"Des vies brisées, des visages déchiquetés" : une députée réunionnaise interpelle le ministre des Transports sur le scandale des airbags

De nombreux véhicules construits entre 1998 et 2019 sont équipés d’airbags Takata pouvant occasionner des blessures graves voire mortelles au conducteur.
Lors des questions au gouvernement ce 19 février à l'Assemblée nationale, la députée réunionnaise Karine Lebon (GDR) a demandé au ministre des Transports quelles injonctions et sanctions comptait prendre l'État. Avec ses collègues ultramarins, elle souhaite créer une commission d'enquête parlementaire.

"Des vies brisées, des visages déchiquetés." La députée réunionnaise Karine Lebon décrit par ces propos terribles les "conséquences de l'explosion de ces airbags meurtriers", les airbags défectueux de la marque Takata.

"Il a fallu attendre 17 morts dont 16 dans les Outre-mer pour que des injonctions soient prises", déplore l'élue en s'adressant au ministre des Transports lors des questions au gouvernement ce mercredi dans l'Hémicycle. À cause de l'humidité et de chaleur, les véhicules circulant dans les territoires ultramarins sont en effet plus exposés à ce risque.

Pas d'autre choix que de se mettre en danger

Si elle reconnaît qu'une "première étape" a été franchi avec le dispositif Stop drive qui consiste à interdire aux clients d'utiliser leur voiture tant qu'elle n'a pas été remise en conformité, elle pointe du doigt une faille : la difficulté voire l'impossibilité pour les automobilistes à trouver une solution temporaire.

"Aucune interdiction de circuler ne pourra être effective tant que l'État ne contraindra pas les constructeurs à prendre intégralement en charge les substitutions temporaires de véhicules et les modes de déplacement alternatifs", déclare-t-elle.

Selon Karine Lebon, à La Réunion, "10% du parc automobile roulant est concerné par la campagne de rappel soit 35.000 véhicules". Elle souligne que "l'absence de stocks allonge le délai d'attente de quatre mois", une période durant laquelle "les Réunionnais n'auront d'autre choix que de se mettre en danger pour continuer de se déplacer".

Menaces de sanctions

"Quelles injonctions supplémentaires et quelles sanctions allez-vous prendre à l'égard des industriels ?", demande-t-elle au ministre des Transports Philippe Tabarot.

Ce dernier s'est déclaré fortement "mobilisé pour agir" rappelant que "la première urgence était d'alerter sur la situation". "Ce que j'ai fait dès ma prise de fonction", rappelle-t-il.

Au-delà de faire pression sur les constructeurs pour agir, il assure que "rien n'est exclu" en matière de "sanctions de l'État" et qu'une "telle procédure a d'ores et déjà été mise en œuvre avec l'un d'eux qui a rapidement réagi pour trouver une solution".

Le ministre annonce par ailleurs avoir "lancé une mission d'inspection visant à trouver des leviers pour renforcer le pouvoir de l'État vis-à-vis des constructeurs"

Une commission d'enquête parlementaire ?

Enfin, Philippe Tabarot "compte" recevoir Karine Lebon et ses "collègues ultramarins pour agir collectivement en fonction des spécificités propres à chaque territoire".

Les airbags sont faits pour sauver, pas pour tuer.

Philippe Tabarot, ministre des Transports

Face aux dysfonctionnements de la campagne de rappel, la députée indique souhaiter créer une commission d'enquête parlementaire pour faire la lumière sur ce qu'il s'est passé et "qu'un tel scandale industriel ne se reproduise pas".