Le travail de mémoire, la quête identitaire mais aussi l'esprit de fête émanent de "Mo Jodi", premier album au blues-rock enflammé, puissant et abrasif du trio français "Delgrès", du nom d'un héros de la lutte contre l'esclavage aux Antilles.
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Né il y a trois ans, "Delgrès" est composé de trois musiciens : Pascal Danaë, à la guitare et au chant, Baptiste Brondy à la batterie et Rafgee au sousaphone (ou soubassophone), un instrument de la famille des cuivres apparenté au tuba-contrebasse qu'on retrouve encore dans des fanfares.
"A l'origine de ce projet, il y a la guitare au son métallique Dobro et il y a le créole, la langue de mes parents. A l'époque je vivais à Amsterdam et j'avais besoin d'exprimer des choses très personnelles. Le blues m'a semblé être le bon vecteur pour ça", raconte Pascal Danaë, qui est d’origine guadeloupéenne, et fut consacré aux Victoires de la musique en 2015 avec le groupe Rivière Noire (folk afro-brésilien), dans la catégorie "musiques du monde".
Ce son particulier, c'est celui du sousaphone "qui est resté assez populaire" sans chercher à coller à l'époque actuelle, expose Rafgee, trompettiste de formation, diplômé du Conservatoire de Paris. "Le fait d'en jouer dans un groupe de rock, c'est assez inédit, ça installe une ambiance festive, assez chaleureuse".
"Là c'est l'âme africaine qui se reflète dans l'appel de la rue, soutient Pascal Danaë. On peut parler de choses dures, de moments tragiques mais avec un ton enjoué. Le verbe raconte la peine et la musique permet de l'oublier. Le fait d'aborder des choses rudes sur ce mode-là, permet aux gens d'entrer en communion avec nous, même si beaucoup ne comprennent pas les paroles".
Dans l'album, douloureuses, la grande Histoire et la petite histoire se confrontent. Le rugueux titre "Mo Jodi" ("mort aujourd'hui") évoque le sacrifice de celui qui donne son nom au groupe, Louis Delgrès. En 1802, en Guadeloupe, ce colonel d'infanterie martiniquais de l'armée française a préféré la mort à la captivité après s'être rebellé contre les troupes napoléoniennes venues rétablir l'esclavage aux Antilles.
"J'ai entendu parler de lui très tard dans ma vie. Il est peu connu. Au même titre que d'autres héros anonymes d'autres régions. C'est comme ça, pour ceux qui se sont élevés contre le pouvoir. Ils n'ont pas leur place dans un récit national assez monolithique. Heureusement, il reste la parole des anciens", dit Pascal Danaë. "On a un devoir de mémoire à assurer, parce que ça donne des clés aux jeunes pour se constituer une identité", plaide-t-il.
Engagé dans une tournée dans toute la France, "Delgrès" jouera à Paris le 12 septembre à la Maroquinerie, mais aussi en Belgique, en Suisse, aux États-Unis, en attendant une probable étape en Guadeloupe. "Je ne sais pas comment seront perçues nos chansons là-bas. En plus, il y a une dimension rock qui surprendra. On ressent quand même une petite pression de se présenter sous le nom d'une personnalité qui fait partie de l'histoire de cette île".
"A l'origine de ce projet, il y a la guitare au son métallique Dobro et il y a le créole, la langue de mes parents. A l'époque je vivais à Amsterdam et j'avais besoin d'exprimer des choses très personnelles. Le blues m'a semblé être le bon vecteur pour ça", raconte Pascal Danaë, qui est d’origine guadeloupéenne, et fut consacré aux Victoires de la musique en 2015 avec le groupe Rivière Noire (folk afro-brésilien), dans la catégorie "musiques du monde".
Son particulier
"J'ai commencé à écrire quelques chansons et à mon retour à Paris, j'ai eu envie d'étoffer un peu ça. Mais je ne voulais pas d'un big band derrière moi. J'ai appelé Baptiste, avec lequel je jouais dans Rivière Noire, et j'avais envie d'un son de basse qui soit aussi de cuivre, parce que j'adore le son de la Nouvelle-Orléans, celui du carnaval", poursuit-il.Ce son particulier, c'est celui du sousaphone "qui est resté assez populaire" sans chercher à coller à l'époque actuelle, expose Rafgee, trompettiste de formation, diplômé du Conservatoire de Paris. "Le fait d'en jouer dans un groupe de rock, c'est assez inédit, ça installe une ambiance festive, assez chaleureuse".
"Là c'est l'âme africaine qui se reflète dans l'appel de la rue, soutient Pascal Danaë. On peut parler de choses dures, de moments tragiques mais avec un ton enjoué. Le verbe raconte la peine et la musique permet de l'oublier. Le fait d'aborder des choses rudes sur ce mode-là, permet aux gens d'entrer en communion avec nous, même si beaucoup ne comprennent pas les paroles".
Dans l'album, douloureuses, la grande Histoire et la petite histoire se confrontent. Le rugueux titre "Mo Jodi" ("mort aujourd'hui") évoque le sacrifice de celui qui donne son nom au groupe, Louis Delgrès. En 1802, en Guadeloupe, ce colonel d'infanterie martiniquais de l'armée française a préféré la mort à la captivité après s'être rebellé contre les troupes napoléoniennes venues rétablir l'esclavage aux Antilles.
"J'ai entendu parler de lui très tard dans ma vie. Il est peu connu. Au même titre que d'autres héros anonymes d'autres régions. C'est comme ça, pour ceux qui se sont élevés contre le pouvoir. Ils n'ont pas leur place dans un récit national assez monolithique. Heureusement, il reste la parole des anciens", dit Pascal Danaë. "On a un devoir de mémoire à assurer, parce que ça donne des clés aux jeunes pour se constituer une identité", plaide-t-il.
Tournée internationale
Le blues touche aussi à l'intime chez "Delgrès", notamment sur "Séré mwen pli fo", chanté en duo avec l'envoutante Skye Edwards (Morcheeba), qui s'adresse à un proche à qui on n'a pas pu dire au revoir. Une voix féminine qui invoque le fantôme de Louise Danaë, l'arrière-arrière-grand-mère du guitariste. "La première fois où je suis allé aux Antilles, une cousine de mon père m'a donné sa lettre d'affranchissement datée de 1841. J'ai calculé qu'elle serait née vers 1815. Si Louis Delgrès avait gagné son combat, au lieu de vivre 27 ans comme esclave, elle serait née libre".Engagé dans une tournée dans toute la France, "Delgrès" jouera à Paris le 12 septembre à la Maroquinerie, mais aussi en Belgique, en Suisse, aux États-Unis, en attendant une probable étape en Guadeloupe. "Je ne sais pas comment seront perçues nos chansons là-bas. En plus, il y a une dimension rock qui surprendra. On ressent quand même une petite pression de se présenter sous le nom d'une personnalité qui fait partie de l'histoire de cette île".