Décès de Micheline Myrtil : l'enquête confirme des dysfonctionnements aux urgences de l’hôpital Lariboisière  

Micheline Myrtil est morte sur un brancard à l'hôpital Lariboisière à Paris.
L’autopsie de Micheline Myrtil révèle qu’elle a succombé à une méningite, après 12h d’attente aux urgences de l’hôpital parisien. L'enquête judiciaire pointe également des "dysfonctionnements" le jour de la mort de la patiente martiniquaise en décembre 2018, selon Le Monde.
Elle avait été conduite aux urgences par les pompiers de Paris dans la nuit du 17 au 18 décembre 2018. Micheline Myrtil, Martiniquaise de 55 ans, était décédée 12h plus tard sans avoir vu de médecin. Les causes de sa mort sont "compatibles"  avec une méningite qui aurait provoqué un œdème pulmonaire, selon le rapport d’autopsie. L’enquête judiciaire ouverte le 18 mars, dont le journal Le Monde publie des détails dans son édition du jour, confirme également "une série de dysfonctionnements", évoqués dès janvier dans un rapport de l'AP-HP et de l'ARS.  

Saturation des urgences

Cette série de dysfonctionnements serait, selon le quotidien, liée à une "saturation" des urgences de l'hôpital Lariboisière à Paris cette nuit-là. Une saturation qui a conduit à "une charge de travail très importante" et au non-respect du protocole de prise en charge de la patiente décédée, selon les enquêteurs. Prise en charge par les pompiers vers 18h20, Micheline Myrtil arrive à l’hôpital du 10ème arrondissement vers 18h50. Elle aurait alors été enregistrée sous une identité erronée, faute de vérifications. Selon les éléments de l’enquête révélés par Le Monde, l’infirmière qui l’a accueillie s’est fiée aux seules informations fournies par les pompiers, précisant que cette façon de procéder était devenue un "automatisme".

Brièvement examinée par une infirmière vers 19h, elle est ensuite appelée à 23h55 par le faux nom enregistré dans son dossier. Faute de réponse, Micheline Myrtil est alors inscrite dans le logiciel comme "ne répondant pas à l'appel". D’après Le Monde, cette procédure d’appel n’aurait pas non plus été respectée. La patiente aurait dû être appelée à trois reprise, à 20 minutes d’intervalle, avant d’être rayée des listes et considérées comme "définitivement sortie".
 

Non respect de la procédure d'appel

Interrogé sur franceinfo ce mardi, le directeur de l'Assistance publique - hôpitaux de Paris (AP-HP) reconnait ces erreurs : "Ce sont des dysfonctionnements que nous avons reconnus au mois de janvier, a plaidé Martin Hirsch. Non seulement on les a reconnus mais on s'y attaque."

En réaction, l'AP-HP aurait pris des mesures : "L'hôpital Lariboisière fait partie des hôpitaux pour lesquels la décision d'augmenter les effectifs a été prise, et ce avant la grève." Le directeur de l'AP-HP a assuré que "l'organisation de ce service" a été revue tout comme la question des locaux, "mal organisés". "On n'a rien à cacher", s'est-il défendu, estimant qu'il était "difficile de faire la part des choses" : "Les manques de personnel peuvent entraîner des dysfonctionnements".

La famille de Micheline Myrthil avait déposé plainte le 14 janvier 2018 dernier pour "homicide involontaire" et "non-assistance à personne en danger". Une informaiton judicaire avait été ouverte le 18 mars 2018.