L'organisation d'un deuxième référendum sur l'indépendance en Nouvelle-Calédonie, qu'Edouard Philippe veut "aussi irréprochable" que celui de novembre 2018, formera le thème central du comité des signataires de l'accord de Nouméa, qui se tient jeudi 10 octobre à Matignon.
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Cette réunion des principaux responsables politiques calédoniens, en présence du Premier ministre Edouard Philippe, pourrait être longue, tant les problématiques, portant notamment sur la date de ce deuxième référendum, ou le corps électoral, divisent les leaders loyalistes et indépendantistes calédoniens.
Le 4 novembre 2018, le "non" à l'indépendance était sorti victorieux (56,7%). L'accord de Nouméa (1998), qui marque la cadence de la décolonisation de l'archipel, prévoit la tenue d'un deuxième référendum, puis si le "non" l'emporte toujours, d'un troisième d'ici 2022.
D'ici là, les indépendantistes entendent "fignoler leur projet" d'indépendance en partenariat avec l'État, et "approfondir la période transitoire après la victoire du oui" et "les mesures d'accompagnement" de la France.
Elle plaide pour un référendum dès juillet 2020, puis pour l'ouverture de discussions sur "un statut dans la République", qui serait soumis par référendum aux Calédoniens avant mai 2022. "L'essentiel est de savoir si l'État veut aller au bout du processus avant la fin de la présidence Macron ou s'il va botter en touche et renvoyer la sortie aux calendes grecques", affirme Mme Backès.
Lors de la préparation du précédent référendum, Edouard Philippe avait de haute lutte arraché un accord entre les partenaires calédoniens sur la question des natifs de Nouvelle-Calédonie, non-inscrits (11.000 personnes environ). La procédure retenue avait consisté à les inscrire d'office sur la liste électorale générale puis à les faire basculer sur la liste référendaire, de manière automatique pour les Kanak ayant un statut civil de droit coutumier et sous réserve de trois ans d'inscription sur les fichiers d'assurés sociaux pour les autres.
"Il s'agissait d'une mesure exceptionnelle, c'est écrit noir sur blanc, uniquement valable pour le premier référendum", argue le FLNKS, alors que les loyalistes exigent que le deuxième référendum ait lieu "strictement dans les mêmes conditions que le premier". "Ça ne concerne qu'un petit nombre de personnes, mais si le FLNKS en fait un casus belli, on est condamné à se battre", avertit le député Philippe Dunoyer (CE-UDI).
Pour chacun des deux camps, l'enjeu ultime du deuxième référendum sera en effet de progresser, ne serait-ce que de quelques voix, afin de mettre la dynamique de son côté pour la suite.
Le 4 novembre 2018, le "non" à l'indépendance était sorti victorieux (56,7%). L'accord de Nouméa (1998), qui marque la cadence de la décolonisation de l'archipel, prévoit la tenue d'un deuxième référendum, puis si le "non" l'emporte toujours, d'un troisième d'ici 2022.
La position des indépendantistes
Convaincus que le temps joue en leur faveur, les indépendantistes dont le score l'an dernier (43,3%) a largement dépassé les prévisions des sondages, ne veulent pas accélérer le calendrier.Nous voulons que le référendum ait lieu le plus tard possible dans le délai réglementaire, dont la date butoir est le 3 novembre 2020
- Pierre-Chanel Tutugoro, secrétaire général de l'Union Calédonienne, membre du FLNKS
D'ici là, les indépendantistes entendent "fignoler leur projet" d'indépendance en partenariat avec l'État, et "approfondir la période transitoire après la victoire du oui" et "les mesures d'accompagnement" de la France.
Que disent les non-indépendantistes ?
A l'opposé, dans le camp non indépendantiste, l'Avenir en Confiance, proche des Républicains, qui a largement battu son rival à droite, Calédonie Ensemble, lors des élections provinciales de mai dernier, veut aller vite.Ce qui est important est de sortir le plus tôt possible des incertitudes. On voit bien que l'économie est au ralenti, faire courir les délais serait de la folie"
- Sonia Backès, présidente de la province Sud (AEC).
Elle plaide pour un référendum dès juillet 2020, puis pour l'ouverture de discussions sur "un statut dans la République", qui serait soumis par référendum aux Calédoniens avant mai 2022. "L'essentiel est de savoir si l'État veut aller au bout du processus avant la fin de la présidence Macron ou s'il va botter en touche et renvoyer la sortie aux calendes grecques", affirme Mme Backès.
"Instrumentalisation"
Un tel scénario est néanmoins jugé "dangereux" par Calédonie Ensemble (CE). "Il ne faut pas +customiser+ le calendrier. Sinon, il y a un risque avéré d'instrumentalisation politique au plan national du dossier calédonien", met en garde Philippe Michel, secrétaire général de CE, redoutant que le Rassemblement National ou La France insoumise s'en empare dans la campagne pour la présidentielle de 2022.Le corps électoral
Outre la date, le corps électoral, inépuisable sujet de polémiques, pourrait contribuer à prolonger jusque tard le comité des signataires. La principale restriction au droit de vote aux référendums implique d'être établi de manière durable en Nouvelle-Calédonie depuis au moins décembre 1994."Irréprochable"
"Mon objectif, c'est de faire en sorte que la deuxième consultation soit aussi irréprochable qu'a été la première", a dit mardi Edouard Philippe lors des questions au gouvernement. Selon lui, "réussir cette deuxième consultation, ça veut dire que nous devons nous reposer sur ce qui a déjà été fait".Lors de la préparation du précédent référendum, Edouard Philippe avait de haute lutte arraché un accord entre les partenaires calédoniens sur la question des natifs de Nouvelle-Calédonie, non-inscrits (11.000 personnes environ). La procédure retenue avait consisté à les inscrire d'office sur la liste électorale générale puis à les faire basculer sur la liste référendaire, de manière automatique pour les Kanak ayant un statut civil de droit coutumier et sous réserve de trois ans d'inscription sur les fichiers d'assurés sociaux pour les autres.
"Il s'agissait d'une mesure exceptionnelle, c'est écrit noir sur blanc, uniquement valable pour le premier référendum", argue le FLNKS, alors que les loyalistes exigent que le deuxième référendum ait lieu "strictement dans les mêmes conditions que le premier". "Ça ne concerne qu'un petit nombre de personnes, mais si le FLNKS en fait un casus belli, on est condamné à se battre", avertit le député Philippe Dunoyer (CE-UDI).
Pour chacun des deux camps, l'enjeu ultime du deuxième référendum sera en effet de progresser, ne serait-ce que de quelques voix, afin de mettre la dynamique de son côté pour la suite.