À Paris, non-loin de la place de la République, se trouve certainement le concept le plus original de la capitale. Un atelier de peinture accompagné d’une dégustation de vins.
À l’origine de cette idée se trouve deux amis. Garry Deferi, né aux Abymes et arrivé sur Paris en 2015 pour suivre son Master Banque - Assurance. Lors de ses études, il rencontre Jean-Paul Tran, avec qui il crée la galerie d’art.
Alors étrangers du monde artistique, les deux passionnés remplissent aujourd'hui leur galerie d'une vingtaine de néophytes à chaque évènement. Ils semblent d'ores et déjà se projeter sur une année 2023 chargée d'ambitieux projets.
Au détour d’une soirée entre amis, en couple ou seul(e), la galerie d’art WAWI ouvre ses portes la semaine aux âmes sensibles à l’art. Les deux ex-camarades de classe proposent aux apprentis peintres de suivre un atelier dispensé par un artiste confirmé. Le tout, accompagné selon l'envie de chacun, d'un verre de vin ou d'un soda.
Une fois les présentations faites, Beyonce se lance dans les enceintes, et l'art parle. L'ambiance chaleureuse et festive rompt d'un coup sec l'atmosphère flegmatique que l'on se fait habituellement des galeries d'art. Portée par des participants âgés entre 25 et 40 ans, la galerie se fait progressivement connaître depuis sa création fin 2021 grâce aux réseaux sociaux, par le bouche-à-oreille, ou via les sites "d'idées sorties".
Le sourire aux lèvres, les apprentis pensent déjà à leur prochaine réservation. Émeline, 38 ans, a hâte de revenir avec ses deux filles pour la version "Brunch & Paint" organisée le dimanche. Et pour leur sortie mensuelle, celle qui l'a conviée, son amie Karine, ne regrette à aucun instant de s'être prêtée à l'art pictural dans ces conditions " J'adore sortir, rire, m'amuser. Cette fois, on s'est dit qu'on allait faire de la peinture, avec du vin et de la bonne musique, c'est top !".
Mais avant tout, la galerie s'est construite autour d'une réflexion : comment faire venir des personnes (hors initiées ou collectionneurs) dans des galeries d'art ? Les longues heures de brainstorming auront donné raison aux deux passionnés de créer un évènement autour de l'exposition. Désacraliser l'art. Fêter l'art. Voilà ce qui les motive.
Inaugurée en janvier 2020, la galerie WAWI a dû, dès ses débuts, s'adapter aux confinements successifs en proposant une galerie en ligne. Totalement éloignés du monde artistique, Garry et Jean-Paul se sont très vite positionnés sur le mouvement street art.
On venait forcément de l'extérieur, on était des outsiders. Le street art est une porte d'entrée hyper intéressante pour des gens qui n'ont pas grandi dans l'art parce que c'est ce qu'il se passe maintenant, c'est le courant actuel.
Garry Deferi
L'art, un remède ?
Consciencieux et observateurs, Jean-Paul et Garry ont très vite cerné la demande d' "afterwork", qui ne cesse de croître dans la population active. Ce concept "branché" et anglo-saxon où, une fois la journée de travail finie, il est temps de décompresser. Il se résume à un instant entre collègues ou amis que l'on passe à boire ou à manger, habituellement dans un bar. Une façon d'évacuer les tourments du quotidien.
Face à une offre peu diversifiée, la galerie WAWI joue sur l'originalité et la proximité avec l'art pour être la première et la seule à proposer cela en France. Résultat, les évènements sont complets chaque semaine.
Et le succès ne repose par uniquement sur la particularité de l'évènement. En effet, il a été démontré que les arts seraient bénéfiques pour notre bien-être. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), "les arts ont une influence positive sur la santé tout au long de la vie". Dans une tendance à favoriser le bien-être au travail, ce concept, très réfléchi, s'impose déjà comme un "inévitable" pour vivre une expérience singulière à Paris.
Pour le Dr Piroska Östlin, directrice régionale de l’OMS Europe, "faire entrer l’art dans la vie de quelqu’un par le biais d’activités telles que la danse, le chant ou la fréquentation de musées et de concerts nous donne une clé supplémentaire pour améliorer notre santé physique et mentale".
L'artiste martiniquaise Ko.In.Art. a toujours eu besoin de l'art pour calmer son hyperactivité. Depuis son plus jeune âge, elle compose des œuvres pour se divertir, décompresser ou tout simplement pour se concentrer sur autre chose. Cette enseignante d'arts-plastiques, passée par le Campus des Arts Caribéens en Martinique, habite en région parisienne depuis cinq ans. Elle définit son art par "un "melting pot" de couleurs et d'émotions, autour de l'identité, de la féminité, de l'africanité et de la caribéanité".
Afin de poursuivre la promotion de l'art ultramarin, les gérants de la galerie souhaitent proposer au moins une fois dans l'année l'exposition d'un artiste des Outre-mer. "On a envie d'organiser une exposition autour des choses emblématiques de l'univers culturel antillais, sur le carnaval antillais, sa symbolique..." explique Garry, ayant vécu jusqu'à ses 23 ans en Guadeloupe.
Pour l'heure, rendez-vous à la Galerie WAWI à partir du 13 janvier 2023 pour découvrir "Nuances de Noir(s)", une exposition en hommage à Pierre Soulages, connu pour son usage des reflets de la couleur noire, qu'il appelle « noir-lumière » ou « outrenoir ».