine presque trentenaire, plusieurs associations ultramarines de l’Hexagone se sont révélées être des relais essentiels, voire indispensables, en temps de pandémie.
Beaucoup plus d’actions, beaucoup moins d’acteurs : voilà comment pourraient se résumer les dix dernières semaines pour Solidarité Dom Tom. Installée depuis 27 ans à Montpellier, dans le quartier populaire de La Mosson - ou La Paillade comme l'appellent encore ses habitants -, l’association accompagne les Ultramarins précaires de l’Hérault grâce à son épicerie sociale et plusieurs ateliers solidaires.
Parmi les nouveaux inscrits, 95% sont des étudiants originaires des Outre-mer et confinés dans la région de Montpellier. Boursiers notamment, mais pas seulement : il y a aussi des "étudiants qui ne sont pas bénéficiaires de la bourse en début d’année universitaire, mais malheureusement, entre temps, il y a eu le Covid, se désole Jean-Marie Bargot. Les parents sont au chômage. L’aide des parents diminuant, ils ont moins de fonds eux aussi." Compte tenu de leur grande précarité, l’association leur a fait cadeau de la cotisation annuelle de 10 euros. Tous les colis alimentaires qui leur sont destinés sont gratuits.
Désormais, les personnes ne peuvent se présenter à l’épicerie sociale que sur rendez-vous. Et pour les étudiants qui ne vivent pas dans le quartier, l’association a mis en place un système de livraisons "parce qu’il y a des jeunes qui n’ont pas de masques, ils ont peur de prendre les moyens de transports. Il y a beaucoup d’inquiétudes." Des inquiétudes qu’il faut prendre le temps d'apaiser. "Il y a des étudiants qui psychologiquement ne sont pas bien, poursuit celle qui a quitté la Martinique il y a 50 ans. Être confiné, c’est déjà dur et ne pas pouvoir rentrer, c’est aussi un problème. Il y a aussi des jeunes qui culpabilisent un peu, car les parents se sacrifient (...) Des stages en Outre-mer qui sont tombés à l’eau."
Quant aux masques, la solution était évidente : l’association dispose traditionnellement d’un atelier de couture solidaire. Depuis fin avril, deux équipes de trois bénévoles se relaient une semaine sur deux pour coudre ces protections devenues indispensables. "Dans un premier temps, on voulait équiper les salariés et les bénévoles qui sont sur le terrain, énumère le directeur. Dans un deuxième temps, ce sont les bénéficiaires de l’épicerie sociale et des autres activités que nous avons dans la structure. Et dans un troisième temps, ça sera pour les acteurs de terrain du quartier."
Chaque semaine, ces référents décrochent le téléphone pour prendre des nouvelles et déterminer si les étudiants suivis par la structure s’en sortent avec leurs provisions, s’ils sont en contact avec leur famille, s’ils ont assez d’argent pour payer factures et loyers. "Si on se rend compte que les parents n’arrivent toujours pas à les aider, on va, lors de ce diagnostic, proposer un autre colis alimentaire. Et ça, ça va durer jusqu’à ce que la situation de l’étudiant s’arrange", c'est-à-dire encore au moins en juin, voire en juillet.
Depuis deux mois et demi, les coups de téléphone et les mails à l’association sont beaucoup plus nombreux. "Il y a des étudiants qui nous appellent d’un peu partout, de Paris ou même de Guyane ! On est obligés d’orienter ces personnes vers d’autres associations ou d’autres structures comme les CCAS", détaille Jacqueline Couillez.
Ainsi, les liens se sont renforcés avec l’Union des Etudiants Réunionnais de l’Hexagone (UERH) par exemple, également très investie dans l'accompagnement des étudiants ultramarins de l'Hexagone.
Pour renforcer cet accompagnement sur l'ensemble du territoire, la ministre des Outre-mer a relayé en avril un appel à projet pour subventionner les acteurs associatifs impliqués dans la lutte contre l'isolement, l'aide alimentaire ou encore l'aide aux démarches administratives à destination des étudiants ultramarins. Solidarité Dom Tom est l'une des association sélectionnée par le ministère. De quoi soulager Jean-Marie Bargot car l'épicerie sociale "est l’une des activités où l’association est le plus déficitaire".
Boom des bénéficiaires, presque tous étudiants
Dès mi-mars, le nombre de nouvelles inscriptions monte en flèche : plus d’une dizaine chaque semaine. Pendant le confinement, l’association comptabilise 122 nouveaux bénéficiaires. Il faut dire que l’offre est quasiment imbattable. Les produits récupérés à la banque alimentaire sont proposés jusqu’à 10 fois moins cher que dans le commerce : "Le panier alimentaire pour un étudiant qui vit seul est compris entre 3 et 8 euros, détaille Jean-Marie Bargot, le directeur de Solidarité Dom Tom. C’est ce que vous payez habituellement 30 ou 80 euros en grande surface. Et c’est un panier complet avec des fruits et légumes, du poisson ou de la viande, des produits laitiers."Parmi les nouveaux inscrits, 95% sont des étudiants originaires des Outre-mer et confinés dans la région de Montpellier. Boursiers notamment, mais pas seulement : il y a aussi des "étudiants qui ne sont pas bénéficiaires de la bourse en début d’année universitaire, mais malheureusement, entre temps, il y a eu le Covid, se désole Jean-Marie Bargot. Les parents sont au chômage. L’aide des parents diminuant, ils ont moins de fonds eux aussi." Compte tenu de leur grande précarité, l’association leur a fait cadeau de la cotisation annuelle de 10 euros. Tous les colis alimentaires qui leur sont destinés sont gratuits.
Multiplication des activités
Si de nombreuses associations, sportives notamment, ont dû mettre leurs activités entre parenthèses pendant la crise sanitaire liée au Covid-19, les actions du champ social se sont révélées indispensables. "C’est des grosses journées, avoue le directeur guadeloupéen de Solidarité Dom Tom, on est sur du temps de travail en moyenne de 12h par jour. Quand on ouvre l’association à 8h30, à 20 h on ne sait pas si on sera partis." Face à la pandémie, l’épicerie associative de La Mosson a changé de fonctionnement : "normalement, les gens viennent se servir, ils choisissent eux même, tandis que là, on est obligés de préparer les colis, explique Jacqueline Couillez, la présidente martiniquaise. Ça fait du travail supplémentaire."Désormais, les personnes ne peuvent se présenter à l’épicerie sociale que sur rendez-vous. Et pour les étudiants qui ne vivent pas dans le quartier, l’association a mis en place un système de livraisons "parce qu’il y a des jeunes qui n’ont pas de masques, ils ont peur de prendre les moyens de transports. Il y a beaucoup d’inquiétudes." Des inquiétudes qu’il faut prendre le temps d'apaiser. "Il y a des étudiants qui psychologiquement ne sont pas bien, poursuit celle qui a quitté la Martinique il y a 50 ans. Être confiné, c’est déjà dur et ne pas pouvoir rentrer, c’est aussi un problème. Il y a aussi des jeunes qui culpabilisent un peu, car les parents se sacrifient (...) Des stages en Outre-mer qui sont tombés à l’eau."
Quant aux masques, la solution était évidente : l’association dispose traditionnellement d’un atelier de couture solidaire. Depuis fin avril, deux équipes de trois bénévoles se relaient une semaine sur deux pour coudre ces protections devenues indispensables. "Dans un premier temps, on voulait équiper les salariés et les bénévoles qui sont sur le terrain, énumère le directeur. Dans un deuxième temps, ce sont les bénéficiaires de l’épicerie sociale et des autres activités que nous avons dans la structure. Et dans un troisième temps, ça sera pour les acteurs de terrain du quartier."
Chute du nombre de bénévoles
Parallèlement à l’augmentation de l’activité, il a fallu faire face à l’indisponibilité de beaucoup de bénévoles, confinement oblige. "De dix personnes en temps normal, on est passé à quatre", compte Jean-Marie Bargot qui lui est employé en CDI. Ils sont trois salariés au total. "On peut aussi compter sur les référents qui s’occupent du suivi des étudiants."Chaque semaine, ces référents décrochent le téléphone pour prendre des nouvelles et déterminer si les étudiants suivis par la structure s’en sortent avec leurs provisions, s’ils sont en contact avec leur famille, s’ils ont assez d’argent pour payer factures et loyers. "Si on se rend compte que les parents n’arrivent toujours pas à les aider, on va, lors de ce diagnostic, proposer un autre colis alimentaire. Et ça, ça va durer jusqu’à ce que la situation de l’étudiant s’arrange", c'est-à-dire encore au moins en juin, voire en juillet.
Maillage indispensable
L’un de ces trois référents est basé à l’université Paul Valery et membre de l’association La Case’ (Caraïbe Afrique Solidarité). Pour les étudiants mahorais, c’est une bénévole de Solidarité Dom Tom en partenariat avec l’AEMM, l’association des étudiants mahorais de Montpellier, tandis qu’une autre s’intéresse tout particulièrement aux jeunes Réunionnais.Depuis deux mois et demi, les coups de téléphone et les mails à l’association sont beaucoup plus nombreux. "Il y a des étudiants qui nous appellent d’un peu partout, de Paris ou même de Guyane ! On est obligés d’orienter ces personnes vers d’autres associations ou d’autres structures comme les CCAS", détaille Jacqueline Couillez.
Ça nous a permis de connaitre d’autres associations, de créer plus de réseau. C’est dans les moments difficiles qu’on arrive à mieux communiquer, malheureusement. Mais tant mieux que ça fonctionne.
-- Jacqueline Couillez, président de Solidarité Dom Tom
Ainsi, les liens se sont renforcés avec l’Union des Etudiants Réunionnais de l’Hexagone (UERH) par exemple, également très investie dans l'accompagnement des étudiants ultramarins de l'Hexagone.
Relais sur le terrain pour le gouvernement
"Ça a aussi été un travail quotidien avec la délégation pour savoir où orienter tel ou tel étudiant", ajoute Jean-Marie Bargot. La Délégation interministérielle à l’égalité des chances des Français d’Outre-mer et à la visibilité des Outre-mer s’est effectivement appuyée sur ce maillage associatif hors-du-commun pour recenser et aider les étudiants confinés dans l’Hexagone.Pour renforcer cet accompagnement sur l'ensemble du territoire, la ministre des Outre-mer a relayé en avril un appel à projet pour subventionner les acteurs associatifs impliqués dans la lutte contre l'isolement, l'aide alimentaire ou encore l'aide aux démarches administratives à destination des étudiants ultramarins. Solidarité Dom Tom est l'une des association sélectionnée par le ministère. De quoi soulager Jean-Marie Bargot car l'épicerie sociale "est l’une des activités où l’association est le plus déficitaire".