Deux entreprises ultramarines lauréates du concours Talents des Cités 2023

Olga Mayela et Hannah Dominique, deux lauréates du concours "Talents des Cité"
C'est une reconnaissance à la fois professionnelle, humaine et économique. Deux jeunes entrepreneuses installées à Mayotte et en Guyane ont été récompensées du prix Talents des Cités, qui met en avant l'engagement de leur entreprise pour leur quartier. Des initiatives tant écologiques que sociales qui ont l'ambition de s’inscrire dans le long terme.

Ce sont des projets audacieux, écologique, et très engagés socialement qui ont été récompensés par le Ministère chargé de la Ville et la Banque Publique d'Investissement ( Bpi France) dans le cadre du Concours Talents des Cités. Une trentaine d'entrepreneurs ont été couronnés pour leur parcours, la viabilité de leur projet et pour leur engagement envers leur quartier. Il concerne les entreprises issues ou installées dans les Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville ( QPV).

Et parmi les retenus se trouvent Hannah Dominique, qui, avec l'aide de quatre autres porteurs de projets, ont créé une entreprise qui recycle les déchets en plastique pour en faire des matériaux. Un projet ambitieux qui sera présenté à un jury le 23 novembre, aux côtés d'une autre entrepreneuse engagée dans les Outre-mer, Olga Mayela. Cette Guyanaise a souhaité créer des crèches "plein air" axées sur la sensibilisation à l'environnement.

Deux projets qui s'avèrent être diamétralement opposés, mais se ressemblent sur certains aspects : notamment dans l'emploi d'habitants locaux pour faire face à la crise sociale de leur territoire respectif. 

Deux façons innovantes pour faire évoluer leur quartier 

Comment en finir avec la prolifération des déchets à Mayotte et les logements insalubres ? La solution vient peut-être de la lauréate 2023 dans la catégorie "Création", Hannah Dominique et de son équipe de quatre autres porteurs de projet . Cette entrepreneuse, qui a posé ses valises dans le quartier de Mamoudzou à Mayotte, est tombée sous le charme de l'ile et de sa culture.

Je suis tombée amoureuse de cette île, des habitants, et de sa beauté.

Hannah Dominique

C'est pourquoi, après son service civique sur l'île, elle décida de se spécialiser dans un Master d'expertise en économie sociale et solidaire dans l'Hexagone, qui la motiva à revenir sur l'île pour mettre à profit ses savoirs fraîchement acquis.

Au fil et à mesure de rencontres, notamment avec Nadine Séon, tragiquement décédée sous les coups de son ex-conjoint, les deux joueuses de rugby décidèrent de fonder un projet en lien avec les problématiques sociales de l'île : le traitement des déchets, le taux de chômage et de déscolarisation élevé. 

Nous avons fait un constat simple. Il n'y avait aucune solution contre la prolifération des déchets plastiques, il n'y avait pas de matériaux locaux. Et aussi, à Mayotte, beaucoup de jeunes sont en situation d'errance, il n’y avait pas de solution de formation pour ces jeunes qui pour une grande partie d’entre eux déscolarisés.

Hannah Dominique

Le but à long terme de l'entreprise est donc de concevoir des logements à prix abordable, antisismiques et anticycloniques à partir de plastique recyclé. Elle utilise cette même façon de concevoir pour fabriquer des étagères, des bancs, des pergolas, mais aussi du mobilier urbain. 

Tasseau de plastique fait à base de yaourt "Lulu" de la coopérative laitière de Combani.

L'entreprise dans laquelle Hannah Dominique fait partie participe activement à l'activité économique de Mamoudzou, à Mayotte. Elle propose des formations diplômantes aux jeunes et un accompagnement social. Plus encore, son entreprise répond directement aux problèmes de logement tels que l'insalubrité et le manque de matériaux, aux problèmes liés aux déchets ainsi que ceux liés au chômage. Sur le plan écologique, l'entreprise a investi dans des machines capables de recycler jusqu'à 100 tonnes de déchets par an. 

Four à plaque plastique (fonte)

Pour son homologue guyanaise, c'est un autre aspect de la vie quotidienne qu'elle a souhaité faire évoluer dans le quartier de la Roseraie à Kourou. Face au manque criant de crèches en Guyane, elle a mis en place, avec une franchise, des crèches plein-air dans lesquelles les enfants et les parents sont accueillis et accompagnés dans leur parentalité. 

L’idée est de pouvoir réduire les inégalités sociales. Sur notre territoire, 49% des familles sont monoparentales, le fait d’ouvrir des crèches dans des quartiers prioritaires les aident beaucoup et permettent de limiter leurs déplacements.

Olga Mayela - lauréate du concours Talents des Cités ( catégorie émergente)

Plus encore, son entreprise Hoya va permettre de sensibiliser les enfants à la préservation de l'environnement. Un engagement qu'elle a pris avec la ville pour répondre à la demande territoriale. 

Quand on créé une crèche, même si c’est un ‘business’, ça reste avant tout un projet social. Cela répond à un besoin territorial, à celui d’une commune et surtout aux besoins des familles.

Olga Mayela - lauréate du concours Talents des Cités ( catégorie émergente)

Les deux entreprises recevront pour leur travail la somme de 2000 Euros pour la catégorie "création" ainsi que 1000 Euros pour la catégorie "émergente". Parmi la trentaine de lauréats régionaux, six d'entre eux auront la chance d'aller jusqu'en finale pour atteindre le statut national allant jusqu'à 7 000 Euros en récompense. Le verdict final se tiendra le 23 novembre à l'occasion d'une cérémonie organisée sur Paris durant laquelle les lauréats devront présenter une seconde fois leur projet.