Décès du Martiniquais Jacques Coursil, trompettiste fabuleux et spécialiste de la littérature caribéenne

Le musicien et spécialiste littéraire Jacques Coursil s’est éteint dans la nuit du jeudi au vendredi 26 juin, à l’âge de 82 ans.
Trompettiste de génie, mathématicien, penseur, universitaire, fin connaisseur de la littérature caribéenne… Jacques Coursil était tout ça à la fois. Un artiste aux multiples casquettes dont le talent ne semblait pas connaître de limite. C’est un monument du Jazz qui s’éteint aujourd’hui.
 

Premier pas en musique

D’origine martiniquaise par ses parents, Jacques Coursil est né à Paris en 1938. C'est là qu'il fera ses premiers pas en musique. Il entre au conservatoire à 15 ans et se prend de passion pour la trompette qu’il maniera avec brio tout au long de sa carrière.

De 1958 à 1961, le musicien s’envole pour l’Afrique de l’Ouest et s’installe longuement à Dakar. La période est alors à la décolonisation. 

En 1965 il part pour l'Amérique. Malcom X vient d’être assassiné, le jazz résonne dans toutes les rues et le mouvement des Civil Rights bat son plein.
 

Les années New-yorkaises

Il y fréquente alors régulièrement son ami, le philosophe et poète martiniquais Edouard Glissant. Il remportera le prix et la bourse Edouard Glissant en 2017, six ans après la disparition de ce dernier. C'est un oratorio composé en y incorporant des vers de son ami qui lui vaut cette récompense.

À lire aussi : Le prix et la bourse Edouard Glissant décernés à Jacques Coursil et Satoshi Hirota livres
 

Je le connaissais très bien. Nous avons été amenés à nous rencontrer beaucoup de fois. Je n'avais que dix ans de moins que lui, mais j'ai toujours eu la posture du petit jeune.
- Jacques Coursil  à propos d'Edouard Glissant

 

Jacques Coursil à propos d'Edouard Glissant


Écoutez l'hommage de Sylvie Glissant, épouse d'Edouard Glissant, au micro de Célia Clery : 

Hommage de Sylvie Glissant à Jacques Coursil

 
Mais surtout, ce qui l’occupe et le fait vibrer à New York, c’est le Jazz. Il travaille alors ses compositions, expérimente avec ses amis “la joie du free-jazz” et collabore avec les plus grands musiciens de l’époque : Sunny Murray, Rashied Ali, Perry Robinson, Marion Brown…

Jacques Coursil y enregistre notamment les disques Way Head et Black Suite en 1969. 
 

Le retour en France

À son retour à Paris, Jacques Coursil entame un virage dans sa carrière et s’intéresse à la logique mathématique et à la linguistique. Il suit des études universitaires et passe deux thèses : l’une en Lettres en 1977  et l’autre en Sciences en 1992.

Il part ensuite pour les Caraïbes et enseigne à l'Université des Antilles et de Guyane. C’est à cette période qu’il publie La fonction muette du langage : essai de linguistique générale contemporaine (2000, édition Ibis Rouge).

Sa carrière d’enseignant lui permet de mettre à l’honneur les grandes figures de la littérature caribéenne : Aimé Césaire, Frantz Fanon…
 

Martinique, terre de de poésie - interview de Jacques Coursil

Come-back musical

Durant ces années marquées par la littérature, Jacques Coursil ne délaisse pas pour autant le Jazz et sa trompette. Et c’est en 2005 qu’il signe son retour avec Minimal Brass, opus salué par la critique sorti sous le label new-yorkais, Tzadik, de John Zorn qui fut son ancien élève en philosophie. 

En 2007, il sort Clameur, un album à la fois “musique et poésie”. Il confiera à son sujet, dans une interview donnée à France Ô la radio : “Je sortais de l’ombre. Une ombre qui a duré un peu plus de 30 ans”

Son dernier album, Trails of Tears , paraît en 2010 chez Universal music classics jazz France.